Le candidat de l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR), Pierre Mamboundou, a donné son meeting inaugural de campagne pour l’élection présidentielle du 30 août prochain au carrefour Rio à Libreville, son lieu de prédilection. Il y a décliné quelques idées de son projet de société. Le leader de l’opposition traditionnelle semble n’avoir nullement perdu de sa superbe.
Pierre Mamboundou, numéro un de l’opposition traditionnelle au Gabon et candidat de l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR) a choisi le carrefour Rio à Libreville pour donner le meeting d’ouverture de sa campagne électorale. Ainsi que l’expliquera un peu plus tard Me Ndaot Rembogo, directeur national de campagne de ce candidat, la place de Rio est un lieu mythique dans l’histoire de la lutte pour le changement, la liberté, les droits et l’alternance au Gabon.
Ce carrefour était donc noir de monde, ou plutôt « rouge » de monde du fait que cette couleur reste le signe de reconnaissance des militants et sympathisants de Pierre Mamboundou. A son arrivée, celui-ci a procédé à un bain de foule dans une marée humaine préalablement chauffée à blanc par les harangueurs, la musique et les diverses animations folkloriques.
Plusieurs orateurs se sont succédés à la tribune avant que le candidat de l’ACR ne délivre son message. Notamment, Marguerite Virginius Makanga, sociétaire du Rassemblement national des bûcherons (RNB) pour le mot de bienvenue, Yvon Moussossi, porte-parole des sages et notables du Gabon, un étudiant qui s’est exprimé au nom d’un « pool d’étudiant pour l’alternance » ou encore une gabonaise se réclamant du Mouvement civique du Gabon, venue de France pour prendre part à «l’ultime combat ». Celle-ci a provoqué la liesse du public en terminant son propos par un proverbe Fang dont la traduction serait «ce n’est pas parce que la nuit a été longue que l’on doit oublier son rêve.»
Me Louis-Gaston Mayila, président de l’Union pour la nouvelle république (UNPR), parti membre de l’ACR, a fait une courte apparition et comme à son habitude, ses exhortations ont électrisé la foule avant que n’apparaisse enfin la candidat Mamboundou. Arborant la cravate rouge qui ne sort plus de sa panoplie, l’homme a fait montre d’une complicité avec le public qui terminait la plupart de ses phrases et leitmotivs.
L’essentiel de son message a consisté en une déclinaison de certains aspects de son de programme de gouvernement visant principalement à restaurer, à «faire revivre le pays. »
Pierre Mamboundou s’est surtout appesanti sur les aspects sociaux de son projet de société qui comportera quatre secteurs protégés dont les travailleurs bénéficieront d’un traitement particulier: la santé, l’éducation, la justice et l’armée. Il envisage, notamment, l’organisation des états généraux de la Défense en vue d’une harmonisation de l’échelonnement des carrières et d’une prise en compte de la réalité sociale du soldat.
Le candidat de l’ACR a également annoncé une augmentation du Smig après consultation avec le patronat, la réduction de l’équipe gouvernementale et la suppression de certaines institutions de la République jugées superflues. Notamment le Sénat qui bénéficiera toutefois de mesures transitoires permettant aux sénateurs actuels de terminer leurs mandats.
Le président de l’Union du peuple gabonais (UPG) a également promis une assurance maladie pour tous les Gabonais et des allocations familiales pour tous les Gabonais en âge de les recevoir et non plus seulement pour ceux qui travaillent. Il a projeté une minimalisation du coût de l’eau et de l’électricité en vue d’amener chaque famille à avoir ses propres compteurs.
Il a par ailleurs promis que l’obtention du Baccalauréat sera la seule condition pour bénéficier d’une bourse d’études et que le redoublement durant les études supérieures ne sera plus un motif de rupture de bourse.
Sans doute conscient du niveau moyen de son public, Pierre Mamboundou ne s’est pas vraiment attardé sur les aspects économiques de son projet de société. On aura toutefois retenu que de nombreux projets porteurs, laissés en jachère ou avortés, seront remis à jour ; à l’instar du projet de port en eaux profondes de Mayumba et de l’autoroute nationale qui y est liée.
A l’applaudimètre et au regard de l’affluence enregistrée à Rio en ce jour d’ouverture de campagne, on peut affirmer que la popularité de Pierre Mamboundou n’a pas vraiment été entamée. A moins que ce ne soit l’effet ACR…