L’Africa Progress Panel (APP), un comité de suivi des efforts d’aide à l’Afrique, a appelé l’année dernière la communauté internationale à prendre des actions pour répondre à la flambée des prix de denrées alimentaires. Dans son premier rapport, publié à Londres par son président Kofi Annan, l’organisation a demandé la prise de mesures pour augmenter la quantité des produits alimentaires sur les marchés internationaux et relever l’assistance financière accordées aux agences internationales, telles que le Programme alimentaire mondial (PAM) et aux gouvernements des pays en proie à la crise.
La crise alimentaire mondiale « menace d’anéantir des années, voire des décennies de progrès économiques » et « de plonger 100 millions de personnes dans la pauvreté absolue », avait souligné l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan.
L’Afrique fait face aux pires conséquences de la crise alimentaire, avertit un rapport, rappelant que selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), sur les 37 pays les plus touchés par la flambée des prix alimentaires, 21 sont en Afrique ». « A moins de trouver le moyen d’enrayer et de renverser la tendance actuelle des prix alimentaires, il y aura une augmentation significative de la faim, de la malnutrition et de la mortalité des nouveaux-nés et des enfants », met en garde le panel dans le rapport.
En donnant une estimation sur l’état général du continent africain en 2008 dans le rapport, le panel composé de 11 leaders du monde a appelé à prendre une panoplie de mesures pour relever la quantité des aliments sur les marchés internationaux et à fournir de l’assistance financière plus importante aux organisations internationales, telles que le Programme alimentaire mondial (PAM) et aux gouvernements des pays en proie à la crise.
L’APP, créé en 2006, est un mécanisme ayant pour objectif de veiller aux efforts d’aides promises à l’Afrique. Cette organisation indépendante est composée de onze membres compétents et expérimentés.
Outre son président Kofi Annan, elle associe aujourd’hui l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, l’ancien directeur général du Fonds monétaire international Michel Camdessus, le fondateur de l’ONG Transparency International Peter Eigen, le musicien militant Bob Geldof, l’épouse de l’ex-président sud-africain Nelson Mandela, Graça Machel, l’ancien président nigérian Olusegun Obassanjo, ainsi que Bob Rubin, Tidjane Thiam et Muhammad Yunus.
La flambée des prix interpelle le CORAF
L’Afrique Centrale cherche depuis une décennie, une réponse à la crise alimentaire. Devant la hausse des prix des denrées alimentaires, les pays du Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricole (CORAF) ont adopté récemment à Yaoundé une stratégie pour redéfinir les systèmes de production, en situant les producteurs comme des acteurs importants des activités de recherche.
Cette stratégie consiste à redéfinir les systèmes de production, en vue d’accroître l’offre agricole, en particulier en ce qui concerne les céréales, dont le riz et le blé. Elle prévoit la création des banques destinées au monde rural, la subvention des intrants, la promotion de la mécanisation.
Pour Jean Nkuété, vice-Premier ministre et ministre de l’Agriculture et du Développement du Cameroun, la mise en oeuvre de cette stratégie nécessite des financements estimés à 170 milliards de francs (environ 400 millions de dollars). Le CORAF, regroupe 21 pays de l’Afrique de l’Ouest et centrale. Les statistiques indiquent que 70% de la population de ces deux régions est rurale, 60% se consacre essentiellement à l’agriculture, qui contribue pour environ 31% du PIB de l’ensemble de ces pays.
Le CORAF, dont le siège est à Dakar, regroupe les systèmes nationaux de recherche agricole de 21 pays africains : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Cap-Vert, Centrafrique, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, République démocratique du Congo (RDC), Sénégal, Sierra Leone, Tchad et Togo.
Pétrole et géopolitique pour un ordre nouveau ?
Au-delà de 130 dollars le baril, les prix du pétrole ont atteint des niveaux historiquement record en données corrigées des variables inflationnistes ; l’impact commence à se faire durement ressentir au niveau global.
De plus, un autre événement majeur, à savoir la flambée des prix alimentaires, se superpose depuis quelques mois au renchérissement sans précédent des prix de l’énergie. En fait, les denrées alimentaires, notamment céréalières, ne subissent pas seulement une augmentation notable de leurs prix, mais se font aussi moins abondantes que par le passé eu égard à la limitation de leur exportation par certains pays et par l’accumulation de nombre de stocks individuels en anticipation de prix encore plus élevés…
L’alimentation est bien évidemment vitale car sa pénurie déclenche aussitôt agitation sociale et instabilité politique alors que l’impact de la pénurie – ou du renchérissement extrême – du pétrole est, lui, moins prompt, mais nettement plus insidieux car toute notre activité humaine, depuis l’agriculture jusqu’au transport et à la vente des denrées alimentaires, est tributaire de l’énergie pétrolière.
Ainsi, l’importance du pétrole et de l’alimentation n’est pas uniquement stratégique, mais également géopolitique car, comme aucun Etat ne peut s’en passer, toute flambée du prix ou raréfaction d’une de ces denrées a des répercussions sensibles au sein même de ces Etats, mais également et surtout dans les relations qu’entretiennent ces Etats entre eux.
Il est certes possible que leur prix respectif reparte à la baisse car il est incontestable que la dimension spéculative y est non négligeable. Toutefois, il est fort peu probable que ces prix plongent au vu des données incontournables de l’offre et de la demande.
Autrement dit, s’il est vrai que les prix pétroliers et alimentaires resteront à leurs niveaux actuels élevés – voire iront encore en s’aggravant – c’est tout le système géopolitique des relations internationales qui est en voie de bouleversements ! .