Craignant des représailles, les militants de deux prétendants à la victoire à l’élection présidentielle gabonaise ont pris des mesures pour protéger leur favori et les procès-verbaux des bureaux de vote.
L’atmosphère était tendue mardi à Libreville. La circulation, habituellement encombrée, était très fluide dans la capitale gabonaise, alors que les forces de sécurité étaient visibles aux carrefours stratégiques où elles avaient été déployées la veille. L’opposant Pierre Mamboundou et l’ex-ministre de l’Intérieur André Mba Obame, qui affirment tous deux avoir remporté la présidentielle ont pris des dispositions « pour protéger les procès-verbaux » des bureaux de vote ainsi que leur candidat. A Awendjé, au nord-est de la capitale Libreville, une centaine de militants ont organisé un piquet de sécurité devant le siège de l’Union du peuple gabonais (UPG), le parti de Mamboundou, qui est soutenu par une coalition de cinq autres partis. « Nous sommes ici pour défendre notre victoire, pour protéger nos leaders et aussi les procès-verbaux des bureaux de vote », affirme Georges Moussavou, un Gabonais de 42 ans, qui s’est improvisé protecteur de son opposant favori.
Les partisans de l’ex-ministre de l’Intérieur Mba Obame, qui dénoncent des irrégularités, ont également pris des mesures similaires de protection devant le domicile de leur candidat, près de l’aéroport, au nord-ouest de la ville, selon l’un de ses conseillers. Des tentes ont même été plantées aux alentours de la maison. Ces deux partis ont annoncé craindre une falsification des résultats par le PDG, parti au pouvoir qui a investi Ali Ben Bongo, fils de l’ancien président gabonais, Omar Bongo Odimba, décédé en juin dernier, et centralisent à leurs sièges les procès-verbaux de chacun des 3.000 bureaux de vote au Gabon et à l’étranger.
Selon les observateurs de l’Union africaine (UA), le scrutin présidentiel s’est déroulé « conformément aux dispositions légales », mais avec quelques « faiblesses » et « irrégularités ». Les entourages de Mamboundou et Obame annoncent depuis dimanche que leurs décomptes des voix les donnent chacun vainqueur. Ali Ben Bongo aussi. Il estime que les résultats préliminaires le placent largement en tête du scrutin. Désormais, chaque camp n’attend plus qu’une seule chose : l’annonce des résultats définitifs. Une annonce qui pourrait bien créer des remous surtout après les constats des observateurs de l’UA. Une Union africaine qui a lancé un appel au calme tandis que la température montait, et que les forces de sécurité intensifiaient leurs patrouilles.
Source: France Soir – Romain Bourg, le mercredi 2 septembre 2009 –