La juge parisienne Françoise Desset estime que la plainte visant trois chefs d’Etat, dont le Gabonais Bongo et le Congolais Sassou-Nguesso, est recevable. Un juge d’instruction devrait être désigné prochainement.
La nouvelle va faire grand bruit et affoler bien des diplomates du Quai d’Orsay. La doyenne des juges d’instruction de Paris, Françoise Desset, estime que la justice française doit enquêter sur la manière dont trois chefs d’état africains ont constitué un important patrimoine dans l’hexagone (appartements, maisons, voitures de luxe). Les présidents concernés sont Omar Bongo (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et, à un degré moindre, Téodoro Nguema Obiang Mbasogo (Guinée Equatoriale).
La décision de la magistrate, attendue depuis mars, fait suite à une plainte déposée en décembre 2008, pour « recel de détournement de fonds publics, blanchiment, abus de bien social, abus de confiance et complicités » par un citoyen gabonais, Gregory Ngnwa Mintsa, et Transparancy international (TI, France), une prestigieuse association de lutte contre la corruption et le blanchiment. La plainte de Gregory Ngnwa Mintsa est rejettée, mais pas celle de TI France.
Dossier explosif
En considérant comme « recevable » la démarche de TI France, la juge va à l’encontre de l’avis du parquet qui a toujours assuré le contraire. Sa décision, que le parquet est encore susceptible de contester, ouvre la voie à la désignation d’un juge d’instruction dans cette affaire dite des « Bien Mal Acquis » (BMA).
Ce dossier explosif avait donné lieu à une enquête préliminaire très fouillée, où les adresses de prestige, les comptes en banque et les véhicules haut de gamme (Ferrari, BMW…) se comptaient par dizaines, pour les chefs d’état en question mais aussi pour leurs proches. Le but des investigations sera de savoir si ces patrimoines sont le fruit de manoeuvres frauduleuses. A ce jour, rien ne le prouve.
En attendant, il reste à connaître les réactions d’Omar Bongo et de Denis Sassou Nguesso, deux piliers historiques de la « Françafrique ». L’un et l’autre ont déjà eu l’occasion de se plaindre, en termes violents, de « l’acharnement » des « petits juges » français.