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Au Gabon, "L'Union", journal de feu Omar Bongo, se rebiffe

Unique quotidien national gabonais, L’Union serait-il de trop ? Son directeur, Albert Yangari, n’a pas été en mesure de présider la réunion de rédaction, vendredi 25 septembre, comme il le fait chaque matin. En chemin, sa voiture a été stoppée par une unité de bérets rouges, les soldats d’élite de l’armée gabonaise, aux abords du rond-point de la Démocratie, à Libreville. Interpellé et placé en garde à vue, il a été sommé de s’expliquer sur la nouvelle ligne éditoriale de son journal.

L’Union

Les autorités assurent que les trois morts déplorés ont été tués par les émeutiers. Les témoignages recueillis par le journaliste Jonas Moulenda font état d’exactions commises par les militaires, qui auraient fait disparaître des cadavres. L’enquête intitulée « Je reviens de Port-Gentil » estime que 22 personnes auraient été tuées. L’opposition évoque 57 morts.

ASPIRATION DÉMOCRATIQUE

La publication, dans le journal de vendredi, d’une photo de douilles trouvées sur place et présentées comme provenant d’armes équipant les forces de l’ordre semble avoir exacerbé le mécontentement des autorités. L’auteur des articles a reçu des menaces de mort par téléphone, tout comme Abel Mimongo, un chroniqueur politique dont les papiers acides tranchent dans un paysage médiatique gabonais où l’allégeance et la langue de bois sont la règle. « C’est un tournant dramatique pour notre pays, témoigne un autre journaliste de L’Union. Du temps d’Omar Bongo, jamais personne n’avait été interpellé. »

Le quotidien, qui tire en moyenne à 25 000 exemplaires, a été privatisé dans le milieu des années 1990. Albert Yangari, ex-directeur de cabinet d’Omar Bongo et son porte-parole dans les années 1980, appartient désormais à un petit parti d’opposition, le Congrès pour la démocratie et la justice. Sa récente liberté de ton reflète l’aspiration à une évolution démocratique partagée par une très large part de l’opinion gabonaise. Mais les mésaventures du patron de L’Union tranchent avec la prétention d’incarner la « génération de la liberté d’expression » affichée par Ali Bongo, à quelques jours de sa prestation de serment.


, longtemps spécialisé dans l’apologie du régime d’Omar Bongo, a surpris ses lecteurs par sa liberté de ton depuis la disparition, début juin, du vieux président, couvrant de façon assez équilibrée la récente campagne électorale présidentielle et publiant des éditoriaux sans complaisance. Mais les militaires lui reprochent surtout la publication, depuis mercredi, d’une série de reportages remettant en cause le bilan officiel de la répression des émeutes qui, du 3 au 6 septembre dans la ville pétrolière de Port-Gentil, ont suivi l’élection contestée d’Ali Bongo. Aucune accusation précise ne lui a été notifiée. « Ils m’ont sermonné verbalement mais tout s’est bien passé. Je n’ai pas été molesté », a-t-il souligné lorsqu’il a été libéré quelques heures plus tard.

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