Le candidat indépendant, André Mba Obame, a choisi le quartier « chaud » de Kinguélé pour animer, le dimanche 16 août, le premier des deux meetings qu’il a donnés à Libreville pour son deuxième jour de campagne. Didactique, l’ex-ministre de l’Intérieur a expliqué les procédés électoraux, stimulé l’optimisme des électeurs avant de décliner quelques aspects de son projet de société.
André Mba Obame, a choisi Kinguélé, un quartier sous-intégré du 3e arrondissement de Libreville pour la deuxième journée de sa campagne électorale.
Une foule composée de curieux et sympathisants arborant tee-shirt et autres accessoires à l’effigie de Mba Obame s’était donnée rendez-vous, le dimanche 16 août denier sur la place du petit marché de Kinguélé, pour écouter celui que l’on nomme le « candidat de l’interposition » depuis son entrée en lice pour la présidentielle en cours.
Quelques orateurs se sont succédés sur le podium avant l’ancien ministre de l’Intérieur, notamment, « Verre Cassé », la présidente de l’Association des handicapés du Gabon, un adolescent représentant les jeunes des mapanes (quartiers pauvres) et un autre ayant introduit des questions auxquelles le candidat s’est attelé à répondre de manière didactique après avoir délivré son message.
L’essentiel du message de André Mba Obame, que l’on surnomme également « Assurance maladie Obligatoire » du fait que l’acronyme issu de ce groupe de mot correspond à ses initiales mais aussi parce qu’il était l’initiateur de l’assurance maladie alors qu’il était ministre des Affaires sociales, a consisté à convaincre les populations d’une alternance certaine au terme du scrutin du 30 août.
« Tous ensemble nous allons donner corps à cette espérance. Ensemble vous et moi, nous allons transformer le doute qui nous habitait jusque-là en espérance : La nouvelle Espérance que je vous propose », a martelé le candidat à la présidentielle avant d’ajouter : « Dans deux semaines, le 30 août prochain, ça changera ! »
«Je vais vous apporter une rupture responsable pour que plus jamais un Gabonais ne disent : On va encore faire comment ! Le pays est géré ! Désormais on va faire comme vous voulez !
Désormais le Gouvernement va faire ce que veut le peuple ! Désormais on va faire ce que veut le peuple Gabonais !», a promis Mba Obame qui n’a pas manqué d’expliquer son concept de « rupture responsable »
« La rupture responsable c’est une scolarité de qualité pour chaque enfant de ce pays. Et c’est l’État qui paiera. La rupture responsable c’est offrir à chaque jeune un métier et un emploi. La rupture responsable c’est consacrer en moyenne 100 milliards de Fcfa pour éliminer les « Mapanes » de Libreville et offrir une maison convenable à chaque famille. »
S’attelant à tordre le cou aux appréhensions des électeurs, Mba Obame, très pédagogique, a expliqué les « formidables avancées », ces dernières années, du système électoral gabonais :
«Le vote se fait uniquement dans des lieux publics et à chaque bureau de vote correspond une urne et une seul qui porte un numéro unique.
Il existe environ 3000 bureaux de vote. Chaque candidat a la liste des bureaux de vote, leur localisation et leur numéro. Et chaque candidat a le droit de désigner un représentant dans chaque bureau de vote.
Donc, ceux qui organisent des simulacres de vote dans des villas abusent de la confiance des candidats pour lesquels ils disent faire cela.
Et pour acheter un bureau de vote, il faudra corrompre plus de 28 personnes dans les 3000 bureaux de votes, soit plus de 70.000 personnes au total. Faites vous-même le calcul.
Avant le vote et dans chaque bureau de vote, les bulletins de vote de tous les candidats doivent être signés par le président du bureau de vote, les deux vice-présidents et les deux accesseurs.
Ces personnes qui doivent être désignées par la CENAP, la majorité et l’opposition ne sont pas aujourd’hui connues. Il n’est donc pas possible d’organiser un simulacre de vote sans la complicité de ces personnes.
Depuis les élections législatives de 2006, le secret du vote a été renforcé par les enveloppes poubelles dans lesquelles l’électeur doit déposer les bulletins des candidats qu’il n’a pas choisis. »
Entrecoupé par les acclamations et les interpellations du public, les propos de Mba Obame ont également été l’occasion pour lui de laisser entrevoir quelques pans de son programme politique. Notamment sur la santé et l’éducation : « A partir du 1er janvier, tous les Gabonais pourront aller à Jeanne Ebori, à l’hôpital militaire (…) avec une simple carte et on les soignera ».
Le « candidat de l’interposition » a également évoqué la prise en charge de la scolarité des enfants, l’orientation professionnelle des jeunes et l’attribution d’allocations familiales.
Les populations de Kinguélé n’ont pas manqué de se féliciter de la visite dans leur quartier, considéré comme un « chaudron », d’un candidat à la présidentielle alors que peu de politiques n’osent s’y aventurer.
Présenté comme la « capitale des mapanes », les quartiers populaires très pauvres, Kinguélé symbolise en effet la résistance, la lutte pour le changement, la liberté, les droits et l’alternance au Gabon. C’est le lieu mythique des premiers meetings du Front uni des associations et des partis de l’opposition (FUAPO) et l’épicentre des émeutes sociales durant les balbutiements du multipartisme gabonais au début des années 90.
André Mba Obame a ensuite donné, dans la même journée, un autre meeting sur la plage situé en face du Lycée Léon Mba où l’attendait encore plus de monde.