Les crimes rituels seraient récurrents en période électorale. Combien de cas avez-vous enregistré depuis le 15 août dernier, date à laquelle le Gabon est entré en campagne électorale en vue de la présidentielle anticipée?
Trois personnes ont été retrouvées mortes et quatre autres ont disparu. Au Gabon et dans la sous-région, l’accession aux postes politiques et la préservation du pouvoir nécessitent, selon une conception bien évidemment fausse, le sang et les sacrifices humains. Et tout cela se passe au nez et à la barbe des autorités judiciaires du pays. La période électorale est fertile en crimes rituels.
Vous parlez de la complicité des autorités ou du laxisme de la justice gabonaise?
J’accuse en premier lieu le chef de l’État, qui est le garant de toutes les institutions de la République. Il n’y a pas une réelle volonté politique de résoudre ce problème. Par ailleurs, il existe également une sorte d’impunité notoire dans le pays. Le système est très bien organisé, au point où les plaignants, notamment les parents des victimes, quelles que soient les preuves qu’ils peuvent apporter, n’ont jamais gain de cause.
Votre association rencontre donc d’énormes difficultés pour obtenir justice au nom de ses membres?
Nous avons des difficultés d’ordre politique et des problèmes purement judiciaires. Nos plaintes n’aboutissent jamais. Mais nous ne nous décourageons pas. Nous avons foi en Dieu parce qu’il s’agit là d’un combat spirituel. Les crimes rituels sont commandités dans les loges noires au cours des messes sataniques. Jésus ne nous abandonnera pas et nous croyons fermement que les choses vont changer.
Avez-vous les moyens de votre politique?
Nous avons les moyens humains. Il y a une forte mobilisation au niveau des églises où des veillées de prière sont régulièrement organisées et souvent même, des marches pacifiques. Mais nous avons des sérieux problèmes financiers. C’est l’occasion de lancer un appel aux Nations Unies et aux défenseurs des droits de l’Homme afin qu’ils apportent un appui à notre association.
Quelles sont les personnes les plus visées par ces crimes?
Il y a les enfants des foyers les plus démunis et ceux des familles d’immigrés. Dans d’autres pays, tels que la Tanzanie et le Rwanda, les albinos sont menacés. Au Gabon, ce sont les enfants issus des milieux très défavorisés qui sont les plus fragiles. Les commanditaires de ces crimes savent bien que les parents des victimes n’auront pas les moyens d’obtenir justice. Un enfant est enlevé presque chaque semaine dans les familles d’immigrés. Jamais l’enfant d’une personnalité importante de ce pays n’a été kidnappé depuis que nous menons ce combat contre les crimes rituels.
Quels sont les organes «prisés» par les commanditaires de ces crimes?
Les organes les plus recherchés sont la langue, les yeux, les oreilles et les sexes.
Comment opérez-vous pour endiguer le phénomène?
Nous organisons des campagnes de sensibilisation et apportons de l’aide socio-médicale aux familles victimes, ainsi qu’une assistance judiciaire».