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Gabon : Paix ou Désordre

La paix ou le désordre dépendra du comportement des politiciens actuels, ceux de la IIe République. Le Gabon sera en paix si l’Occident, notamment les hommes politiques français, n’impose pas un choix arbitraire, soutenu par la cellule africaine de l’Elysée ou par le fameux ministère de la coopération de la Métropole. Et si ces « malades qui nous gouvernent », et qui semblent prêts à en découdre si le vent venait à tourner contre eux, n’acceptent pas le jeu du pluralisme démocratique, les responsabilités face à l’Histoire sont d’ores et déjà toutes indiquées. Vive la démocratie et vive le Gabon.

Le Gabon, petit pays d’Afrique centrale, ancienne colonie administrée par la France, devenue « Indépendante » le 17 août 1960, riche en ressources naturelles, retient son souffle depuis la mort du président Omar Bongo Ondimba. Face à cette disparition prévisible (l’homme était malade depuis longtemps), face au fossé béant qui sépare le peuple des « bandits » qui ont gouverné le Gabon du 28 novembre 1967 au 8 juin 2009, de nombreuses questions se posent : faut-il se précipiter à organiser, comme l’impose l’article 13 de la Constitution, des élections présidentielles anticipées ? Les principaux leaders politiques gabonais actuels (l’opposition et la clanocratie gouvernementale) sont-ils crédibles aux yeux de leurs concitoyens ? Le Gabon va-t-il être secoué par le type d’instabilité politique qu’a connue la France de 1848 à 1879 ? La démocratie occidentale pourra-t-elle devenir enfin un régime politique qui va rassembler au mieux les Gabonais ? Depuis le 8 juin 2009, s’agit-il d’une paix de façade qui prépare au désordre et au chaos total ? Que veut le peuple gabonais ?

L’esprit du 4 décembre 1967

Le Petit dictionnaire « Larousse » définit le mot bandit comme « Une personne qui pratique le vol, (…) une personne sans scrupules ». Pour le cas du Gabon, il s’agit d’une jacquerie de dirigeants et d’un cartel de leaders de l’opposition « alimentaire » de la IIe République (28 novembre 1967 – 8 juin 2009) irresponsables, corrompus jusqu’à la moelle épinière, ultra destructifs, prédateurs des caisses de l’État, moribonds pour la plupart, déviants, sorciers et adeptes d’un ésotérisme syncrétique totalement biaisé, qui ont contrôlé le pays d’une main de fer entre le 4 décembre 1967 et le 8 juin 2009.

Léon Mba

Après la mort de Léon Mba le 28 novembre 1967, président de la Ière République (Février 1959-Février 1967), le général de Gaulle met à la tête du Gabon « un type valable », « petit homme trapu au regard barré par d’énormes lunettes », « ancien sous-officier français » chargé du renseignement pour le compte de ses maîtres français, planton à la poste, pilier de la Françafrique mal famée, futur grand argentier des incuries et des coups bas français en tous genres, acheteur hors pair des consciences des opposants africains, bailleur de fonds inégalé des partis politiques français de la Ve République[1].L’esprit du 4 décembre 1967 a consisté à mettre en place une monarchie constitutionnelle dirigée par une bourgeoisie affranchie (2% de la population) qui détient 80% de la richesse du Gabon. Depuis presqu’un demi siècle, le projet de société de ces individus, si tant est qu’il en fut un, se résume essentiellement au pillage systématique des deniers publics, au bradage en règle des richesses naturelles d’un sous-sol exceptionnellement béni de Dieu, à soumettre l’Etat à un endettement chronique. Pour garantir la pérennité de leurs prébendes, ils ont participé activement à l’organisation sorcellaire des simulacres d’élections, à l’empêtrement irrémédiable du pays dans un sous-développement dangereusement inexorable et peu soucieux des générations futures. Il s’agit en fait d’un ersatz de politique qui ne correspond en rien à la vision de la société gabonaise, doublé d’une culture totale de l’impunité. Les différentes politiques dites pompeusement d’aménagement du territoire ont eu pour unique résultat quantifiable de développer un réseau routier désarticulé (en réalité davantage de pistes en caillasses sur des tracés approximatifs datant parfois de la colonisation). De réseau routier, il a en réalité été question d’espèces de routes entrecoupées de cratères, de nids de poule incessants, de cassis interminables qui ont continué de creuser joyeusement la distance entre les espaces où des populations vivant essentiellement du produit de leurs cultures, éprouvent un mal de chien à écouler leurs productions sur les principaux marchés du pays. Un pays gorgé de pétrole qui aurait pourtant pu, très facilement, développer et bitumer ses routes. D’aménagement du territoire, le pays n’a hérité en définitive que la désolation.

Depuis le début de la Deuxième République en 1967, le Gabon reste une véritable « cour du roi Pétaud ». Cette cour manque d’intelligence, de modestie, de sincérité. Ses différents acteurs sont dépourvus de toute perspective dynamique ; leur politique reste confusément conformiste. L’image de cette cour influe conséquemment sur celle de tout le pays. L’association au pouvoir (car c’est véritablement d’une entente mafieuse qu’il s’agit) et nombre de vrais faux opposants ayant d’ailleurs couru à la soupe, n’ont jamais convaincu les Gabonais. Aucun débat d’idées sur les problèmes sociaux, aucune perspective de croissance durable, aucune donne progressiste nouvelle. En sus, elles n’ont jamais réussi à créer des richesses à redistribuer. Une quarantaine d’années après son indépendance, en dépit des formidables avantages dont dispose le Gabon, l’économie du pays en est curieusement à la rente, là où le Gabon aurait pu être une puissance émergente à l’instar du Brésil.

Omar Bongo

Les acteurs de cette cour empêchent les populations gabonaises de voter en hommes libres. Le pays vit en ce moment dans une hystérie identitaire et un excès de personnalisation sur la succession du défunt potentat, Omar Bongo-Ondimba. Ces bandits prétendent tous arriver à la magistrature suprême en ignorant que le Gabon n’est pas une monarchie absolue. Le Gabon est une République. A aucun moment il ne sera ni un Empire ni une dynastie.

Gabon du 8 juin 2009

Après quarante et un ans de règne sans partage, l’autocrate Bongo Ondimba laisse un pays qui n’est même pas au stade embryonnaire de l’industrialisation. Le Gabon du 8 juin 2009 n’est pas un État de droit. C’est un pays dirigé par un groupe d’individus qui n’ont aucune politique de valorisation des compétences. Ces prédateurs, arrivistes parvenus au contrôle d’une gigantesque manne, les richesses de l’Etat, se sont mis en tête de capter le produit de la rente. Ce sont des voyous organisés en caste au cœur de la République et régnant sur la tête du pauvre peuple qui est loin de soupçonner l’ampleur des dégâts qu’ils causent à une économie déjà énormément compromise. Ils ne s’adaptent pas au phénomène de la mondialisation. Leur unique préoccupation, davantage grossière parce que mercantiliste et clientéliste, est de gonfler interminablement la bulle de leurs richesses grâce à une continuelle rapine d’Etat.

Le Gabon du 8 juin 2009 est un pays qui, malheureusement, ne cesse de « brûler » humainement et économiquement. Le pays vit presque à crédit (moins de 1% du PIB, plus de 2.000 milliards de dollars de dette). Les Gabonais, la larme à l’œil et le cœur en charpie, en sont encore à se demander comment on en est arrivé là. Un pays dont le niveau de vie devait à ce jour équivaloir à celui des Emiratis.

Que s’est-il donc passé ?

Le Gabon n’a aucune compétitivité. Malgré toutes les beautés qui caractérisent l’ensemble de ses traditions et de ses arts, aucune véritable politique culturelle et de tourisme de masse. Le territoire est pourtant doté d’un espace naturel incroyablement performant (un climat équatorial chaud et humide, une variété de reliefs et des littoraux qui offrent une large gamme de paysages), mais rien n’y est fait. Aucune instance intellectuelle capable d’une critique élaborée.

Depuis 1990, les élections politiques au Gabon sont, non seulement des jours d’ »humiliation et de honte », mais encore et surtout restent-elles une tontine politico-financière récurrente, au cours de laquelle les cartes sont redistribuées entre initiés. Cette bande d’incapables qui gouvernent le Gabon se partagent les prébendes juteuses et apparemment inépuisables d’un Etat quasi exsangue, aux finances démesurément pressées jusqu’à la lie. Cette véloce manducation effrénée du pays, cette dévoration pantagruélique de tout ce qui accuse une quelconque valeur s’opèrent entre une bande d’opposants préfabriqués et une pléthore de pique-assiettes aux ambitions bedonnantes. L’opposition politique au Gabon est composée d’hommes et de femmes pour la plupart des apparatchiks de l’ancien parti unique (le Parti démocratique gabonais) toujours au pouvoir grâce au détournement massif des suffrages. C’est à croire que les Gabonais ont pris unanimement le parti de s’auto flageller dans un élan de masochisme au stade préconscient. Ces pseudos opposants secrétés par le bongoïsme primaire et désopilant ont avancé jusque là cagoule au front, faisant croire au départ de leur action « politique » dans le pays, à une véritable possibilité de mettre à mal le système qui a égorgé le pays. Ce sont les sempiternels chantres patentés d’un convivialisme participatif aux instances de pouvoir dans un régime qu’ils avaient pourtant jadis combattu et publiquement honni. Comment s’étonner dès lors, fort d’un tel constat qui laisse effroyablement bée, qu’il n’y ait pas eu, en plus de quarante ans d’exercice de pouvoir absolu, aucune stratégie sérieuse d’alternance au pouvoir ?

La politique au Gabon se résume, en peu de mots, à un business financier très lucratif. C’est à qui criera le plus fort contre les lieux communs des pratiques de pouvoir à dénoncer : le vol des deniers de l’Etat ou la mal gouvernance avérée. Aller dire dans des meetings ou à la télévision que Bongo est le méchant loup, puis se rendre nuitamment au « Palais du bord de mer » y chercher sa part de pitance. L’homme que le tout Libreville vient récemment de lamenter, au nom d’étonnantes traditions bantoues qui assènent de pleurer même son meilleur ennemi, ne ressassait-il pas fièrement cet apophtegme désormais bien connu des gabonais qu’il s’est astreint à brimer, à avilir, à humilier : « Le chien aboie, la caravane passe » ? Tout un programme d’achat des consciences bien huilé, qui a formidablement bien fonctionné pendant près d’un demi-siècle. L’objectif de ces opposants en décalage avec le monde du XXIe siècle et de ces bandits qui gouvernent le Gabon, c’est donc la distraction politique. C’est ainsi qu’ils encouragent l’organisation des élections truquées tous les cinq ans au minimum. Les partis politiques reçoivent un financement annuel de 762.195,12 euros qui représente, sous nos latitudes, une fortune inespérée, au regard de la misère qui étrangle les véritables propriétaires de ces richesses. Qu’en dire ?

Nos politiciens vivent tous dans un excès de personnalisation, de défiance terrible de la démocratie, d’exhibitionnisme public grâce à l’argent volé dans les caisses de l’État. Ils affectionnent goulûment la luxure qu’ils étalent sans crainte au grand jour, la course à la recherche des jolies gabonaises, des étrangères et des putains de la République. Ils sont incapables de créer des richesses pour les redistribuer aux populations gabonaises les plus démunies. Le pays est menacé sérieusement par leur « surmoi » destructeur. En effet, depuis le début de la IIe République, le 4 décembre 1967, leur idéologie est le socialisme autoritaire sans justice sociale, provoquant par ailleurs une désespérance sociale. Ils refusent de construire le Gabon de l’intelligence ; ils ne veulent pas écouter ce que disent les Gabonais. Ces bandits sont farouchement opposés à tout développement pérenne, solide, courageux du pays. Ils ont, toute honte bue, pris fait et cause pour le déclin, la paupérisation du pays. Ils ont mis en place une administration touristique caractérisée par un absentéisme défrayant les bonnes volontés au travail. Les fonctionnaires gabonais ne travaillent presque pas, se moquant ainsi d’un système administratif qui les ridiculise de façon permanente. On vérifiera à souhait que, depuis le décès du despote Bongo Ondimba, l’administration tourne totalement au ralenti. Quand le chat n’est plus là, c’est bien connu, les souris font plus que danser.

Les gouvernants actuels, excepté Mme Rose ROGOMBE (le chef de l’Etat intérimaire) savent très bien qu’ils n’ont aucune position légitime sortie des urnes. Pour la plupart d’entre eux, ils sont députés, sénateurs, maires, conseillers municipaux, grâce à des élections truquées, qui sont des petites combines organisées entre une bande de prédateurs multimilliardaires au pouvoir depuis 1990 et une opposition qui ignore que « toutes les fleurs de l’avenir sont des semences d’aujourd’hui ». Ces deux bandes de démolisseurs des caisses de l’Etat sont composées des politiciens dont les trois quarts ont été formés dans les grandes universités occidentales. Elles ont mis en place un système maffieux qui sécrète l’injustice, le sous-développement total et une pauvreté endémique.

Le Gabon du 8 juin 2009 est un pays dirigé sans modèle véritable de croissance. La ruine guette désormais ce pays qui n’a aucune stratégie de développement. La jeunesse ne cesse de se tribaliser, de se régionaliser, de s’organiser en véritables gangs, futurs relais potentiels des pillages. L’initiation et la formation de ces futurs saboteurs des caisses de l’État sont organisées pendant les campagnes électorales truquées et les fêtes tournantes dites « d’indépendance ». Ces bandes de jeunes estiment, depuis le décès de Bongo Ondimba, que leur tour de basse besogne est arrivé. « C’est la faute aux Occidentaux », entend-on dire, notamment aux Français, ancienne puissance colonisatrice qui a, dans l’histoire du Gabon, sa part de responsabilité. Voilà le sombre héritage que l’esprit de décembre 1967 laisse aux générations futures. L’autre stratégie politico-financière de ces destructeurs de la République, c’est de laisser davantage des guérillas financières se constituer dans les ministères, les gouvernorats, les préfectures, les sous-préfectures, les directions générales des entreprises étatiques, les universités, les lycées et collèges, et ainsi piller dans l’impunité, les budgets alloués au bon fonctionnement de ces institutions. Les promotions sont réservées aux nullards, aux voleurs, aux putains de la République, moins méritantes que d’autres. Pour ces bandits, ce sont des excès de fixation accentuant la détestation, la suspicion et la méfiance qui doivent régner au Gabon.

Que veulent les Gabonais ?

Le peuple gabonais dans son ensemble n’est pas belliqueux. Loin de là. Mais nul ne doit oublier, qu’il est, comme tout peuple, épris de justice. La cinquantaine d’ethnies et dialectes du pays arrive jusqu’à présent à se fondre dans le moule de la nation. Mais ce melting-pot pourrait être remis en question par ces dangereux politiciens rompus aux extraordinaires inégalités sociales et à la recherche du luxe et du lucre.

Les Gabonais ont besoin du soutien sans faille des pays occidentaux dans le processus électoral à venir. Le soutien et l’appui de tous sont absolument bienvenus : des Etats-Unis, du Canada, de la France, de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne, de l’Espagne ainsi que de l’ONU et de l’Afrique du Sud pour non seulement encourager le respect du processus constitutionnel qui va bon train depuis le 8 juin 2009 mais surtout, pour empêcher la pérennisation du système de corruption moyenâgeux qui a gangréné le Gabon pendant quarante deux ans. Les Gabonais veulent que s’enracine la démocratie dans leur pays ; ils ne veulent pas de l’esprit putschiste togolais, encore moins du chaos ivoirien. Les médias occidentaux (surtout français) au lieu donc de chercher à imposer à l’opinion publique gabonaise, un présidentiable « faible pour nos intérêts », devraient plutôt s’atteler à accompagner le Gabon dans la mise en place des médias libres et pluralistes.

Pour choisir en bonne intelligence le futur président de la République, les Gabonais veulent disposer d’informations rigoureuses et recoupées. Les journalistes français doivent donc respecter les règles de déontologie de leur profession : éviter d’encenser trop rapidement un homme au profit d’un autre, fut-il le rejeton d’une prestigieuse ascendance. Il va falloir arrêter de donner des informations approximatives sur des personnalités que tout le monde au Gabon sait absolument impopulaires. Ce serait purement et simplement du crêpage de chignon forcément vu comme un alignement sur des intérêts occultes et innommés. Certaines de ces personnalités sont ni plus ni moins que des gangsters couchés sur les caisses de l’Etat, des bandits animés « de liberté autoritaire, de l’égalité ambitieuse et de fraternité égoïste » (Maurice Donnay, Pensées).

L’heure est grave : elle n’est plus à la théâtralisation des grands projets de développement, c’est de la poudre aux yeux. Elle n’est plus à l’exhibition fate des avoirs de rapine, comme ces insolentes villas californiennes qui germent au mitan de la pauvreté et de la misère du bas peuple impuissant ou de ces voitures de luxe dont on ne sait que trop bien les inavouables modes d’acquisition. Le Gabon a besoin d’une IIIe République qui saura enfin organiser un scrutin juste et équitable. C’est à ce prix-là et à ce prix seul que les gabonais n’auront plus à bouder les urnes.

L’enracinement et la naissance de la IIIe République

L’élection au suffrage universel direct du quatrième président de la République gabonaise dans moins de 7 mois permettra d’entreprendre une œuvre importante, à laquelle l’ensemble de la population gabonaise adhérerait massivement. Car elle rencontrerait enfin l’âme des attentes légitimes et populaires. Ce sera la fin de la tristement célèbre IIe République gabonaise.

La IIIe République sera du peuple ou ne sera pas. Le Président ne devra plus être la source de tous les pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire mais le garant. L’Assemblée nationale devra voter des lois qui supprimeront les différents pouvoirs claniques qui sont organisés dans chaque ministère et dans les directions des entreprises étatiques. Les bandits qui ont gouverné le Gabon durant la IIe République devraient être privés de leurs droits politiques et traduits devant les tribunaux.

La IIIe République devra reconstruire le pays, émanciper la femme des promotions canapés et autres droits de cuissage avilissant, veiller à la décentralisation, permettre l’alternance politique quand les urnes l’imposent. Permettre une immigration intégrée, s’atteler à une croissance forte et soutenue grâce au travail et à l’investissement, à l’innovation scientifique et technologique, à la lutte contre le creusement des inégalités économiques. Bref, une IIIe République des mutations économiques et sociales. Les partis politiques auront pour tâche principale d’être des forces critiques et de proposition alternative. Ils permettront ainsi d’aiguillonner la majorité présidentielle, de la surveiller de près et de changer, grâce au débat contradictoire, l’image du Gabon salie par une bande ignare des dirigeants corrompus. En charge de l’État, les politiciens en responsabilité devront respecter impérativement leurs engagements au risque de déchoir.

Au prochain président de la République que je souhaite enfin démocratiquement élu[2], je souhaite bonne chance. Pour ma part, je l’aurai voulu femme. Elles ont plus de cœur. Le prochain chef de l’Etat devra s’exonérer, pour son honneur, pour l’exemple, et pour les intérêts supérieurs de la nation, d’esprit de vengeance. La mauvaise graine s’éliminera d’elle-même, ce que j’appelle d’un concept nouveau, l’auto élimination. Il suffira de s’entourer de Gabonais sérieux, patriotes et véritablement soucieux de l’avenir de leur pays. Mettre les gens qu’il faut à la place qu’il faut, aptes à s’adapter aux nouvelles réalités. On devra éviter des administrations pléthoriques et entretenir le respect de l’autorité. Ceux qui d’aventure ne voudront plus travailler, partiront d’eux-mêmes rejoindre leur administration d’origine ou leurs plantations. Les hommes politiques de la IIIe République devraient suivre l’exemple du Japon qui, malgré une nature contraignante (éclatement en de multiples îles, 84% de la surface constituée de collines et de montagnes, des risques sismiques, les risques climatiques), un archipel dépourvu de matières premières, demeure, jusqu’à nos jours, la deuxième puissance commerciale de la planète, la première au plan financier et un des pôles les plus puissants de la Triade. Cette puissance japonaise est à l’image de ses dirigeants, qui ont pour seul et unique objectif politique : soutenir le développement de leur pays.

Le peuple gabonais reste prêt à « retrousser les manches », c’est-à-dire à se mettre au travail pour construire le Gabon ; il est prêt à en découdre avec l’immobilisme bongoïste. Les Gabonais ne sont plus prêts d’accepter un homme ou une femme irresponsable à la tête de l’Etat. Il faut dorénavant une planification indicative et des grands travaux. Mettre en place des biens d’équipement, développer les industries de transformation. Le gigantisme du chantier pourrait désespérer, mais sous la houlette d’un chef qui tirerait sa légitimité d’un choix populaire, tout reste possible. Pour cela, le respect des institutions est impératif, autant que celui de la pluralité des opinions de toutes sortes, dans le respect de la loi et de l’ordre public. Place devra donc être laissée au rêve et à la créativité, d’où qu’elle vienne.

Au reste, la paix ou le désordre dépendra du comportement des politiciens actuels, ceux de la IIe République. Le Gabon sera en paix si l’Occident, notamment les hommes politiques français, n’impose pas un choix arbitraire, soutenu par la cellule africaine de l’Elysée ou par le fameux ministère de la coopération de la Métropole. Le Gabon, qui n’est pas une néo-colonie, ne voudra plus d’un autre « homme valable », visiblement inculte, désespérément et barbare, déniché par des réseaux néo-foccartiens qu’un néogaulliste imposerait à son gré à un peuple qui a tant souffert. Et si ces « malades qui nous gouvernent », et qui semblent prêts à en découdre si le vent venait à tourner contre eux, n’acceptent pas le jeu du pluralisme démocratique, les responsabilités face à l’Histoire sont d’ores et déjà toutes indiquées. Vive la démocratie et vive le Gabon.

Jean Aimé MOUKETOU, Docteur en géographie (Université Paris 7), Ecrivain, Professeur Histoire-géographie des lycées et collèges, France.

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