Des heurts sporadiques ont été signalés à Port-Gentil dans la nuit de samedi à dimanche qui sont restés sans dégâts matériels. Le ministre de l’Intérieur et de la Défense, Jean-François Ndongou s’est rendu sur place et a promis l’état de siège si les choses ne rentraient pas l’ordre. Des indices laissent penser cependant que la vie devrait reprendre son cours normal en ce début de semaine.

© AFP – Une rue de Port-Gentil après les émeutes

Alors qu’à Libreville, la situation est revenue au calme, mis à part quelques pneus brûlés dans un quartier populaire suite de la défaite, face au Cameroun, de l’équipe nationale de football, on ne peut pas en dire autant de Port-Gentil.

En effet, dans certains quartiers populaires de la capitale économique, à l’instar du « Grand village » ou de « La Balise », des heurts ont été signalés dans la nuit de samedi à dimanche. Il s’agirait de petites bandes qui s’opposent aux forces de l’ordre à coups de cocktails Molotov et autres projectiles. Ces bandes ont, chaque fois, été dispersées par les forces de l’ordre.

Les magasins ayant été totalement mis à sac durant les deux premières journées des émeutes, les pillages ont cessé, faute de boutiques à dévaliser, mais les habitants ont donc tout le mal du monde à se ravitailler. Certains parcourent des dizaines de kilomètres pour trouver du pain dans des zones excentrées telles que l’aéroport. Durant la journée la ville est calme et certains habitants vaquent à leurs occupations. Ceux qui ont des automobiles se livrent au transport clandestin, appelé « clando ». Les piétons circulent également malgré les contrôles d’identités qui ont été systématisés.

Port-Gentil est, par ailleurs, envahie de rumeurs aussi farfelues qu’invraisemblables. Un habitant joint au téléphone pense, par exemple, que l’information selon laquelle les émeutiers auraient des armes de guerre est fondée sur le fait que quelques armes auraient été volées lors des attaques de la prison et du commissariat du Château, mais que celles-ci seraient sans munitions et n’auraient pas pu être utilisées par les civils. De même, on avance que les populations de la ville sont entrain de la quitter massivement. Il n’en est rien, même si la compagnie pétrolière Total a organisé un “repli temporaire” de ses salariés basés à Port Gentil et que, du fait de la fin des vacances scolaires, certains Gabonais reviennent à Libreville.

Le ministre de l’Intérieur et de la Défense, Jean-François Ndongou, a fait le déplacement de Port-Gentil ce dimanche 6 septembre. Suite à un tour de ville qui lui a permis de mesurer l’ampleur des dégâts et après des échanges avec les autorités militaires et civiles de la capitale économique, il a déclaré à des notables locaux : “Si d’aventure l’ordre, la paix et l’harmonie ne sont pas de mise, nous allons solliciter (…) l’autorisation au parlement” de mettre Port-Gentil en état de siège. “L’état de siège, c’est grave, il y a une interdiction de se déplacer sans une autorisation spéciale”, a expliqué M. Ndongou.

Le samedi 5 septembre au cours d’une interview sur la radio française RFI, Ali Bongo Ondimba qui a été officiellement proclamé vainqueur de la présidentielle, a déclaré qu’il “faut absolument que le calme revienne sur toute l’étendue du territoire”, avant d’ajouter, “Nous sommes un pays de droit et il y a donc des institutions qui sont là pour tous ceux qui ont des recours.”

Les commerces et grandes surfaces du centre ville de Port-Gentil, situé sur le littoral, n’ont pas été touchés et tout laisse penser que la vie devrait reprendre son cours normal en ce début de semaine. Les transports urbains ont timidement repris du service. Sécurisés par la présence des militaires, une vingtaine de taxis en circulation a été signalée ce dimanche, de même qu’une boulangerie avait ouvert et quelques commerçantes de légumes ont sorti leurs étals.

Dans un communiqué publié le samedi 5 septembre au soir, le gouvernement gabonais a affirmé qu’une mission de “diplomatie préventive” au Gabon du Sénégalais Moustapha Niasse, émissaire de l’Union africaine (UA) qui avait déjà séjourné dans le pays avant le scrutin, “ne se justifie pas”. Le gouvernement assure que la situation revient progressivement à la normale à Port-Gentil et est calme dans le reste du pays.