Le ministre de l’Intérieur, chargé de la Défense nationale, Jean François Ndongou, a averti le 27 août les leaders politiques que des consignes strictes seraient données aux forces de l’ordre pour garantir la sécurité et prévenir les émeutes post-électorales. Dans un message à la presse, il a notamment rappelé l’interdiction des manifestations non autorisées, et exhorté les électeurs à ne pas s’attrouper aux alentours des bureaux de vote et à attendre «sagement» les résultats chez eux.
© D.R. – Le ministre de l’Intérieur, chargé de la Défense nationale, Jean François Ndongou
La tension monte autour de l’élection présidentielle du 30 août, pour laquelle les autorités ne cessent d’élever des garde-fous face à la pression populaire pour la transparence et la crédibilité du scrutin.
Alors que le gouvernement adoptait le 26 août dernier des mesures restrictives d’accès et d’occupation des bureaux de vote, interdisant notamment l’accès prolongé aux bureaux de vote aux électeurs et aux journalistes, le ministre de l’Intérieur, chargé de la Défense nationale, Jean François Ndongou, a rappelé le 27 août dernier avec «fermeté» qu’il appliquerait «la loi et toute la loi».
«Nous appliquerons avec la fermeté que nécessiteront les événements la loi, rien que la loi, toute la loi (…). Pour vivre en paix dans une société de divergences de toutes sortes, (…) j’affirme avec force et vigueur que ceux qui ne se soumettront pas à la loi seront sanctionnés par la loi», a déclaré monsieur Ndongou.
Concernant l’interdiction formelle des manifestations non autorisées par son ministère, le ministre a lancé «à ceux qui ont menacé d’organiser des manifestations non autorisées au lendemain de l’élection ou à la proclamation des résultats, j’en appelle à leur sens élevé des responsabilités pour reconnaître et accepter que force est à la loi, et force sera à la loi».
Il a ajouté qu’il n’est «pas indiqué qu’il y ait des attroupements autour des bureaux de vote. Ce qui pourrait nous amener à faire le dépouillement dans un autre lieu», alors que la plupart des candidats invitent leurs électeurs à rester dans les bureaux de vote pour prévenir la fraude au dépouillement.
Pourtant l’article 103 de la loi électorale stipule que «le scrutin étant clos, le président du bureau procède publiquement à l’ouverture de l’urne au lieu du vote, en présence des autres membres du bureau et des représentants des candidats», et l’article 104 que «le dépouillement est public. Il est effectué sans interruption au lieu du vote par les membres du bureau en présence des représentants des candidats ou des listes de candidats».
L’article 108 de cette même loi stipule encore «les résultats sont immédiatement annoncés au public par le président du bureau de vote qui remet séance tenante un exemplaire du procès-verbal au représentant de chaque candidat ou liste de candidats», ce qui suggère qu’il y ait un public aux abords des bureaux de vote.
«Il est normal que les compatriotes restent sagement dans leur résidence et attendent le résultat qui leur sera donné en temps opportun», a-t-il enfin ajouté, sans toutefois indiquer la date à laquelle seront communiqués les résultats.
Le ministre de l’Intérieur a encore fustigé les tentatives d’intimidation des électeurs, en rappelant que «les partis politiques ont été invités à manifester leur opinion», mais que «l’exercice de cette liberté ne saurait se transformer en attaque personnelle en agression de toutes sortes».
«Certains citoyens isolés ou rassemblés dans le cadre de partis politiques s’illustrent encore par des menaces physiques ou verbales envers d’autres qui auraient le malheur de ne pas partager les mêmes opinions que ces derniers», a-t-il déploré.
«Certaines communautés amies ont également fait l’objet des mêmes menaces», a-t-il enfin poursuivi, évoquant notamment les Nigérians, accusés publiquement de participer à une éventuelle fraude électorale.
L’accumulation des dispositions sécuritaires pourrait entraîner un sentiment de frustration chez les électeurs, qui manifestent un grand engouement pour cette élection présidentielle, la première où l’alternance paraît envisageable.