Alors que le chronogramme des élections tarde à se faire établir, les électeurs gabonais se surprennent à battre campagne avant l’heure pour inciter leurs candidats à postuler au fauteuil présidentiel. Ni la révision des listes électorales, ni la validation des candidatures n’a encore débutée, mais les populations veulent déjà faire valoir leurs voix sur la constitution du peloton des présidentiables. L’impatience se fait sentir chez les citoyens gabonais de jouer leur rôle dans ce tournant historique de la vie du pays, qui s’apprête à découvrir les enjeux de l’alternance démocratique.
Balloté entre respect de l’ordre constitutionnel et crédibilité du scrutin, l’électorat gabonais commence déjà à faire entendre sa voix alors que ni la date du scrutin, ni la révision des listes, ni la validation des candidatures, pas même la désignation du candidat du parti au pouvoir, ne sont encore acquis.
Dans cette situation, l’attitude des militants du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) sera un facteur déterminant pour l’unité du parti dans cette élection, pour laquelle l’unité de l’ancien parti unique présente déjà ses premières fissures.
A la clôture des dépôts de candidatures au sein du parti le 4 juillet dernier, 10 postulants avaient déposé leurs dossiers. Le comité permanent du bureau politique désignera le 8 juillet le candidat du «consensus», pour lequel les militants seront appelés à battre campagne.
Dans ces circonstances, les appels à la candidature adressés par la population à certains cadres du parti devront-ils être pris en compte dans la désignation du candidat susceptible de rassembler les suffrages, ou sont-ils plutôt à même de semer le trouble dans l’électorat gabonais ?
Depuis la semaine dernière, plusieurs organisations ont lancé des appels, parfois fantaisistes, à la candidature du vice-président du PDG, le ministre de la Défense nationale, Ali Bongo Ondimba.
Dans la majorité présidentielle, les partisans du Rassemblement pour le Gabon (RPG) de Paul Mba Abessole ont apporté leur soutien à sa candidature. Là encore, l’unité des partis de la galaxie présidentielle est mis à mal, alors que le leader du Cercle des libéraux réformateurs (CLR), Jean Boniface Assélé, beau-frère du défunt président, avait lancé un vibrant appel à la logique d’une candidature unique.
Ces dissensions aux seins du parti au pouvoir et de la majorité présidentielle devraient profiter à l’opposition, qui aura tout intérêt à ne pas tomber dans le même piège. Jusque-là, ni les Etats majors de l’opposition ni ses partisans ne se sont vraiment manifestés. Jusqu’à quand ?