Désapprobation: tonalité des déclarations des responsables politiques en réponse à l’évocation d’une vacance de pouvoir au Gabon du fait de l’absence du président Omar Bongo Ondimba, en déplacement en Espagne, par les médias occidentaux et le lancement très attendu, dans deux mois des chantiers de la CAN 2012, voici, entre autres le menu des journaux gabonais parus cette semaine. « Organisation de la CAN 2012 à Libreville », « En théorie, tout est encore possible », ainsi titre, sur la « Une » de son 31ème numéro, le bimensuel gabonais d’informations sportives et d’analyses « Tango ».
Mais, pour que cela soit possible, reconnaît notre confrère, le président de la République, Omar Bongo Ondimba, doit mettre la pression sur l’Etat qui « dort ». Il faut que le Premier ministre et ses collaborateurs « se débrouillent pour que tout soit fin prêt d’ici fin 2011, pour la co-organisation, avec la République de Guinée Equatoriale, de la prestigieuse compétition africaine de football, la Coupe d’Afrique des Nations, édition 2012.
Et pour cause, selon les termes d’un communiqué final d’un récent conseil des ministres, théoriquement, les travaux devraient démarrer dans deux mois, et « les rares Gabonais encore optimistes souhaitent que l’on commence par le plus difficile, c’est-à-dire la construction du stade d’Angondjé, attribuée à des coopérants chinois mais qui relève encore aujourd’hui de la fiction, ( la réfection du stade Omnisports président Bongo ne l’étant que de nom ); les routes, les hôtels, et il est souhaitable que la Présidence désigne des compatriotes honnêtes à la tête de la Commission chargée de suivre ces travaux qui vont certainement être bâclés ».
Dans le même registre, le journal « le Nganga » se veut sceptique : « CAN 2012/ réalisations des infrastructures…au bénéfice du doute » titre ce dernier en page 2 de sa dernière livraison.
«…Alors que le gouvernement sommeillait, à partir d’un Conseil des ministres dirigé sous délégation expresse, on a vu le Vice-président de la République, le Premier ministre et son équipe venir annoncer que la CAN aura bel et bien lieu au Gabon et en Guinée Equatoriale.
Si, pour cette dernière, il n’y a rien à dire, pour le Gabon, c’est tout autre chose ».
Et de formuler ces quelques interrogations : « quelles sont les dispositions prises pour que le pays se dote de toutes les infrastructures nécessaires ? » ; « qui pourra rassurer sur la fiabilité de ces infrastructures ? » ; « quelle est l’expertise des entreprises commises à leur réalisation ? ».
« Le Nganga » poursuit sa démonstration en évoquant le budget du projet, plafonné à 500 milliards de nos francs, réduit à 250 milliards… alors qu’on nous disait que le minimum était de 500 milliards !… on espère ! , conclut le titre, laissons un délai au bénéfice du doute.
Et cette fois, c’est Pascaline Mferri Bongo Ondimba qui hérite du dossier, se référant au succès remporté, chaque année, par la compétition cycliste ‘’ la Tropicale Amissa Bongo Ondimba ‘’ d’ores et déjà inscrite dans le calendrier sportif du pays: un challenge ! ».
L’hebdomadaire d’informations « Le Temps » qui estime dans un éditorial que « au pied de la honte, le sursaut d’orgueil du seul président de la République est venu mobiliser toutes les tortues de la haute Administration, toujours lentes à s’engager, à travailler, mais très rapides à amputer les colossaux budgets des Ministères… », non sans rappeler la montée en première ligne, le 3 mai dernier, lors d’une conférence de presse du « MODDERN » ( Mouvement pour la Démocratie, le Développement et la Réconciliation Nationale ), parti de la majorité présidentielle, dont le chef de file Gaston Mozogo Ovono ( ancien grand footballeur gabonais ) s’insurgeait contre « un retard très aggravé par les pesanteurs de l’administration gabonaise, voire de l’immobilisme légendaire du gouvernement…Les hôtels, routes et autres infrastructures demeurent sous terre, selon cet ancien international gabonais, il faut trois ans aux Chinois pour construire un stade de 45.000 places… l’on constate qu’il ne reste plus que deux ans avant le coup d’envoi de l’évènement sportif intercontinental que constitue la CAN ».
Note de la Rédaction (NDLR), lorsque nos confères mettaient sous presse, une délégation de la Confédération Africaine de Football (CAF), séjournait au Gabon dans le cadre d’une visite d’inspection des sites pour l’organisation conjointe de la CAN avec la Guinée Equatoriale voisine.
Au plan politique, le quotidien gouvernemental « l’Union » fait état des réactions des responsables politiques consécutivement au débat suscité par l’absence du chef de l’Etat, Omar Bongo Ondimba, du territoire national et interprétée par les médias étrangers comme étant une vacance de pouvoir au Gabon.
Le quotidien affirme que les informations les plus alarmantes sur l’état de santé du président Bongo, qui séjourne dans un hôpital de Barcelone, en Espagne, où il effectue un bilan de santé « pour être au mieux de sa forme pour regagner le Gabon et reprendre au plus vite ses activités » ont diversement suscité les réactions des leaders de formations politiques.
S’exprimant sur les chaines de télévision nationale et privées, le premier de cordée, le Premier ministre, Jean Eyeghé Ndong, a tenu à balayer toutes ces allégations, estimant en revanche, que « seuls les médecins peuvent attester d’une maladie du chef de l’Etat (…) aussi pense-t-il qu’il revient à chaque Gabonais de souhaiter le retour du président Omar Bongo Ondimba pour continuer de travailler à la tête de l’Etat, avec la plus grande efficacité. ».
« Les institutions de la République fonctionnent normalement, conformément à la Constitution », a expliqué, de son côté, à la télévision, Faustin Boukoubi, le Secrétaire général du PDG ( Parti Démocratique Gabonais, parti majoritaire au pouvoir ) qui s’est interrogé: « comment dans ces conditions peut-on imaginer une vacance de pouvoir ? » pointant du doigt « des personnes désireuses de semer le trouble dans les esprits des Gabonais, des investisseurs et des partenaires du Gabon afin de parvenir à des fins inavouées ».
Suivi en cela par l’opposant Pierre Mamboundou, de l’Union du Peuple Gabonais, (UPG), lequel a déclaré : « les Gabonais ont besoin qu’il revienne ici en excellente santé, le pays a besoin de lui pour amorcer des solutions à la crise mondiale, financière économique et sociale ». Tout en revenant sur le deuil qui a frappé le président, à travers la perte de son épouse, le 14 mars 2009 à Rabat au Maroc, Edith Lucie Bongo Ondimba, Pierre Mamboundou pense qu’après une telle épreuve, il est normal que la chef de l’Etat prenne quelques jours de repos et en profite pour faire ce qu’on peut appeler ‘’un check up’’ : « ce n’est pas extraordinaire, nous ne comprenons pas pourquoi on s’attarde exagérément là-dessus (…) le fait qu’un chef de l’Etat soit à l’étranger veut-il dire qu’il y a vacance de pouvoir ? s’est-il interrogé.
Monsieur Zacharie Myboto, leader de l’UGDD Le président de (l’Union Gabonaise pour la Démocratie et le Développement), deuxième force politique du pays, affichait, pour sa part, sa compassion au chef de l’Etat « un être humain tombe malade, le président de la République est un être humain. S’il tombe malade, ça paraît tout à fait naturel, il va dans une formation sanitaire, c’est aussi naturel. Le plus important pour nous c’est qu’il soit rapidement rétabli ».