Le président de l’Union du peuple gabonais (UPG, opposition), Pierre Mamboundou, qui a raflé plus de 25% des suffrages à l’élection présidentielle du 30 août, est brièvement réapparu à Libreville le 7 septembre dernier après une disparition de quatre jours qui avait laissé cours à toutes les rumeurs sur son état de santé. A l’occasion de la conférence de presse du Front de refus du coup de force électoral, hier après midi à Libreville, l’opposant accusé par les autorités d’être à l’origine des émeutes meurtrières de Port-Gentil, a fait une furtive apparition aux côtés des autres candidats, affirmant que sa sécurité était menacée.
© Static’/gaboneco – L’opposant Pierre Mamboundou avec ses militants le 3 septembre 2009 devant la cité de la Démocratie à Libreville
Porté disparu depuis les échauffourées du 3 septembre dernier devant la Cité de la démocratie à Libreville où il aurait été pris à partie par des militaires, le leader de l’opposition gabonaise, Pierre Mamboundou, est furtivement réapparu le 7 septembre dernier à Libreville pour la conférence de presse du Front de refus du coup de force électoral.
Arrivé en début d’après midi au siège de l’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD) où se tenait la conférence de presse des 15 candidats qui protestent contre les résultats officiels et dénonçent une violente répression policière, Pierre Mamboundou a passé près de deux heures avant de repartir alors que la conférence de presse n’avait pas encore commencé.
«Je suis wanted, je suis recherché comme un brigand», a-t-il lancé aux journalistes en montant dans sa voiture.
Le candidat de l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR), réunissant 5 partis politiques, a raflé 25,22% des suffrages au vote du 30 août dernier, gagnant notamment une très large majorité dans l’Ogooué Maritime, où ses partisans ont violemment contesté les résultats officiels dans la capitale économique Port-Gentil.
Le 3 septembre dernier, Pierre Mamboundou était avec ses partisans dans le grand rassemblement qui s’était formé devant la Cité de la Démocratie qui abrite le siège de la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) pour attendre les résultats.
Un rassemblement qui avait été dispersé par les forces de l’ordre, échauffourées durant lesquelles le président de l’UPG aurait été pris à partie par des militaires.
André Mba Obame, l’autre candidat de l’opposition revendiquant la victoire, à ses côtés durant l’incident, s’était réfugié dans un lieu tenu secret pendant trois jours. Dans une déclaration, il avait souligné que Pierre Mamboundou avait été «frappé» par les militaires.
«Nous étions dans le calme. Aucun incident depuis la veille au soir. Tout à coup, les bérets rouges arrivent et nous jettent des gaz alors que trois militaires ont foncé sur Mamboundou et moi. (…) Monsieur Mamboundou a été frappé», avait affirmé André Mba Obame, qui était également présent au siège de l’UGDD hier après midi.
Le 4 septembre, le porte-parole de l’UPG, Thomas Ibinga, avait affirmé n’avoir «aucune information sur Pierre Mamboundou», et avait exprimé «leur grande préoccupation pour sa vie».
Les autorités accusent le leader de l’UPG d’être à l’origine des violentes émeutes qui ont déjà fait trois morts à Port-Gentil depuis le 3 setembre dernier.
«Je trouve curieux, notamment dans le cas d’un des leaders de parti, alors que Port-Gentil lui a donné une belle victoire, qu’il choisisse cette même ville où il a gagné pour y commettre des exactions qui sont malheureuses», avait lancé Ali Bongo.
Hier, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur affirmaient que la situation à Port-Gentil était désormais sous contrôle, alors que le gouvernement avait décliné la médiation proposée par l’Union africaine pour apaiser la situation post-électorale.
«Le calme est apparent, précaire», affirme pourtant à Libreville un responsable de l’UPG, ajoutant que «tout est incertain, il peut se passer à tout moment quelque chose».
