Il se définit comme un « peintre mystique » à travers ses œuvres qui invitent les visiteurs au « voyage transcendantal ». Maitre Célestin Mikoué Mi- Nzé, gabonais, l’un des spécialistes de l’art plastique, après une « hibernation » de neuf ans, crée l’évènement.
Il expose du 22 au 30 mai prochain à Libreville plus d’une vingtaine de tableaux pour renouer avec son public.
Un retour pour retrouver « mon expression et donner un coup de fouet à ma carrière», avoue ce gaillard, 55 ans, aux allures de boxeur et qui arbore, fièrement, une raie sur sa tête non sans nous rappeler Nelson Mandela « Madiba » des années 60.
Le verbe haut, ce natif de Vendaréné, localité située dans le Fernan-vaz (Ogooué-Maritime, sud) entend faire partager les couleurs, connaître ses « nouvelles vibrations et tendances ».
« Je travaille pour le beau utilitaire, rituel. Une peinture que l’on peut toucher », confie –t-il.
29 ans de carrière, l’artiste, engagé dans un « nouveau visuel » rappelle que « j’ai été le premier à avoir introduit des matières dans ma peinture ». Ce qui se traduit par une « peinture en voyage, en danse ».
Les collectionneurs apprécient « la vérité que je donne à mon œuvre », raconte-t-il , avec, dans ses souvenirs, des expositions hors des frontières nationales ( Guinée-Equatoriale, RDC, Cameroun, Sénégal, Maroc, Etats-Unis, Cuba, France et Allemagne).
En terre germanique, les prestigieux musées de Koenig et d’Hambourg accueillent notamment ses toiles.
Au Gabon, déjà, Mikoué Mi-Nzé réussit à « dompter » le salon d’Octobre. Pendant 10 ans, sans interruption, il rafle la mise.
« La culture, c’est ma vie », lance l’ancien directeur général de l’Ecole National d’Arts et Manufacture (ENAM), 1992-98 et 2006-07.
Il y forme Georges Mbouru, Maurice Jayé et Max Obiang, entre autres, qui figurent, selon-lui, parmi les « grands peintres de la République » et peuvent prétendre à sa « succession ».
L’enseignant, satisfait d’« avoir fait des émules » devient, subitement, amer.
« L’ENAM est une école de référence. Elle devrait être fondamentalement au cœur de la référence des arts plastics. Mais, les données politiques ont tué cette école. Elle est devenue élitiste. Le mythe du beau a été tué ! ».
Il s’insurge contre les effectifs « pléthoriques ». De 100 à l’origine, l’établissement compte de nos jours…500 élèves recrutés sur concours à partir des classes de 3ème et Terminale au moment où s’annonce l’ouverture d’un premier cycle supérieur réservé aux artistes et universitaires.
Gouailleur, Maitre lâche « nous fabriquons des fonctionnaires diplômés. Cette tendance se généralise. Ce qui ne répond plus de la vision des Beaux-Arts ».
Ce cadre du Ministère de la Culture joue la carte de l’« Artiste diplômé qui a des vibrations artistiques en lui » contre celle du « Diplômé en Arts ».
« Il faut favoriser le « diplôme fonctionnel » au détriment du « diplôme pour le diplôme », préconise ce pédagogue qui ajoute que le « meilleur enseignement est dispensé dans les ateliers ».
Enrichi par son itinéraire, l’« ambassadeur de la peinture gabonaise » égratigne au passage les pouvoirs publics. « L’art n’est pas encore placé au centre du discours politique. On parle de tout sauf de l’art et de la culture ! ».
Goguenard, ce cousin de François Ngoua, l’une des vedettes de la chanson, illustre son propos par l’absence « flagrante » des droits d’auteur. « Il ne suffit pas de marquer son temps encore faut-il vivre de son art », argumente Célestin. Lui, qui s’affiche comme un artiste « complet », joue à la guitare, compose des textes, fait du cinéma ( comédien dans la série ‘’les années école’’ ») et sculpte.
Agitateur…d’idées, il réclame, à une dizaine de jours de la Fête des Cultures (29-31 mai), un bilan de cette manifestation devenue depuis peu « républicaine » avec cette interrogation « ça rapporte combien au niveau culturel et touristique ? » avant de suggérer qu’elle devienne une « biennale avec la création d’un journal spécifique, des films et des cartes postales sur tous les arts présentés lors de cet évènement et vendus dans le monde ».
Après avoir fulminé, il accepte de présider le jury des Arts Plastiques de ladite fête. Ambiance garantie avec cet homme en quête permanente du « beau » et qui révèle que son livre de chevet traite du « symbolisme du corps humain et de la nature ».
Il s’agit d’une source d’inspiration pour ce bantu truculent dans le sens typique, authentique, original, polyglotte (parle Fang, Miéné, Eshira, Punu) et qui aime les bons plans du terroir (poisson salé, paquet d’arachide, concombre…).
Mais, une obsession habite Mikoué Mi-Nzé. Son attrait pour le Mali.
Il caresse le secret espoir d’exposer à Bamako. Le rêve de nombre de peintres africains qui entendent voyager dans la « Culture de l’autre ».