Le candidat indépendant à l’élection présidentielle du 30 août, Bruno Ben Moubamba, a entamé depuis l’ouverture de la campagne électorale le 15 août dernier, une grève de la faim devant l’Assemblée nationale à Libreville pour demander le report du scrutin. Dans une interview qu’il nous a accordée le 18 août, Ben Moubamba fustige avec virulence la manipulation du processus électoral et des institutions de la République par le parti au pouvoir.
Tous les membres du collectif des candidats auquel vous vous êtes allié pour demander le report de l’élection ont démarré leur campagne et commencent déjà à briguer les suffrages des électeurs. Selon vous, quel a été l’élément déclencheur pour qu’ils abandonnent les poursuites judiciaires ?
«Le collectif ne s’est pas retiré de la démarche. Le collectif a deposé un recours auprès du Conseil d’Etat et de la Cour Constitutionnelle. Madame Mbourantsouo est portée absente ou a disparu. C’est à elle, au Conseil d’Etat et à la Cour Constitutionnelle de régler ce problème de l’illégalité et de l’irregularité du scrutin. Madame Mborontso est-elle toujours au Gabon ? Il faudrait que les journalistes vérifient.(…)
En réalité la différence entre moi et les candidats est que moi, je ne fais pas confiance aux institutions telles que la Cour Constitutionnelle et le Conseil d’Etat, surtout par rapport à ce qui s’est passé en 1993, 1998 et 2005.
J’ai l’impression que le PDG est partout, le PDG est juge et parti. En fait le Gabon est un état PDG et cela, pour moi, c’est inacceptable. Le Gabon est à tous, le Gabon ne peut pas être la propriété d’un groupe, d’une mafia politiste. Les autres ont fait confiance, tout en ne se faisant pas d’illusions, ils ont quant même déposé leur recours. Mais moi comme je ne suis pas seulement un universitaire mais un homme d’action, j’ai decidé de passer solitairement à la grève de la faim, parce que la grève de la faim est une arme politique qu’ont utilisé certains, comme Gandhi pour obtenir l’indépendance de l’Inde.
La grève de la faim s’adresse normalement à des gens civilisés, mais je ne pense pas que les autorités de mon pays soient suffisament civilisées pour comprendre le sens d’une grève de la faim. En réalite je m’adresse aux Gabonais. (…) Au-dessus d’une autorité qui ne respecte pas les lois, il y a la souveraineté du peuple gabonais. Les Gabonais doivent cesser de se faire animaliser. 2000 francs CFA par-ci, un tee-shirt par là, une casquette par-là, enfin l’élection c’est pas une kermesse, on joue notre avenir là !
Est-ce que les gens peuvent être contents de l’état de l’éducation ? des routes ? des hôpitaux? des sacrifices humains ? des crimes rituels ? du désordre des moeurs ? du culte de l’argent pour lequel on peut faire n’importe quoi à n’importe qui au nom de quelques billets ? quel Gabonais digne de ce nom peut accepter sa ?
Moi j’ai envie de reveiller les Gabonais, j’ai envie de lancer une révolution éthique et morale dans mon pays. C’est le but de ma mission, je veux lancer une révolution éthique et morale dans mon pays. Parce que le PDG a amené l’immoralité et la corruption au Gabon. C’est ce que j’appelle la sorcellerie politique.
Tous vos adversaires sont déjà à pied d’oeuvre pour exposer et promouvoir leurs projets de sociétés. Votre demarche ne retarde-t-elle pas la promotion des solutions que vous proposez pour le Gabon ?
Je mets en doute le fait que des candidats fassent le tour du pays alors qu’il y a un coup d’Etat électoral, un coup de force et que les dés sont pipés. Pour moi ce carnaval dans tout le pays ne sert à rien, c’est une farce que d’aller de villages en villages, de villes en villes pour aller faire campagne alors qu’on sait que l’élection est jouée d’avance.
Moi je ne vais pas appeler au boycott comme Mba Abessolo à l’époque. Je ne vais pas non plus être content de la situation. J’ai une autre stratégie politique, c’est celle de la protestation. Je suis en campagne devant la maison du peuple gabonais. Tous les peuples du Gabon ont leur répresentant ici. Je m’adresse poliquement, spirituellement et moralement au peuple gabonais devant la maison d’un peuple.
Je suis en campagne et je visite l’ensemble du pays ici. Nous sommes un peuple de gens spirituels, les Gabonais comprendront ce que je veux dire, je n’ai pas besoin de faire le tour du pays en avion pour visiter en esprit le pays. Je visite en ce moment en esprit et en vérité l’ensemble du pays et je sais que les Gabonais m’entendent, les Gabonais me comprennent et je sais qu’il y a une compréhention mutuelle entre moi et le peuple gabonais.
Alors que la plupart des candidats ne pensent qu’à s’emparer du coffre-fort, de mener la grande vie et encore une fois de promouvoir le culte de l’argent facile et de l’utilisation de la rente arbitraire dans ce pays, promouvoir le désordre moral, faire du n’importe quoi avec notre pays en déshonorant nos ancêtres, moi je dis que le seul danger du Gabon c’est le PDG, ce parti doit être démantelé avec toutes ses tentacules. Tant qu’il y aura le PDG avec sa sorcellerie politique, aucune chance d’évolution du Gabon.
Est-ce que l’Union Soviétique pouvait évoluer avec le parti communiste ? Non. Est-ce que la Roumanie et les pays de l’Est ont vraiment progressé sous le parti communiste ? Non. Alors je dis sous le PDG, le Gabon n’évoluera jamais.
Si vous n’étiez pas reçu par le gouvernement, feriez vous quand même votre campagne ?
Il y en a qui aimeraient bien. mais je vais les decevoir. Je suis candidat à l’élection présidentielle et je compte bien continuer ma campagne à ma manière. Je sais qu’il n’y a pas une majorité de gabonais pour voter un militant du PDG à la présidence de la République. Si c’est le cas, ce sera de la fraude et du tripatouillage.
Ne vous faites aucune illusion, ce n’est pas parce que les meetings d’Ali Bongo ou d’untel sont remplis que ces gens vont voter Ali Bongo Ondimba, et Ali Bongo Ondimba le sait parfaitement, voilà pourquoi ils ont tenu mordicus à cette date du 30. Nous les soupçonnons d’avoir déjà signés de faux procès verbaux datés du 30, pour faire un coup d’Etat électoral, un coup de force pour imposer la poursuite du PDG à travers son candidat.
Pourquoi a-t-on laissé les gens en dehors des listes électorales, les gens qui voulaient s’inscrire ? Ce n’est pas un hasard ! Pourqoui on affiche les listes électorales d’une manière bizarre ? Pourquoi le collège électoral, le nombre d’électeurs, atteind les un million, plus d’un million d’inscrits ? Ce sont tous ces étrangers que l’on a inscrit ! Pourqoui des Gabonais ne sont pas sur les listes électorales, alors qu’il y a des étrangers qui sont sur des listes électorales, des Congolais, des Nigerians et on ne sait qui ?
Ce n’est pas sérieux, comprenez bien la gravité de mon acte. Moi je n’accepte pas qu’un Nigerian ou un Congolais vienne voter pour le président du Gabon. Nous avons des preuves, nous avons des passeports, mais quel Gabonais peut accepter de faire la kermesse électorale alors que des étrangers viennent voter dans notre pays pour choisir notre président. Ce n’est pas sérieux. Donc je fais la grève de la faim pour que l’on sache que dans ce pays, il y a des gens qui ne sont pas d’accord avec ce qui est en train de se passer. Je suis candidat, je resterais candidat, je ne me retirerais jamais et je ne m’alignerais jamais derrière quelqu’un d’autre.
Qu’attendez-vous du gouvernement ?
Il faut que le gouvernement revienne dans la légalité républicaine et la régularité administrative. Ils savent qu’ils sont en tort, mais ils sont tellement arrogants qu’ils ne vont pas reculer. Ils ne veulent pas reculer parcequ’ils sont en tort. Ils ne veulent pas le reconnaître.
Est-ce que je cherche à les rencontrer ? Pas du tout ! Je ne cherche pas à rencontrer le gouvernement, je souhaite que le gouvernement démissionne. Surtout que le gouvernement a amené le président de la République a posé des actes illégaux. Le président de la Republique a juré sur la Constitution de défendre la Constitution de notre République. Si le président de la République laisse démarrer un scrutin illégal, il faut se demander si réellement elle est encore présidente de la République. Est-ce que son serment sur la Constitution tient toujours ? Parcequ’elle a juré de défendre la Constitrution.
Est-ce que vous savez que dans le préambule de notre Constitution, on fait référence à la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 ? en l’article 21 de cette déclaration, on parle très précisément du principe inaliénable de l’honnêteté du scrutin, de l’honnêteté des élections. Puisque notre préambule dans la Constitution adhère à la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, si les élections ne sont pas honnêtes, le président a violé son serment constitutionnel.
C’est grave ce qui se passe. C’est peut-être parce qu’au Gabon, nous avons des tas de problèmes basiques de toutes formes, chacun pense à son bout de pain comme on dit, mais en réalité on est en train de détruire l’Etat dans ce pays. C’est le pouvoir, c’est les gouvernants qui sont en train de démanteler la notion même d’Etat moderne.
Omar Bongo, lui au moins, il fraudait mais il respectait les formes de la légalité. On ne l’a jamais pris en faute du point de vue de la légalité. Par contre, on savait qu’il y avait le bourrage des urnes, mais on n’avait pas forcément les preuves. Mais ce nouveau système PDG là, non seulement c’est irrégulier mais c’est illégal et en plus ils s’en fichent !
Vous vous rendez compte qu’un Premier ministre dit : «on vous a bien compris les candidats, mais la date du 30 août est non négociable !». Ces gens-là s’occupent plus du PDG que de l’État».
Publié le 19-08-2009 Source : gaboneco Auteur : gaboneco
Involved! That’s the best word to portray Bruno Ben Moubamba’s personality. He is the current spokesperson for the Free Actors of Gabonese Civil Society and he is running for the office of presidency. Bruno Ben Moubamaba is a 42 year old father of three children and actions to help other people have left their mark on his life. It is because he likes being present for others that after receiving his high school diploma in 1987 in Libreville, he decided to study philosophy, then communication, and to finish he obtained a doctorate in Political Sciences. Now, he is finishing this doctorate in Paris, at the École des hautes études en sciences sociales, EHESS.
After his studies in communications, Bruno Ben Moubamba made a humanitarian mission in 1992 in Bosnie-Herzégovine during the civil war. Then he started a career in journalism.
Bruno Ben Moubamba was not only a brilliant student and an appreciated journalist on Soleil Radio, Radio Sainte Marie (this radio was created by him in 1999 in Libreville), on television with KTO and Omega TV, he was also a man ofo action and a man of conviction. First, he has strong religious convictions. He is Catholic, and has held many discussions with Gabonese Episcopal authorities and with the Vatican (he wrote a letter to Pope Benedict XVI after his visit in Africa last march). That is why he pays attention toissues of poverty, human dignity and the respect of the others. In his view, being Christian means also defending an open, tolerant and generous society in which everyone has a place.
Secondly, he has strong political convictions. He has read the works of many famous philosophers and met many people in Gabon. He often says that “each meeting is a source of wealth, it is from them that action starts”. From these meetings, he has become convinced that it is a pressing necessity for all politicians to work to preserve peace and international balance, as well as to pay more attention to questions of health, employment, housing and access to education. Finally, and he considers this essential, a politician must promote the family, which is the necessary basic structure for society.
Bruno Ben Moubamba’s political gift is listening – and reflection before action. This is what makes it possible for him to produce results that match what people need.. It is this methodical commitment that has made him a popular and appreciated member of international meetings and organisations. He was recently decorated, last June, with the Médaille d’or de l’étoile européenne du dévouement civil et militaire. It is the best illustration of his commitment.
Bruno Ben Moubamba wants to orientate his actions in line with his convictions. To this end, he defends his convictions as the spokesperson for the Free Actors of the Gabonese Civil Society. For any politician, defending his conviction is not easy and it is the same for Bruno Ben Moubamba. However, the difficulties he met and overcame have enabled him to acquire, not a firmness – this is something he already had – but determination and unprecedented experience for man his age. However, Bruno Ben Moubamba is not satisfied with only having convictions. He is also a man of action who likes to help, serve and create.
This he proved it when he saved, Sindara which is one of the most important Catholic sites in the rain forest, 6 hours by car from Libreville.
It is thanks to Bruno Ben Moubamba that in 1999, an association called Edith Stein (a German nun who was a philosopher and theologian. She died in 1942 at Auschwitz, and has been since beatified, then named co-patron saint of Europe by Pope John-Paul II) adopted the objective of bringing back to life Our Lady of the Three Ears in the Equator, a sanctuary dedicated to the Virgin Mary which exists since the last century and was abandoned 20 years ago.
Over the last 10 years, thanks to the hard and methodical work of Gabonese volunteers and the association members, Sindara is little by little becoming once again a space of mediation, training, research, culture and agricultural activities. A primary school, a boarding school, some classes of junior high school in 2007/2008 and 2008/2009, have reopened. A free health clinic has been created and cures injuries, pains, temperature, malaria, measles and bites. Sindara is now a place which helps rural populations and is a sign of peace between ethnic groups and cultures.
This successful rehabilitation is due to the hard work of international and local volunteers, and also thanks to Bruno Ben Moubamba’s daring and visionary character. He knew how to tackle with pragmatism the question of rural development. He knew how to bring about change without adventure and invention without breakage. Sindara’s story tells us what Gabon can be and has to become. Bruno Ben Moubamba defends and promotes this vision of Gabon and of the African continent with energy and talent during his lectures, often given within the framework of his activities as director of the department Part’Africa in the IRIMEP (Institute of International Research for an Economic and Politic Mediation), during his speeches, during symposiums like the last one which took place in Reims (France) last April, and which was about “a new partnership between Europe and Africa”, and in his books (he contributed to the Vincent Aucante’s book entitled “Sub- Saharan Africa, and Globalization”).
Bruno Ben Moubamba does not look like a traditional politician. His personal life, from journalist to spokesperson for Free Actors of Gabonese Civil Society, through his voluntary work for the poorest, his bold humanitarian actions, his way of thinking without any taboos, his vision on Africa, his economic realism, his social convictions, all of this speaks for him, while Gabon has finally the opportunity to change the curse of its fate.