« Entre le métier ou la position de l’engagement dans l’exercice du journaliste, il faut choisir car il y a toujours un prix à payer », a déclaré Anaclet Bissiélo, docteur en Sociologie, Ministre gabonais de la Programmation du Développement et de la Performation Publique, ce samedi à Port-Gentil, dans sa communication entant dans le cadre de l’atelier sur « la liberté de la presse » à l’occasion de la célébration ce 3 mai de la Journée internationale de la liberté de la presse, a rapporté notre envoyé spécial, Rodrigue Asseyi.
Le conférencier, Anaclet Bissiélo, également enseignant à l’Université Omar Bongo de Libreville, qui a édifié l’auditoire sur « le rôle des médias dans le dialogue interculturel et la compréhension mutuelle » s’est interrogé : « Comment servir le dialogue interculturel devant le défi du métier de journaliste ? Quelle est la meilleure posture ? Doit-on privilégier le factuel ?», c’est-à-dire, l’école anglo-saxonne, avec les faits rien que les faits ou « l’école francophone en faisant l’opinion à travers le commentaire ? ».
Dans ce contexte, l’orateur a déploré la mort en 2008 de 85 journalistes dans le monde dont certains en Afrique. D’où son adresse au 4ème pouvoir : « les professionnels de la presse ne doivent pas se soustraire à l’exercice du dialogue interculturel qui implique la promotion de la tolérance et du respect de l’autre ».
« Ce qui renvoi à l’éthique et à une exigence en matière de formation. Ne pas savoir de quoi on parle peut nourrir les préjugés, la négation de l’autre, la guerre des civilisations (…) et les conflits. La liberté consiste à ne pas nuire à l’autre. Il n’est pas question d’anéantir la culture de l’autre ! », a-t-il lancé tout en prônant « la reconnaissance des identités ».
L’universitaire a tenu à rappelé que depuis quelques années les droits culturels avaient retrouvé « un rang à côté des droits politique et sociaux ». Désormais, a –t-il souligné, on note une diversité de droits fondamentaux. Ce qui a conféré au « dialogue interculturel une place dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 avec une interaction ainsi qu’une inter relation » avant de préciser que « chacun peut se prévaloir de tous ces droits sans distinction aucune ».
Dans cet élan, Monsieur Bissiélo a précisé que le dialogue interculturel préconisé par l’UNESCO n’était pas « une masturbation intellectuelle ou abstraite » non sans paraphraser l’Organisation des Nations Unies pour la Science et la Culture « C’est dans la tête des individus que naissent les conflits ».
Afin que la presse joue le rôle en faveur de du dialogue interculturel, le sociologue a suggéré que les média s’approprient également les nouvelles technologies de l’information et de la Communication (NTIC). Avec cette nouvelle force de communication, a-t-il poursuivi, « la source de l’information se trouve partout et nulle part. Ce qui a bouleversé la relation que la presse entretenait jusqu’ici avec le public. Il devient impossible de contrôler la crédibilité de l’information mise sur la place publique ».
Reformulation des attentes
« Donc, il faut repenser le métier de journaliste. Les conditions de collecte, de traitement et de diffusion de l’info ayant évolué. Nous sommes en présence d’une complexité des enjeux et d’une richesse des enjeux », a argumenté l’enseignant qui a invité l’assistance composée en bonne partie des professionnels de la communication à « une reformulation des attentes du public en termes d’aspiration démocratique » en indiquant que le « public lui-même est une source d’information. Ce qui change beaucoup de choses dans le rôle primordial de la presse dans la compréhension mutuelle.
Anaclet Bissiélo a conclu son exposé par une instance sur l’« intérêt du dialogue interculturel dont le principe est la vérité » avant de lire un extrait de la Déclaration de Munich relative aux devoirs de la presse: « respect de la vérité, ne pas confondre le métier de journaliste avec celui de propagandiste ou publiciste, ne pas supprimer les informations essentielles et la pratique de l’objectivité et de la responsabilité ».
D’autres communications ont suivi celle-ci , à savoir : « Les médias et la promotion du dialogue interreligieux dans la compréhension mutuelle » avec Monseigneur Mike Jocktane, Evêque, Directeur de Cabinet –Adjoint du Président de la République, « Inter culturalité et règlement des conflits » sous la conduite de Guy Max Moussavou, Représentant de la chair de l’UNESCO sur l’Inter culturalité et « Journalisme et Patriotisme » sous la férule de Monique Oyane, Journaliste, Inspecteur des Services du Ministère de la Communication.
L’atelier sur la « Liberté de la presse » initié par l’Union Internationale de la Presse Francophone (UPF), Section Gabonaise, en partenariat avec le Ministère de la Communication, qui vise à « accroître la responsabilité du journaliste face aux contenus informatifs dans un environnement culturel diversifié » s’achève ce dimanche par la présentation de l’UPF à travers son président, Jean-Pascal Ndong et de la Commission Nationale de la Carte de Presse avec Emmanuel Thierry Koumba, journaliste, Conseiller du président du Conseil National de la Communication (CNC).
Cette année, la Journée internationale de la liberté de la presse porte sur le thème « Le potentiel des médias: Dialogue, Compréhension mutuelle et réconciliation ».