En vue de dénoncer le non-respect de la loi et du processus électoral en cours, l’ancien ministre de l’Intérieur, André Mba Obame, un des trois candidats à revendiquer la victoire à la présidentielle de dimanche, a donné une conférence de presse le lundi 31 août dernier au QG de Zacharie Myboto, autre candidat à la même élection qui a tenu le même discours un peu avant.
© Gaboneco – Le candidats autoproclamé vainqueur André Mba Obame, accompagne de M. Éyéghé Ndong et M. Myboto, rallié après sa défaite annoncée, le 31 août 2009
Faisant suite à Zacharie Myboto qui, dans un point-presse donné le 31 août à Libreville, a appelé au « Respect de la constitution et à la volonté du peuple gabonais au sortie de l’élection présidentielle du 30 août 2009 », le candidat indépendant André Mba Obame a donné une conférence de presse en vue de dénoncer le non-respect de la loi et du processus électoral en cours.
La sortie d’André Mba Obame, qui était accompagné de ses alliés Jean Eyéghé Ndong, Paul Mba Abessole, Medhi Teale, Jean Ntoutoume Ngoua et Anna Claudine Ayo Assayi, a eu lieu au QG de Zacharie Myboto, le seul des candidats favoris à n’avoir pas laissé entendre qu’il était le vainqueur du scrutin du dimanche 30 août dernier. Ce dernier siégeait également à la table des conférenciers auxquels il prêtait l’hospitalité.
D’entrée de jeu André Mba Obame a déclaré que la coalition de candidats qui le soutiennent est en phase avec la déclaration de Zacharie Myboto. Sur la même lancée que ce dernier, l’ancien ministre de l’Intérieur a laissé entendre que : «Le Gabon est un Etat de droit et l’organisation des élections dans notre pays est codifiée.» Il a rappelé les différentes étapes consignées dans la loi électorale, à partir du bureau de vote jusqu’à la proclamation des résultats et du contentieux électoral s’il en est. «Seul le ministre de l’Intérieur, invité par le président de la commission électorale peut annoncer les résultats… Seule la Cour constitutionnelle peut déclarer un candidat élu à l’élection présidentielle», a-t-il précisé.
Ce rappel visait à démontrer que les textes de loi ne correspondent nullement à la déclaration faite dans la matinée par le candidat du parti au pouvoir, Ali Bongo Ondimba, qui a revendiqué la victoire et s’est «proclamé président de la République et président de tous les Gabonais».
André Mba Obame et ses alliés ont dénoncé cette procédure et déclaration «qui est tout, sauf conforme à la loi de notre pays, à commencer par la loi fondamentale.» Ils ont également stigmatisé «toutes les manœuvres autour de cette déclaration qui sont de nature à mettre les institutions de la République devant le fait accompli.»
Les conférenciers ont appelé la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP), la Cour Constitutionnelle, le Gouvernement, ainsi que le Président de la République à prendre leurs responsabilités afin que «force reste à la loi.»
André Mba Obame a mis en garde contre la mise en marche d’un «coup d’État électoral» et a souligné que «La population fera respecter ses droits comme tout citoyen épris de droit et de liberté. Il ne faut pas céder à la provocation. Ce qui s’est passé ce matin est une provocation [la déclaration d’Ali Bongo affirmant qu’il a gagné l’élection]. On fait une annonce, les gens descendent dans les rues, et on arrête le processus électoral. On l’a déjà vu dans d’autres pays.»
« Dans 7 provinces sur 9, le candidat du PDG (Parti démocratique gabonais, au pouvoir, qui a investi Ali Bongo) est battu. Vous ne pouvez pas remporter (l’élection) comme ça, sauf si les règles de l’arithmétique ont changé », a ironisé M. Mba Obame.
En début d’après-midi dans la même journée, Zacharie Myboto, au demeurant président de l’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD), a déclaré : «La déclaration précipitée, mensongère et inopportune du candidat du parti au pouvoir (PDG) est de nature à créer le désordre et la confusion dans l’esprit des Gabonais qui se sont prononcés très largement en faveur du changement dans les ¾ du territoire national et dans la très grande majorité des centres de vote à l’étranger», avant d’ajouter : «Les Gabonais ne sauront tolérer une fois de plus un coup d’État électoral comme en 1993, avec son cortège d’événements violents, entraînant la mort de nombreux compatriotes.