Alors que l’opposition déclarait le 3 septembre dernier que leurs représentants à la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) n’avaient pas signé les procès verbaux des résultas proclamés de l’élection présidentielle du 30 août, Jean Eyéghé Ndong a affirmé ce 7 septembre que la sécurité de ces membres seraient aujourd’hui menacée. De leur côté, les autorités nient toute forme de pression sur les opposants, en appelant les contestataires aux voies de recours légales prévues par la Constitution.
© Gaboneco – Jean Eyéghé Ndong affirme que la sécurité des membres de l’opposition à la CENAP est aujourd’hui menacée
Alors que les bruits courent sur la sécurité des opposants depuis les échauffourée du 3 septembre dernier entre les manifestants et la police devant le siège de la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP), l’ancien Premier ministre Jean Eyéghé Ndong, instigateur du Bloc uni des forces du changement censé faire barrage au Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), a alerté la population sur les pressions subies par les représentants de l’opposition à la CENAP.
A l’aube du 3 septembre, après une nuit passée au siège de la CENAP pour confronter les résultats, l’opposition avait affirmé que leurs représentants n’avaient pas signé les procès verbaux finaux proclamés par le ministre de l’Intérieur dès le lendemain.
Le vice-président de la CENAP, Gabriel Ndzembi, représentant de l’opposition explique qu’«au niveau du Haut-Ogooué, 4 ou 5 départements avec un nombre d’électeurs autour de 3 000 ont voté à 100%. Personne n’était absent au niveau du département et tous ont voté la même personne : Ali Bongo Ondimba».
«Je n’ai jamais vu ça depuis que je suis à la CENAP ! C’était le premier motif de refus de signer. Le deuxième motif : lorsque le ministre de l’Intérieur avait remis la liste électorale, les chiffres au niveau des inscrits s’établissaient à 813 667 électeurs, et lors de la centralisation il n’y avait que 807 000 électeurs environ. Donc il y avait un différentiel de 6 000 électeurs. Alors moi je me suis posé la question de savoir où sont passés ces 6 000 électeurs ?», a poursuivi monsieur Ndzembi.
«La troisième raison de refus de signer, ce sont les calculs faits au niveau des États-majors politiques qui n’étaient pas d’accord avec ce qui avait été annoncé par la CENAP», a-t-il conclu.
Ces motifs avaient amené 17 des 18 candidats à dénoncer l’annonce et la proclamation des résultats officiels, en fondant le Front de refus du coup de force électoral.
«Il faut que l’opinion soit informée de ce que ses membres représentants l’opposition à la CENAP sont dans l’insécurité et nous savons de quoi nous parlons», affirme aujourd’hui Jean Eyéghé Ndong, qui s’était désisté deux jours avant le scrutin avec quatre autres candidats pour faire barrage au PDG derrière Mba Obame.
«Ils sont dans l’insécurité et nous tenons à prévenir la population gabonaise que s’il arrivait quelque chose de malheureux à ces Gabonais qui représentent l’opposition à la CENAP, chacun devra prendre ses responsabilités», a prévenu l’ancien Premier ministre.
Sur ce point, les autorités nient en bloc les accusations. «Les candidats qui se sont opposés à Ali Bongo Ondimba ne sont nullement en danger. Chacun se promène librement à Libreville, leur État-major également», affirmait Paul Biyoghe Mba le 6 septembre dernier.
Et le gouvernement de battre en brèche en dénonçant des appels à la révolte des opposants qui seraient à l’origine des émeutes de Port-Gentil qui ont déjà fait trois morts depuis le 3 septembre dernier.
«Je trouve curieux, notamment dans le cas d’un des leaders de parti, alors que Port-Gentil lui a donné une belle victoire, qu’il choisisse cette même ville où il a gagné pour y commettre des exactions qui sont malheureuses», a lancé Ali Bongo.
La réplique de l’opposition est sans appels : «nous regrettons solennellement cet état de fait. Dès lors que le processus de l’élection est entaché d’illégalité, que personne ne s’étonne si après il y a des forfaits», rétorque Eyéghé Ndong.
Mais pour le nouveau président, aucune concession possible, «il faut absolument que le calme revienne sur toute l’étendue du territoire et encore une fois il y a des voies de recours», martèle-t-il.
Une position qui l’amènera même à refuser la médiation proposée par l’Union africaine pour résoudre ce conflit post-électoral, qui avait proposé l’envoi du Sénégalais Moustapha Niasse, celui-là même qui dirigeait la mission d’observateurs de l’UA pendant les élections.