Première élection présidentielle ouverte à l’alternance depuis 41 ans, le vote du 30 août est également le premier à compter des femmes parmi les candidats à la magistrature suprême. L’ancienne hiérarque du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), Victoire Lasseni Duboze, la prophétesse, Claudine Ayo Assayi et la figure emblématique de la société civile, Yvette Ngwevilo Rekangalt, brandissent chacune leur carte, qui la femme, qui la foi, qui la compétence.
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Déjà rendue inédite par l’absence du «candidat naturel», le défunt président Bongo Ondimba, pour la première fois depuis le retour du multipartisme, l’élection présidentielle du 30 août est d’autant plus exceptionnelle qu’elle est la première à voir des femmes briguer la magistrature suprême.
L’ancienne hiérarque du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), Victoire Lasseni Duboze, 57 ans, était la première a annoncé sa candidature le 7 juillet dernier en tant que candidate indépendante.
Doyenne des trois candidates à la présidence, elle est également la seule à présenter une expérience politique avérée. Ancien député, ancien sénateur, ancien ministre et ancienne présidente de l’Union des femmes du PDG (UFPDG), dont elle assurait la présidence du groupe au Sénat, Victoire Lasseni Duboze avait décidé le 16 avril dernier de se retirer de la scène politique après 19 ans de carrière.
Alors élue au 1er arrondissement de Libreville, elle avait notamment indexé les manoeuvres et intimidations internes dans le PDG. Son retour sur le devant de la scène politique aurait notamment été motivé par l’arrivée de Rose Rogombé à la tête de l’Etat.
«Le brio avec lequel madame Rogombé gère les affaires de l’Etat, nous fait prendre conscience que les femmes gabonaises aussi peuvent aspirer à cette haute fonction, sans scrupules et sans état d’âme, avec beaucoup de confiance», déclarait-elle le 5 juillet dernier.
A cet effet, elle axe son programme sur la valorisation de la femme, dont elle estime qu’elle est «le baromètre de tout Etat», et semble pour cela recevoir une adhésion significative de la gente féminine.
«Je suis convaincue que les femmes sont capables, autant que les hommes, de présider aux destinées de notre Nation. (…) L’année 2009 ne représenterait-elle pas l’année de la femme aux commandes de notre pays ?», avait-elle lancé lors de la déclaration de sa candidature.
«Omar Bongo Ondimba (…) n’a-t-il pas sciemment planté le décor en prévoyant des femmes aux postes stratégiques comme la Cour constitutionnelle, le Sénat, le ministère de la Justice au moment où il nous quitte pour toujours ?» avait-elle encore souligné.
«La frustration, la colère et le repli identitaire, les hommes présentent un tableau peu rassurant. Une femme peut calmer les inquiétudes et apaiser les crises», écrit-elle enfin dans son programme de société. Victoire Lasséni Duboze joue donc sans ambages la carte du «pouvoir aux femmes» en mettant en avant les vertus de la fille, de la mère, de la soeur et de l’épouse.
La benjamine des candidates, la prophétesse Anna Claudine Ayo Assayi, 40 ans, représentant en indépendante le ministère des prophètes des Nations, a été la seconde à la mi-juillet dernier, à se mettre en lice pour l’élection du 30 août.
Titulaire d’un Master en Finances internationales, elle est la seconde candidature issue des confessions religieuses, après celle du pasteur Tomo.
«Dieu nous donne ici une opportunité de le remettre réellement à la tête de ce pays, lui seul qui est capable de rehausser le niveau moral de la société gabonaise, ligotée dans les filets de l’oligarchie», avait lancé la candidate indépendante, affichant clairement la carte du leader religieux.
Lors de la première semaine de la campagne électorale, elle avait fait une apparition remarquée sur la scène du meeting d’André Mba Obame, lors de laquelle il avait estimé qu’elle serait une bonne ministre de son gouvernement. Peut-on penser qu’elle s’alignera derrière le «candidat de l’interposition» ?
A 55 ans, la dernière arrivée dans la course à la magistrature suprême,Yvette Ngwevilo Rekangalt, est la plus diplômée avec une Maîtrise en droit public et privé de l’Université Omar Bongo, un DESS de droit international et comparé de l’énergie (Option droit nucléaire et droit pétrolier) obtenu à l’Université de Paris I (Panthéon- Sorbonne) ainsi qu’une formation en gestion à l’Institut français de Gestion.
Ancien cadre de Total Gabon (Elf Gabon à l’époque), femme d’affaires accomplie, elle est fondatrice de son cabinet de conseil spécialisé dans l’encadrement et le management des organisations de la société civile.
Membre fondateur de l’Association des Professionnelles Africaines de la Communication (APAC- Gabon), présidente de SOS Mwana et du Mouvement gabonais pour le bien-être familial (MGBF), elle présida en 1993 les destinées de l’Union des Associations, des Organisations non Gouvernementales du Gabon (EKAMA) ; et a beaucoup travaillé pour des organisations internationales à l’exemple du PNUD et de la Banque Mondiale
C’est donc la compétence qui se dessine comme l’argument de madame Ngwevilo Rekangalt face à ses concurrentes. Cette figure de la société civile ne prône pas un discours féministe mais avance plutôt qu’«il faut industrialiser, il faut avoir un regard bienveillant sur les filières de transformation des produits et des matières premières».
Toutes trois mariées et mères d’enfants, les femmes en course pour la présidentielle 2009 présentent toutefois des candidatures qui manquent pour certaines de substance par le manque de visibilité qui plane autour de leur projet de société. Si elles peuvent séduire sur certains points, ces candidatures manquent toutefois d’un réél poid politique pour être des adversaires crédibles dans cette lutte acharnée pour le fauteuil présidentiel.