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Gabon : Port Gentil voit rouge

Le candidat de l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR), l’opposant Pierre Mamboundou, a été accueilli en fanfare le 23 août dernier dans la capitale économique du pays, Port Gentil, fief réputé de l’opposition gabonaise. La foule teintée de rouge, la couleur emblématique du candidat, a violemment fustigé le candidat du parti au pouvoir, Ali Bongo Ondimba, de passage dans la cité pétrolière deux jours auparavant, l’accusant notamment d’avoir soudoyé les populations pour participer à son meeting.

© gaboneco ; Les militants de Pierre Mamboundou bardés de rouge

La capitale provinciale de l’Ogooué Maritime, Port-Gentil, s’est revêtue de rouge le week-end dernier pour accueillir le candidat de l’Alliance pour le changement et la restauration, Pierre Mamboundou, soutenu par une coalition de cinq partis de l’opposition.

Le tarmac de l’aéroport de la capitale économique a été pris d’assaut par une foule de sympathisants dans l’après midi du 23 août dernier pour l’arrivée du président de l’Union du peuple gabonais (UPG), notamment soutenu par l’Alliance nationale des bâtisseurs (ANB) de maître Ndaot Rembogo, leader politique de la cité pétrolière.

Dans la foule, on pouvait entendre sander «tout sauf Ali», fustigeant la candidat du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), Ali Bongo Ondimba, qui s’était produit dans cette ville deux jours auparavant.

Place Joseph Rendjambe, plusieurs milliers de sympathisants de l’«homme en rouge», Pierre Mamboundou, en casquette et T-shirt rouges, se sont massés, jusque sur les arbres, pour apporter leur soutien au «célèbre opposant», candidat déçu des élections présidentielles de 1998 et 2005.

«Ali Bongo ne passera pas ! Tout sauf Ali !», lance Louis Gaston Mayila, président de l’Union pour la nouvelle République (UPNR), une des cinq partis de la coalition.

«Boum ! Ali est tombé ! Boum ! Ali est tombé !», entend-on dans la foule, alors que certains sympathisants immitent la chute, prédisant la défaite de leur adversaire.

41 ans «de pouvoir Bongo (…) ça suffit!», renchérit Pierre Mamboundou, martelant que le jour du scrutin «vous aurez l’occasion de faire en sorte que le changement soit une réalité».

«Ce qu’on vous demande, c’est ‘missou bala’ ! (‘les yeux ouverts’ en Punu, une langue locale) pour qu’on ne vous vole pas votre victoire», lance le candidat.

«On vous l’a volée en 1998, on vous l’a volée en 2005, mais cette fois-ci, en 2009, il faut que ‘missou bala’!», martèle-t-il acclamé par la foule.

«On ne peut pas accepter qu’un père laisse son fils» et que celui-ci «vienne aujourd’hui dire qu’il est capable de gérer l’Etat, alors qu’il est resté plus de 40 ans (…) sans faire grand chose», ajoute Pierre Mamboundou.

De jeunes sympathisants, bardés de rouge, renchérissent que «nous ne voulons pas d’Ali parce que nous ne sommes pas une dynastie. Nous sommes pour le changement»,soulignant que Mamboundou est le seul leader politique en lice pour l’élection présidentielle «qui n’a jamais participé à un gouvernement» et qui «n’est donc pas corrompu».
Dans la foule, certains scandent des propos plus violents, avertissant que «si Ali gagne, ça va barder !» ; «on va gaspiller !», alors que certains profèrent des menaces contre les Français, accusés de soutenir Ali Bongo. Pierre Mamboundou est par ailleurs accusé par certains candidats d’attiser la «rage du peuple» et d’encourager les émeutes.

«Le pays n’est pas un royaume. Si Ali gagne, c’est parce qu’il aura triché. Personne ne l’aime», assurent les militants.

«On veut le partage» des richesses du pays, scandent la foule, estimant que le bilan des 41 ans de régime Bongo «est nul». Les militants de Pierre Mamboundou accusent également l’entourage d’Ali Bongo d’avoir «payé 10 000 FCFA» par personne pour que les gens assistent à son meeting du 20 août. «Aujourd’hui, personne n’est payé», affirment-t-ils fièrement.

Avant de clore le meeting, Mamboundou a donné les dernières consignes de vote, expliquant que le 30 août, «chacun d’entre vous doit glisser son bulletin rouge dans l’enveloppe», puis rester dans le bureau de vote «pour surveiller».

«Vous assistez au dépouillement et dès que les résultats sont donnés, vous courez dans la ville pour déclarer que Pierre Mamboundou est le président !», a conclu le candidat de l’ACR, à l’instar de la plupart des candidats qui ont incité leurs électeurs à occuper les bureaux de vote pour prévenir la fraude.

La capitale économique, Port Gentil, est réputée pour être un acquise à l’opposition gabonaise et maître Ndaot, président de l’ANB, ancien maire de la commune, est restée l’une des figure politique les plus influente de la seconde ville du pays.

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