L’organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières a accusé mercredi les autorités gabonaises « d’imposer un black-out médiatique sur la santé du président Omar Bongo », après la suspension notamment de deux publications gabonaises.
Le Conseil national de la Communication (CNC) gabonais a adressé samedi une mise en demeure à Canal Overseas et RFI, a suspendu pour six mois la publication satirique Ezombolo et pour un mois l’hebdomadaire satirique Nganga.
Le CNC a invoqué « l’acharnement (…) des médias internationaux (…) contre la personne du président (…) en diffusant des informations non officielles et alarmistes sur son état de santé », précisant « qu’il s’agit notamment des chaînes relayées par Canal Sat que sont France 24, LCI, i-TELE et Radio France internationale ».
Le CNC a ajouté que les deux publications suspendues « s’érigeaient en relais de la presse étrangère devenant ainsi des supports locaux de désinformation et d’intoxication ».
« Cette décision est à la fois incompréhensible et injustifiée. Il n’existe aucune raison suffisante, à nos yeux, pour que l’état de santé d’un chef de l’Etat en exercice soit un sujet tabou », a estimé RSF dans un communiqué.
« Au contraire, il est dans l’intérêt de la population d’être informée de la santé de son président et des conséquences politiques que pourrait entraîner une vacance du pouvoir », poursuit Jean-François Julliard, secrétaire général de l?organisation, qui demande aux autorités gabonaises « de garantir la plus grande transparence dans le traitement de l’actualité et d’autoriser Ezombolo et Le Nganga à reparaître ».
RSF rappelle enfin que deux journalistes de France 24 munis de visas ont été refoulés du Gabon mardi soir, faute d’accréditation du ministère de la Communication.
La présidence gabonaise avait assuré le 21 mai que le président Omar Bongo effectuait, dans une clinique de Barcelone, un « bilan de santé » et suivait « des soins appropriés afin d’être au mieux de sa forme pour regagner le Gabon et reprendre au plus vite ses activités ».
Toutefois, selon deux sources informées suivant de près la situation et s’exprimant sous couvert de l’anonymat, Omar Bongo se trouverait dans un état grave