Le parti de Pierre Mamboundou invoque la déclaration des Droits de l’homme pour justifier un « recours à la résistance », contestant les résultats de la présidentielles. Port-Gentil reste en proie à une vague de violences et de pillages.
Le parti de l’opposant gabonais Pierre Mamboundou, arrivé troisième à l’élection présidentielle, a appelé ses partisans à la « résistance », vendredi 4 septembre. Le parti d’opposition UPG (Union du Peuple Gabonais) conteste les résultats annoncés jeudi par le ministre de l’Intérieur, selon lesquels Ali Bongo aurait remporté l’élection avec 42% des voix, contre 25% pour Pierre Mamboundou. Suites à ces résultats, une vague de violences a ébranlé Port-Gentil, capitale économique du Gabon.
« Face à l’oppression (…) l’UPG se prévaut de la déclaration universelle des Droits de l’Homme qui, en pareille circonstance, légitime le recours à la résistance », lance Thomas Ibinga, le porte-parole du parti. « Ensemble nous vaincrons », a-t-il conclu.
Mamboundou « blessé à la tête et à l’épaule »
Interrogé sur les actions de résistance à entreprendre, le porte-parole est resté évasif : « le peuple décidera ».
Par ailleurs, Thomas Ibinga a affirmé que les « militants de l’UPG expriment leur grande préoccupation pour la vie de leur leader », assurant n’avoir « aucune information de Pierre Mamboundou » depuis la dispersion violente d’un sit-in devant la Commission électorale. Jeudi, son entourage avaient assuré à l’AFP que l’opposant était « en lieu sûr », précisant qu’il avait été « blessé à la tête et à l’épaule ». Les militants « s’inquiètent des conséquences des traitements dont il a été l’objet, traitements qui de l’avis de nombreux témoins peuvent nous faire croire à la mort », a-t-il indiqué.
Couvre-feu « jusqu’à nouvel ordre » à Port-Gentil
Port-Gentil a été le théâtre d’une vague de violences et des pillages vendredi. En fin de matinée, les forces de l’ordre ont dispersé un attroupement de plusieurs centaines de badauds et pillards à l’aide de gaz lacrymogènes, rapporte l’AFP.
Le couvre-feu instauré jeudi soir à Port-Gentil restera en vigueur « jusqu’à nouvel ordre », a statué le ministre gabonais de l’Intérieur et de la Défense Jean-François Ndongou. La mesure est applicable entre 20h, heure locale (21h, heure française) et 6h (7h, heure française).
Des commerces ont été pillés et des stations-essence détruites dans la plupart des quartiers périphériques de la cité portuaire par plusieurs groupes de pillards. De nombreux journalistes qui couvrent l’évènement ont été malmenés.
Au total, une cinquantaine de personnes ont été interpellés dans la nuit de jeudi à vendredi, en lien avec des violences.
Les journalistes, « otages de la compétition »
Plusieurs journalistes de médias gabonais et internationaux couvrant les évènements, a protesté jeudi l’organisation Reporters sans frontières (RSF).
« Malmenés depuis le jour du scrutin, certains journalistes ont été menacés, d’autres tabassés, et des chaînes de télévision ont vu leur signal interrompu », malgré « d’apparentes bonnes conditions de travail le jour du vote », dénonce RSF dans un communiqué.
Les agissements incriminés sont tous liés « à de graves tensions politiques liées à l’élection présidentielle », précise l’ONG. RSF souligne que les médias ne doivent « pas (…) être les otages de la compétition entre les candidats » et appelle à les laisser travailler librement.
(Nouvelobs.com avec AFP)