Ici, chacun a en mémoire le terrible incendie de vendredi, qui a coûté la vie à un patient au moment de l’évacuation et ravagé les installations du 3ème jusqu’au 9ème étage de l’hôpital Jean Ebori, jadis fleuron des hôpitaux d’Afrique centrale.
Dans cet hôpital, tout le monde est désormais marqué, peut-être pour longtemps, et on n’hésite pas de se souvenir de ce qui s’est passé vendredi. Nicole est infirmière, elle respire à peine et raconte à demi-mot ce qu’ils ont vécu vendredi. »J’ai cherché ma sortie habituelle, mais je ne voyais plus », dit-elle, la voix serrée.
Pour fuir les flammes, il a fallu que Nicole comme ses collègues prennent les escaliers envahis par d’épaisses fumées noires, ajoute-t-elle, le visage émacié. »C’était vraiment terrible, je ne me souviens pas avoir dormi depuis vendredi », explique Hélène Abiala, sa voisine, affalée sur un banc au 1er étage.
Au 3ème étage de cet grand immeuble, certains agents circulent avec des effets emballés dans des sachets. Ils vont désormais s’entasser dans des bureaux au premier étage en attendant la réhabilitation de leur bureau.
»Tout était en ordre ici mais voilà ce qui nous reste après l’incendie », se souvient Hélène, le visage sillonné par les rides. Hélène a perdu plusieurs de ses documents dans cet incendie.
Un peu plus loin, un malade enveloppé dans un drap est étendu sur le lit. Ce malade est un des patients qui ont été évacués lors de l’incendie. Il bénéficie du meilleur traitement des médecins. »La priorité des médecins demeure les patients dont on a évacués vendredi », tranche un infirmier, qui ne laisse plus transparaître aucune émotion.
Dans la salle d’en face, où sont installés des appareils aux capacités pointues, le sérieux est de mise, car la prise en charge des malades est pour beaucoup une question de vie ou de mort: »Nous faisons tout pour sauver les vies », énonce un médecin.
»Il y a des malades qui sont mentalement affectés, et nous ne pouvons les laisser seuls », ajoute-t-il. »Même s’ils rentrent chez eux, les blessures psychologiques seront longues à cicatriser », estime un autre médecin en se souvenant de l’incendie de vendredi.
Un incendie s’est déclaré vendredi vers 9H (8H GMT) à l’hôpital Jeanne Ebori, causant la mort d’un patient au moment de l’évacuation. Depuis, ni l’ascenseur, ni les climatiseurs ne sont plus fonctionnels.
La plupart des malades ont été évacués vers des bâtiments annexes, des cas graves ayant été transférés vers d’autres hôpitaux, selon le directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) Antoine Dangouali Yalanzele, lors d’un point de presse donné juste après l’incendie.
La Fondation Jeanne Ebori (FJE), du nom de la mère du président Omar Bongo Ondimba, fait partie du réseau des hôpitaux de la CNSS. La FJE, qui a lancé ses activités en 1979, compte à l’heure actuelle environ deux cents lits, mais envisage de passer à trois cents après la réhabilitation des bâtiments actuels construits pour servir d’un hôtel.
La Fondation Jeanne Ebori, l’Hôpital pédiatrique d’Owendo (situé en banlieue sud de Libreville) et Paul Igamba de Port-Gentil (Capitale économique du pays) sont les trois chantiers majeurs retenus par la direction générale de la CNSS pour subir des restructurations.