Ali Bongo Ondimba, fils du défunt chef de l’État, est le candidat du PDG à l’élection présidentielle du 30 août. André Mba Obame, l’ancien ministre de l’Intérieur, et Jean Eyeghe Ndong, Premier ministre démissionnaire, sont eux aussi entrés en lice. Comme indépendants.
Ce sera donc lui. Ali Bongo Ondimba, 50 ans, est désormais le candidat du Parti démocratique gabonais (PDG) à l’élection présidentielle qui devrait théoriquement se tenir le 30 août prochain. Le 15 juillet, le bureau politique du parti a approuvé « par acclamation » la délibération de son comité restreint de dix-huit membres, l’instance chargée de se prononcer sur la validité des candidatures à la candidature.
Tout s’est dénoué le 13 juillet, à 15 heures. Face à son challengeur Casimir Oyé Mba, 67 ans, Ali Bongo Ondimba a pu compter ses soutiens à l’heure de passer au vote clôturant le processus de sélection. D’abord, Guy Nzouba Ndama, le président de l’Assemblée nationale, dont la proximité avec Ali n’est un secret pour personne. Ensuite, Faustin Boukoubi, secrétaire général du parti et grand ordonnateur de la procédure de désignation du candidat.
Enfin, Jean-Rémy Pendy Bouyiki, ancien ministre d’État, et Germain Ngoyo Moussavou, président du groupe parlementaire au Sénat, qui, tous deux, ont côtoyé Ali au sein du courant des Rénovateurs du PDG, dans les années 1990. Le candidat pouvait en outre compter sur le soutien de son oncle, Luc Marat Abila, président du groupe parlementaire du PDG à l’Assemblée nationale, et sur la bienveillance de Michel Essonghe, fidèle compagnon du « patriarche » disparu et apparatchik de l’Ogooué-Maritime.
Hyperactif dans les coulisses, Richard-Auguste Onouviet, un poids lourd de la région de Lambaréné au sein du comité, qui, après être tombé en disgrâce auprès du défunt président, se prend à rêver d’un meilleur sort. Il s’est donc employé avec zèle à convaincre les sceptiques. Paul Toungui, un moment intéressé par le fauteuil présidentiel, a lui aussi joué des coudes pour le compte du frère cadet de sa compagne, Pascaline Bongo.
Une seule abstention
Lors du vote, la seule note discordante est venue de Paulette Missambo, qui s’est abstenue. L’ancienne ministre d’État, vice-présidente du PDG depuis septembre 2008, pouvait-elle agir autrement ? « Elle n’a pas voulu choisir entre Ali et son compagnon [Casimir Oyé Mba] », explique un des membres du Comité.
Le 15 juillet, lorsque le bureau politique s’est réuni pour entériner ce vote, il n’y a pas eu de débats. Membre de la délégation du Haut-Ogooué à ce même bureau, le général Idriss Ngari, oncle et ex-meilleur ennemi d’Ali, a congratulé le vainqueur. D’abord tenté par la course à la présidence, il a fini par rentrer dans le rang, au nom de l’union sacrée de la famille, enfin réconciliée.
Très offensif depuis son oraison funèbre controversée du 16 juin, dans laquelle il s’en était pris à Ali, le Premier ministre Jean Eyeghe Ndong, qui était candidat à la candidature, a applaudi le gagnant avant de le féliciter et de lui donner l’accolade. Mais, deux jours plus tard, le 17 juillet, il démissionnait de son poste de Premier ministre pour se présenter en tant que candidat indépendant.
En sera-t-il de même pour Casimir Oyé Mba ? Après les félicitations d’usage et un bref aparté avec Ali Bongo, le ministre des Mines s’est éclipsé. Des rumeurs persistantes lui prêtent un état-major de campagne qui, depuis Paris, préparerait d’ores et déjà une candidature indépendante. En attendant, l’ancien gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) entretient un suspense quasi insoutenable, tant pour ses adversaires que pour ses partisans potentiels. Quand franchira-t-il enfin le Rubicon pour défier – et diviser – la « machine PDG » ? À l’heure où nous mettions sous presse, Oyé Mba ne s’était pas encore exprimé.
Duel fratricide ?
Exilé à Paris depuis plusieurs semaines, André Mba Obame, l’ancien et tout-puissant ministre de l’Intérieur, s’est déclaré candidat à la présidence, le 17 juillet, dans un discours prononcé à Barcelone – là même où s’est éteint Omar Bongo Ondimba, le 8 juin. Confirmant ainsi que la rupture est consommée entre les deux héritiers du « bongoïsme » : Ali, le fils biologique, et Mba Obame, le fils spirituel.
La campagne présidentielle, qui s’ouvrira le 15 août, pourrait se transformer en duel fratricide entre les anciens complices du courant des Rénovateurs. Parallèles au départ, les trajectoires de ces deux hommes, formés depuis 1984 à l’école du « Boss », vont forcément se croiser. L’opposition entre le candidat que les instances du parti ont choisi pour conserver le pouvoir et celui qui, en tant que ministre de l’Intérieur, a eu la haute main sur l’organisation des élections ces cinq dernières années promet une présidentielle disputée et à l’issue incertaine.