Alors que la tension monte à l’approche de la proclamation des résultats officiels, les autorités ont encore accentué la pression sur les médias en demandant à la chaîne d’information internationale Africa 24 de quitter le territoire national. Après la coupure de la chaîne privée TV+, appartenant à André Mba Obame, l’un des trois favoris de l’élection du 30 août, et la radio Top Bendjé, de Séraphin Ndaot, allié de Pierre Mamboundou, un autre favori, cette décision renforce encore le «black-out médiatique» entretenu autour de cette élection cruciale de l’histoire politique du pays.
© gaboneco ; Africa 24 aurait été sommé de quitter le territoire national
L’équipe déléguée par la chaîne d’information internationale Africa24 au Gabon pour couvrir l’élection présidentielle du 30 août, aurait reçu l’ordre ce 1er septembre de quitter le territoire national par les autorités gabonaises pour «couverture inéquitable de l’élection présdientielle».
«Les autorités gabonaises ont demandés aux journalistes d’Africa 24 de quitter le territoire national dans les toutes prochaines heures», défilait en bandeau ce 1er septembre sur la chaîne internationale.
Joints par téléphone par notre rédaction, l’équipe d’Africa 24 a affirmé avoir reçu cet ordre du secrétaire général du ministère de la Communication, Christophe Othamot, qui aurait invoqué le «traitement inéquitable de l’information relative à l’élection présdientielle».
Dans l’après midi du 30 août, le jour du scrutin, la chaîne nationale privée TV+, appartenant à André Mba Obame, un des trois favoris dans les suffrages des Gabonais, avait été coupée pour des raisons encore non élucidées. Or, peu avant cette coupure, le présdient du CNC s’était rendu en personne au siège de cette chaîne pour donner un avertissement à TV+.
La télévision avait diffusé un film d’archive montrant le défunt président Omar Bongo à l’émission « Le Débat » lors de la présidentielle 2005. Dans l’extrait concerné, Omar Bongo Ondimba répond à une question du journaliste Jean Clair Total Békalé sur la plausibilité d’un dauphin ou d’un successeur. Omar Bongo répond, schématiquement, qu’il n’a jamais désigné un successeur et que le Gabon n’est pas une monarchie.
Le président du CNC a expliqué qu’il s’agissait là de propagande politique, alors que, selon le code électoral, la campagne électorale devrait s’achever la veille à minuit.
Durant sa croisade électorale, l’ex-ministre de l’Intérieur avait, à maintes reprises, annoncé que ses adversaires politiques préconisaient de couper sa télévision le jour du scrutin.
Les chaînes de radio et de télévision Top Bendjé, de Séraphin Ndaot, allié de Pierre Manboundou, un autre favori à l’élection présidentielle, ont également été coupées le 30 août et toute la journée du lendemain.
Le Conseil des ministres du 27 août dernier avait également décidé que le jour du scrutin, les bureaux de vote ne seraient accessibles aux journalistes «que de manière passagère», à l’occasion du vote de certaines personnalités.
Les journalistes ne pourront pas «y séjourner de manière permanente», précisait la disposition entérinée par le gouvernement.
Les autorités avaient notamment ajouté que «seuls les médias publics [seraient] autorisés à communiquer, de façon officielle, les résultats à partir des données fournies par le ministère de l’Intérieur».
«On nous a notifiés que tout commentaire sur des résultats qui ne proviendraient pas du ministère de l’Intérieur serait considéré comme une projection ou un sondage, et entraînerait automatiquement notre expulsion du territoire», précisait un journaliste étranger.
Or Africa 24 a diffusé dans la soirée du 31 août une émission au cours de laquelle elle a communiqué les premières tendances des résultats fournis par les trois favoris des suffrages des Gabonais.
Est-ce pour cette raison que la chaîne d’information internationale a été sommée de quitter le territoire national ? Possible. Toutefois, le ministre de l’Intérieur, Jean François Ndongou, a démenti au cours d’une conférence de presse qu’elle vient de tenir à 15H30 à Libreville, que son département, le seul habilité à expulser des ressortissants étrangers, ait donné l’ordre aux journalistes de cette chaîne de quitter le territoire national.
Il a par ailleurs indiqué que l’autorisation de séjour d’Africa 24 est arrivé à terme ce 1er août, affirmant qu’ils peuvent poursuivre leur converture médiatique jusqu’au terme du processus électoral.
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