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Gabon: La succession d’Omar Bongo s’annonce difficile tant sur le plan politique qu’au niveau social. Car tout est à construire dans ce pays où le partage des richesses n’a jamais profité à la population.

Après quarante-deux ans de règne, le président Omar Bongo est mort et enterré. Le Gabon semble s’acheminer vers le changement. Il faut s’en féliciter et souhaiter que le calme perdure. Mais, une fois la période de deuil passée, parviendra-t-on à s’entendre sur l’essentiel ? Pour une telle succession, il y a forcément péril en la demeure. Le plus dur ne fait que commencer.

L’héritage du président Bongo est sans conteste très lourd à porter. C’est toujours le cas lorsque les dinosaures, qui règnent sur des pays dominés par la pensée unique, quittent la scène. On l’a vu en Côte-d’Ivoire avec Félix Houphouët-Boigny [décédé en 1993] et dans l’ex-Zaïre [aujourd’hui république démocratique du Congo] avec le maréchal Mobutu [renversé en 1997]. On ne se débarrasse pas si facilement des oripeaux de régimes qui ont connu leur période de gloire. Longtemps encore, de nombreux souvenirs continueront de hanter les esprits.

De nouveaux visages à la tête de l’Etat ne suffiront pas à asseoir la nouvelle République. Car les défis sont nombreux, la demande sociale certainement forte. Et le temps presse. Alors faut-il respecter les délais de 45 jours avant de procéder à la succession ? Il faut avant tout réviser correctement les listes électorales. Or la période de deuil laisse peu de place aux activités dans un pays longtemps sevré de véritables débats démocratiques. Même le multipartisme instauré à la suite des décisions de La Baule [en 1990, la France a accordé une prime à la démocratisation des régimes africains] avait fini par être récupéré pour être géré de manière paternaliste. Il faut disposer de suffisamment de temps pour mettre au point un fichier irréprochable qui prenne éventuellement en compte les Gabonais de la diaspora.

Dans cette phase transitoire, Rose Francine Rogombé, la présidente par intérim, devra se montrer ferme pour faire face aux diverses pressions. Le gouvernement actuel devrait démissionner pour céder la place à une équipe consensuelle avec le concours de l’opposition. Un gigantesque chantier attend donc le nouveau chef de l’Etat et son équipe. Le pays a certes besoin de préserver la paix et la stabilité. Mais ses habitants ont aussi besoin de justice sociale, et surtout d’un minimum d’égalité de chances pour tous. Les efforts devront tendre donc vers plus de rigueur, de justice et de transparence dans la gestion des affaires publiques.

Le “père de la nation” déifié [Bongo a régné de 1967 à 2009] a sans doute fait ce qu’il a pu ou ce qu’il a voulu en son temps. Mais au lendemain du deuil, après avoir pleuré toutes les larmes de son corps, le Gabonais moyen aura le réveil brutal. De la santé à l’éducation en passant par le logement social, l’eau, l’électricité et les routes, le pays est à construire. La redistribution des richesses est à revoir. Le Gabon nouveau aspire à autre chose. Il faut aussi s’attendre à de grands déballages, car les procès de Paris pourraient bien reprendre. Le plus dur commence.

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