Les Syndicats de la première chaîne (SPC) et celui de la Fonction publique et de la Réforme administrative (SYNAFOPRA) ont désavoué le 29 mai dernier leurs représentants syndicaux signataires de l’accord avec le gouvernement pour une accalmie sociale de 30 mois. Les leaders syndicaux auraient ratifié le document sans consulter la base, qui rejette cet accord, au même titre que les enseignants, les agents des Affaires sociales et les membres de l’administration publique, parapublique et privée. La trêve sociale restera sur la papier. Alors que le gouvernement croyait avoir trouvé un répit en signant dans l’urgence le 27 mai dernier un accord avec les syndicats et le patronnat pour une accalmie sociale de 30 mois, l’illusion se dissipe peu à peu, laissant apparaître la mascarade d’un accord caduque.
Après le désistement des enseignants du primaire, du secondaire et du supérieur (CONASYSED et SNEC), de l’Union syndicale de l’administration publique, parapublique et privée (USAP) et des agents des Affaires sociales, c’est au tour du Syndicat de la première chaîne (SPC) et au Syndicat national de la Fonction publique et de la Réforme administrative (SYNAFOPRA) de contester l’accord.
A l’occasion d’une assemblée générale tenue le 29 mai dernier à la maison de la Radiodiffusion et télévision gabonaise (RTG), les membres du SPC ont décidé de la destitution du président de leur syndicat, Olivier Backenda Mbadinga, qui aurait signé l’accord du gouvernement sans l’aval de la base.
Un membre du SPC, John Wilfrid Segalt, a indiqué que «le président du syndicat du SPC a posé un acte délictuel en allant signer discrètement ce document qui va inféoder le syndicat au gouvernement».
L’assemblée a jugé que «cette décision grave, qui est une violation flagrante du règlement intérieur du SPC, est de nature à nuire aux négociations en cours avec la tutelle».
«Nous sommes en situation de haute trahison, par quelqu’un que nous avons voté à l’unanimité, pour la défense de nos intérêts auprès des autorités du pays. Et maintenant, il est même incapable de nous donner les raisons qui l’ont poussé à parapher ce document de son propre chef. En le faisant il a oublié qu’il a mis toute la corporation en danger», a déploré un autre membre du syndicat.
«Notre assemblée générale a jugé qu’il n’était pas opportun pour nous, aujourd’hui, de nous engager à la signature de cette accalmie sociale, parce que nous sommes encore en situation de grève, que nous avons tout simplement suspendue», a encore expliqué un porte-parole du SPC.
Dans le même temps, le Syndicat national de la Fonction publique et de la Réforme administrative (SYNAFOPRA) désavouait également son président, Lézin Odouma Nguili, pour les mêmes raisons.
En revanche, les membres du SYNAFOPRA ont accordé des circonstances atténuantes à leur président en le laissant conserver son poste mais avec un champ d’action réduit.
Le président du SYNAFOPRA, qui a reconnu avoir signé le document sur l’accalmie sociale sous pression, s’est engagé devant les syndiqués à «ne pas prendre part aux travaux des commissions qui sortiront de ce protocole d’accord».
Que penser alors de l’attitude du gouvernement, qui semble avoir précipité la signature d’un accord caduque ? Cette initiative maladroite pourrait fortement décrédibiliser les autorités de tutelle dans leur volonté de résoudre les problèmes posés par leurs agents.
Le front social gabonais continue de s’embraser et les yeux sont rivés sur les locataires du bord de mer dans l’attente d’un signal fort pour relancer le pays dans les secteurs paralysés par les grèves.
le gabon grandit tres vite