Parler d’énergies renouvelables dans un pays qui tire l’essentiel de ses revenus du pétrole est relativement mal perçu. Pourtant, nouveaux gisement ou pas, tout le monde a bien conscience que l’après pétrole doit être envisagé dès maintenant et que ce dernier n’apporte pas de solutions à tous les problèmes énergétiques rencontrés par le pays. De plus, partout dans le monde, et dans les pays industrialisés en particulier, les énergies renouvelables sont annoncées comme le principal facteur de croissance envisagé quand tous les autres secteurs sont sinistrés. Alors, plus qu’une mode, les investissements dans les énergies renouvelables, vertes ou propres sont-ils à l’ordre du jour ? Existe-t-il de véritables opportunités pour les PME gabonaises dans ce secteur ?
ne énergie renouvelable (appelée parfois énergie verte) est une énergie renouvelée ou régénérée naturellement à l’échelle d’une vie humaine. Les énergies renouvelables sont issues de phénomènes naturels, réguliers ou constants, provoqués par les astres. Elles proviennent principalement du soleil : rayonnement, cycle de l’eau, vent, photosynthèse. On exploite aussi la chaleur interne de la terre et la rotation propre de la terre. Le bois, l’énergie solaire, l’hydroélectricité et l’éolien sont issus de l’énergie solaire. Seules la géothermie et l’énergie marémotrice échappent à cette règle. Le pétrole, le gaz naturel et le charbon ne sont pas des énergies renouvelables. Il a fallu des millions d’années pour que la vie sur terre constitue les stocks d’énergie fossile que l’on consomme actuellement, de même que l’énergie nucléaire, issue de la fission des atomes de l’uranium, l’extraction de l’uranium étant limitée. Le caractère renouvelable d’une énergie dépend de la vitesse à laquelle la source se régénère, mais aussi de la vitesse à laquelle est consommée. Ainsi le bois est-il une énergie renouvelable tant qu’on abat moins d’arbres qu’il n’en pousse.
Le travail humain est la première source d’énergie des activités de base (chasser, construire une habitation). Il fut utilisé de manière massive avec l’esclavage puis la naissance de l’industrie. Le travail des chevaux et des animaux de trait ont facilité les activités de production, mais aussi le commerce ou les guerres. Ces énergies reposent sur l’élevage, et si celui-ci se fait sans épuisement d’autres ressources, le travail animal a été la première source d’énergie renouvelable des sociétés humaines. Par la suite, l’homme a appris à utiliser de nombreuses autres formes d’énergies, issues de sources naturelles, mais pas toujours renouvelables, ni propres.
L’énergie des végétaux
Il s’agit d’énergie solaire stockée sous forme organique grâce à la photosynthèse. Cette énergie (le bois, et les agrocarburants essentiellement) est exploitée par combustion et peut être considérée comme renouvelable si on admet que les quantités brûlées n’excèdent pas les quantités produites.
L’énergie solaire
L’énergie solaire thermique produit de la chaleur par conversion de l’énergie contenue dans le rayonnement solaire. Elle est très rentable pour le chauffage dans les régions ensoleillées. L’énergie solaire thermodynamique ou heliothermodynamique ou encore thermosolaire, produit de la vapeur à partir de la chaleur du soleil par concentration, qui est ensuite convertie en électricité. L’énergie photovoltaïque produit de l’électricité à partir de la lumière, notamment à l’aide de panneaux solaires. Quant à l’énergie solaire passive, elle utilise directement de la lumière pour le chauffage. Enfin, la voile solaire, également nommée photovoile, et utilisée dans les zones spatiales pas trop éloignées du soleil.
L’énergie de l’eau
L’énergie des vagues utilise la puissance du mouvement de celles-ci alors que l’énergie marémotrice est issue du mouvement de l’eau créé par les marées (variations du niveau de la mer, courants de marée). L’énergie hydrolienne utilise les courants sous marins et l’énergie maréthermique est produite en exploitant la différence de température entre les eaux superficielles et les eaux profondes des océans. Enfin, l’énergie osmotique est issue de la diffusion ionique provoquée par l’arrivée d’eau douce dans l’eau salée de la mer.
L’énergie éolienne
L’énergie éolienne est l’énergie du vent, et plus spécifiquement l’énergie tirée du vent au moyen d’un dispositif aérogénérateur ad hoc comme une éolienne ou un moulin à vent. Elle peut être utilisée de manière directe ou indirecte. Directement, le vent est utilisé pour faire avancer un véhicule (navire à voile ou char à voile), pour pomper de l’eau (moulins de Majorque, éoliennes de pompage pour abreuver le bétail) ou pour faire tourner la meule d’un moulin. Indirectement, l’éolienne est accouplée à un générateur électrique pour fabriquer un courant continu ou alternatif. Le générateur est relié à un réseau électrique ou bien il fonctionne de manière autonome avec un générateur d’appoint (par exemple un groupe électrogène ou un parc de batteries).
L’énergie interne de la terre
Le principe consiste à extraire l’énergie géothermique contenue dans le sol pour l’utiliser sous forme de chauffage ou pour la transformer en électricité. La plus grande partie de la chaleur de la terre est produite par la radioactivité naturelle des roches qui constituent la croûte terrestre : c’est l’énergie nucléaire produite par la désintégration de l’uranium, du thorium et du potassium. Par rapport à d’autres énergies renouvelables, la géothermie présente l’avantage de ne pas dépendre des conditions atmosphériques (soleil, pluie, vent), mais les gisements géothermiques n’ont une durée de vie que de quelques dizaines d’années.
La fusion nucléaire
Si l’on parvient un jour à maîtriser la fusion nucléaire pour la production d’énergie, il s’agira d’une énergie éternelle, de durée comparable à celle du soleil, les “combustibles” (des isotopes de l’hydrogène) étant présents en quantité illimitée, à l’échelle humaine, dans l’eau des océans. Mieux encore, si l’on réussissait à fusionner des isotopes stables comme par exemple l’hydrogène ordinaire et le Lithium 7 naturel (ce qui est pour l’instant hors de notre portée, la “propreté” de ces hypothétiques réacteurs de fusion nucléaire serait parfaite : aucun déchet radioactif ne serait produit. Pour le moment, on vise à moyen et long terme la maîtrise industrielle de réactions de fusion moins difficiles, qui malheureusement libèrent des neutrons rapides qui, en se liant aux noyaux d’atomes de structures du réacteur, les rendant faiblement radioactifs.
Les cas particuliers de l’hydrogène et de l’électricité
L’hydrogène et l’électricité ne sont pas des sources d’énergie, mais des vecteurs d’énergie. Il est tout de même intéressant d’en parler ici, car ils pourraient bien, dans l’avenir, remplacer les carburants produits à partir du pétrole (essence, kérosène, diesel, etc.). De nombreuses recherches sont actuellement faites pour développer la pile à combustible, qui permet de créer de l’énergie électrique à partir d’énergie stockée dans des composées chimiques, dont l’hydrogène. En revanche, cela ne résout pas le problème des approvisionnements. La fabrication d’électricité et d’hydrogène requière beaucoup plus d’énergie qu’elles vont en dégager, même si les recherches actuelles tentent d’améliorer le rendement énergétique de leur production.
L’énergie électrique est fournie en grande partie par des centrales à combustibles fossiles et nucléaires avec un rendement qui dépasse rarement les 30%. Du coup, son usage annoncé comme “propre” ne l’est pas du tout. Quant à la pile à combustible, dont l’hydrogène est fabriquée par l’électrolyse de l’eau, elle ajoute une étape de déperdition d’énergie par l’électrolyse qui, même si elle atteint des rendements de l’ordre de 80% en laboratoire, utilise l’électricité déjà produite à grands frais d’énergie fossiles. En revanche, si la production d’électricité est renouvelable (hydroélectricité, photovoltaïque…), la pile à combustible fournit une énergie renouvelable, le gisement solaire et le cycle de l’eau étant renouvelables. Seul problème : nous sommes loin de disposer des technologies capables de fournir suffisamment d’hydrogène”propre” pour contenter la demande mondiale en énergie qui ne semble pas prêt de diminuer.
En clair, si l’usager d’électricité et plus tard, de pile à combustible, a le sentiment de consommer “propre” ou renouvelable, il est, en fin de compte, encore plus polluant et énergétivore qu’en utilisant une cuisinière à gaz et des moteurs à essence.
Les avantages escomptés grâce aux énergies renouvelables
Ce qui permet de penser que les États des pays encore peu développés vont devoir s’intéresser aux énergies renouvelables, c’est qu’elles associent des avantages sur les plans environnementaux, sociaux, économiques, et géopolitiques. Ce qui laisse perplexe les observateurs de la vie politique internationale, c’est que ces atouts ne semblent pas être au cœur des préoccupations de la plupart des dirigeants de pays en développement, ceux-là même qui vont sensiblement augmenter leur demande en énergie pour rattraper leur retard économique et social.
L’énergie renouvelable n’a d’autre gisement que sa source fondamentale, le soleil qui en a encore pour cinq milliards d’années à briller. Le vent, la biomasse sont sans gisement donc éternels pour l’homme. Elles ont plutôt des limites d’exploitation (puissance aléatoire, faible densité d’énergie, grandes surfaces de collection) affectant leur rentabilité économique, du moins dans le cadre d’une mise en compétition avec des sources traditionnelles bon marché. Pourtant, dès qu’on parvient à les stocker, (bois, biomasse) elles deviennent des vraies sources fiables.
Leur impact en gaz à effet de serre est en principe nul, à condition que leur exploitation de masse ne laisse pas échapper de sous-produits comme le méthane qui est 28 fois plus opaque aux radiations infrarouges que le CO2.
Les déchets produits par un système de production d’énergie renouvelable sont essentiellement des déchets de démantèlement des installations de productions en fin de vie. Tant que des structures de retraitement sont en place, ce qui est le cas dans les pays industrialisés, leur impact est nul, voire profitable. Évidement, rien ne garantie que dans les pays pauvres, les métaux lourds et autres composés chimiques, en général très toxiques, ne seront pas tout simplement enterrés ou jetés à la mer.
Les avantages sur le plan social
Avec la plupart des énergies renouvelables, les impacts en cas d’accident grave sont plus facilement maîtrisables que ceux de l’industrie électronucléaire ou pétrolière, à l’exception notable des barrages hydroélectriques : les accidents liés à l’hydroélectrique ont fait plus de morts que ceux liés à l’électronucléaire. Cependant, les chiffres concernant les catastrophes nucléaires sont victimes d’écarts énormes en ionisation de leur source. De plus il faudra des dizaines voire des centaines d’années pour connaître précisément les conséquences de tels accidents. On devine tout de même qu’une inondation même catastrophique, n’aura pas le même impact que la dispersion accidentelle de déchets radioactifs dont la durée de nuisance dépasse parfois les dix mille ans.
Mais surtout, les ressources exploitées sont locales, permettant ainsi un développement local des territoires, ce qui est une garantie non négligeable pour les pays en développement, avec des créations d’emplois qui ont peu de chance d’être délocalisées.
Les atouts économiques
Depuis les accords de Kyoto, il existe une valeur “carbone” pour ce type d’énergie et cela permet aux pays qui en font un usage important d’augmenter la rentabilité d’installations, même lourdes. D’autre part, le démantèlement des systèmes de production d’énergie renouvelable est facile, rapide et peu coûteux.
D’une manière générale, la rentabilité économique des énergies renouvelables est en augmentation permanente et ne dépend pas seulement du coût de production du kW/h. La possibilité de produire localement sans risques et sans infrastructures lourdes permet de développer des zones isolées, comme les villages de forêts ou les petites villes de provinces, de réduire les frais d’infrastructures, aussi bien en installation qu’en entretien. Enfin, les systèmes de production génèrent une activité économique durable, grâce à la distribution, l’installation et l’entretien du matériel de production.
Des opportunités géopolitiques et de sécurité
Les énergies renouvelables peuvent contribuer à la paix en diminuant la dépendance au pétrole et en améliorant l’indépendance énergétique. Selon une étude commandée en 2007 par le ministère de l’environnement allemand, comparativement aux grandes centrales énergétiques thermiques et hydroélectriques qui centralisent la production électrique, les énergies propres, sûres, renouvelables quand elles sont décentralisées, présentent de nombreux intérêts en termes de sécurité énergétique, intérieure, militaire et civile, comme en matière de risque terroriste. De même l’intérêt est important pour la sécurité climatique, le développement, les investissements et donc les marchés.
Contraintes et limites
Tout semble donc imposer ces énergies renouvelables dans le monde et on peut se demander pourquoi leur usage est encore aussi confidentiel. En fait, on assimile souvent le terme d’énergie renouvelable à celui d’énergie propre. Au sens strict, la définition est différente : une énergie propre ne produit pas de polluants, ou bien produit des polluants qui disparaissent rapidement. De fait, une énergie renouvelable n’est pas nécessairement propre et inversement. On peut citer le cas de la biomasse. L’énergie issue de la combustion de la biomasse est propre à condition que la consommation ne soit pas excessive et permette à la flore de réabsorber tout le dioxyde de carbone dégagé.
Les énergies renouvelables suffiront-elles à limiter le réchauffement climatique ? Il convient de considérer deux aspects complémentaires des politiques de maîtrise d’énergie : les économie d’énergies d’une part et les énergies renouvelables d’autre part, ceci de façon à diminuer la consommation absolue et non relative d’énergies fossiles. Sauf pour la géothermie, la production d’énergie d’origine renouvelable ne met pas en œuvre la chaleur à haute température (ou température plus élevée que l’ambiante). Elle est souvent limitée par son rendement, son stockage, la superficie ou les infrastructures nécessaires. Corrélativement, les rejets de chaleur “fatale” de cette production dans l’environnement sont faibles ou nuls.
Selon le scénario énergétique sur les potentiels respectifs, en économie d’énergie et en énergies renouvelables des experts de “Greenpeace pour 2030”, l’éolien et le solaire représenteraient à eux deux environ 3% de la production d’énergie mondiale. Exprimé autrement, le développement des énergies renouvelables est nécessaire mais ne suffira pas à éviter une importante diminution des consommations d’énergies : des changements de nos modes de vie semblent nécessaires. Les sources académiques sur le sujet ont montré qu’un scénario énergétique entièrement renouvelable permettant de garantir la qualité de vie des pays développés à l’ensemble de la population mondiale était techniquement faisable avec les meilleures techniques disponibles actuellement en matière d’efficacité énergétique. Toutefois ces études ne se sont intéressées qu’aux aspects environnementaux, industriels et techniques et n’abordent pas les questions de responsabilités financières et politiques liées à un tel changement. Sans volonté politique, ce que l’on peut faire reste du domaine de l’utopie.
D’autre part, la production d’énergie renouvelable, reposant sur l’exploitation de phénomènes naturels, requiert certaines conditions géographiques, comme par exemple la présence d’un vent suffisamment puissant et régulier pour permettre l’utilisation d’éoliennes. Certains pays ou certaines régions sont fortement défavorisés et, dans le cas du Gabon, l’usage exclusif d’énergies renouvelables (soleil, bois, biomasse) imposeraient des investissements très lourds que seule une politique gouvernementale très volontariste permettrait de réaliser. C’est clairement irréaliste à court terme dans un pays ou les intérêts pétroliers sont omniprésents.
Une difficulté inhérente aux énergies renouvelables est leur nature diffuse et leur irrégularité. Puisque les sources d’énergies renouvelables fournissent une énergie d’une intensité relativement faible repartie sur des grandes surfaces, de nouveaux genres de “centrales” sont nécessaires pour les convertir en sources utilisables. Pour mieux comprendre la “faible intensité sur des grandes surfaces”, il est à noter que pour produire 1 000 kW/h d’électricité par an (consommation annuelle par habitant dans les pays occidentaux), le propriétaire d’une habitation au Gabon doit installer 5 m2 de panneaux solaires. C’est tout a fait réalisable techniquement, mais beaucoup plus illusoire économiquement dans la mesure où les panneaux photovoltaïques sont importés de l’étranger, passant par de nombreux intermédiaires, par ailleurs accoutumés à des marges commerciales conséquentes. Les climatiseurs solaires par exemple existent depuis longtemps. Mais qui va accepter de payer un surcoût à l’achat important alors que les tensions de trésorerie sont quasi permanentes aussi bien pour les PME que pour les particuliers ? De fait, ces technologies éprouvées ailleurs sont totalement absentes du marché gabonais pour le moment. Et si elles venaient à y faire leur apparition, ce serait à des prix les réservant aux classes les plus riches, celles que la facture de la SEEG n’effraye pas, et non aux populations pauvres.
Autre désagrément potentiel : un développement significatif des énergies renouvelables aura des effets sur le paysage et le milieu, avec des différences sensibles d’impacts écologiques selon l’installation concernée et selon que le milieu est déjà urbanisé ou que l’aménagement projeté vise un espace encore vierge. Cela dit, les impacts paysagers et visuels sont pour partie subjectifs et l’installation des lignes à haute tension n’est guère plus esthétique qu’une forêt d’éoliennes. Par ailleurs, certaines installations comme la construction d’un barrage hydroélectrique ont des conséquences lourdes : inondation, de vallées entières, modification profonde de l’écosystème local. Ils font par exemple obstacle à la migration des poissons, ce qui représente un problème pour certains fleuves. Dans le nord-ouest de l’Amérique du nord, les populations de saumons ont déjà été sensiblement réduites
Le coût du stockage et de la distribution.
Un des grands problèmes avec l’énergie, c’est le transport dans le temps ou l’espace. C’est particulièrement vrai avec les énergies renouvelables qui dépendent du climat et varient énormément suivant les saisons. L’énergie solaire et ses dérivés (vent, chute d’eau, etc.) n’est pas disponible à la demande, il est donc nécessaire de compenser, en disposant d’un stockage suffisant, auprès du consommateur, du producteur ou à travers un réseau d’échange (similaire à l’ancien réseau de distribution). Des exemples d’une utilisation directe d’énergies renouvelables sont les fours solaires, les pompes à chaleur géothermiques, et les moulins à vent mécaniques. A contrario, les utilisations indirectes, passant par d’autres formes d’énergies, sont la production d’électricité par des éoliennes ou des cellules photovoltaïques, ou encore la production de carburants tels que l’éthanol issu de la biomasse.
L’utilisation de l’énergie renouvelable, qui peut souvent être produite sur place, diminue les appels aux systèmes de distribution de l’électricité. Un ménage moyen disposant d’un système solaire photovoltaïque avec du stockage d’énergie et des panneaux solaires de la bonne taille, n’a besoin de recourir à des sources d’électricité extérieures au pire que quelques heures par semaine. En généralisant cet exemple, les partisans de l’énergie renouvelable pensent que les systèmes de distribution d’électricité (lignes très haute tension, transformateurs) devraient être moins importants et plus faciles à maîtriser.
Dans les pays fortement industrialisés, la plupart des consommateurs et producteurs d’énergie sont reliés à un réseau électrique qui peut assurer des échanges d’un bout à l’autre d’un pays ou entre pays. C’est beaucoup moins vrai dans un pays d’Afrique où le réseau électrique est limité aux grandes villes, parfois même sans véritables interconnexions nationales. La diversification des sources peut autoriser des complémentarités intéressantes, mais les coûts liés à ces technologies sont rédhibitoires dans un pays où l’État ne fait même pas l’effort de disposer d’un véritable réseau routier entretenu. La seule volonté des populations n’est pas encore suffisante pour développer une production d’énergie locale suffisante pour répondre à ses besoins, sans parler des compétences technologiques à développer pour installer et entretenir les installations.
Des exigences organisationnelles insurmontables
La mise en œuvre concrète doit se plier aux contraintes des marchés. Les agents économiques concernés sont dispersés. Il faudrait les rassembler et imaginer des conditions d’organisations adoptées : contrats de filière, contrats territoriaux… A l’échelle planétaire, tout reste à faire pour la définition des réseaux industriels qui nécessitent, au minimum, de faire un bilan économique sérieux, ce qui n’est pas le cas pour le moment. La mise en place des permis d’émission de gaz à effet de serre pourrait rendre ces filières rentables : on attend des taux de 12%, ce qui est exceptionnel. Cependant, on ne sait pas exactement quelles seront les rentabilités comparées en fonction des procédés techniques employés, ni si ces 12% seront surtout engrangés par les grands groupes énergétiques et les importateurs de matériels, ou s’ils profiteront aux PME qui s’installeront sur le marché.
Aujourd’hui, les énergies renouvelables représentent 13,5% de la consommation totale d’énergie comptabilisée dans le monde et 18% de la production mondiale d’électricité. La biomasse et les déchets assurent l’essentiel de cette production (10,6%). Dans les pays du nord, la production électrique renouvelable provient principalement de l’hydraulique (90%). Le reste est très marginal : biomasse 5,5%, géothermie 1,5%, éolien 0,5% et solaire photovoltaïque 0,06%.
Pour une PME, s’installer sur ces secteurs n’est rentable qu’à la condition d’exploiter des marchés de niches et de conserver, suffisamment longtemps et localement, un certain monopole. Dans un État de droit structuré et peu touché par la corruption, une volonté gouvernementale suffirait à permettre le développement d’un marché rentable et créateur d’emplois. Mais malgré des efforts récents, le Gabon est encore handicapé par le clientélisme et l’influence des lobbies pétroliers. L’importance de l’informel, des importations parallèles et l’absence de respects des normes de sécurité et environnementales ne laisse que peu de places à la croissance d’un véritable pôle de développement des énergies renouvelables, sauf s’il est soutenu par ceux-là même qui n’ont guère intérêt à le voir se développer, les grands groupes privés de production d’énergie ou d’extraction minière.
Enfin, le marché des énergies renouvelables est indissociable de celui d’une gestion intelligente des déchets, tout du moins si le pays concerné entend préserver son environnement et s’assurer un développement durable. Or, pour que le retraitement et le tri sélectif qui va de pair soit rentables, il doit disposer d’un appui fort et régulier de la part de l’État et de ses structures : campagnes de sensibilisation, lois coercitives vis-à-vis des industriels, contrôles pointilleux des administrations concernées, incitations fiscales pour les investisseurs dans ces secteurs… et disposer d’espaces importants pour l’installation de centres de tri des déchets, de centrales d’incinération, d’usine de retraitement du papier, du verre, des métaux, des produits polluants… toute une technologie coûteuse à mettre en place, nécessitant certainement une alliance régionale pour en limiter les coûts, et rentable à la seule condition que l’administration accepte de payer cher pour ce bien public qu’est l’environnement. Rien ne permet de penser que le Gabon est mûr pour ce genre d’aventure.