La Cour constitutionnelle vient d’accéder à l’une des revendications principales de l’opposition qui conteste les résultats du scrutin du 30 août. Elle va procéder le 29 septembre à un nouveau décompte des suffrages du scrutin présidentiel, dans le cadre des recours en annulation introduit par plusieurs candidats.
Dans une interview à Radio France Internationale (RFI), la présidente de la Cour constitutionnelle, Marie Madeleine Mborantsuo, a indiqué que «les membres de la Cour ont estimé qu’ils pourraient procéder au recomptage des voix en présence des huissiers désignés par les requérants».
«Il s’agit pratiquement d’un dépouillement» mais «cette fois-ci des procès verbaux de chaque bureau de vote. (…) s’il y en a 2800, ce sont les 2800 qui seront recomptés» a précisé Mme Mborantsuo.
Pourtant, cette revendication exprimée par l’opposition dès la proclamation des résultats du scrutin, le 4 septembre, avait été balayée d’un revers de la main par la Cour constitutionnelle. Sa présidente avait clairement indiqué que cette demande «n’obéit à aucune disposition de la loi».
Devant l’insistance de l’opposition, elle avait revu sa position, en concédant que «le décomptage des voix ne peut plus avoir lieu, du moins au niveau de la CENAP. Il leur appartient de saisir la haute juridiction et d’apporter des preuves en leur possession et le juge constitutionnel appréciera».
Le «recomptage des suffrages» qui va débuter ce 29 septembre sonne comme une réponse à l’opposition, regroupée au sein du Front de refus du coup de force électoral, qui avait demandé à la Cour constitutionnelle, dans sa déclaration du 24 septembre, à «lire le droit, rien que le droit». Pourquoi ce revirement de la Cour?
Depuis la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 30, qui a été suivie par des violentes émeutes qui ont défiguré la capitale économique Port-Gentil, le climat social est très tendu à travers le pays.
Le gouvernement et l’opposition se rejettent la responsabilité de ce climat délétère, ponctué chaque jour d’actes de «provocation» et d’«appels à la violence», selon le gouvernement et d’un «glissement insidieux» vers «l’autoritarisme» affirme l’opposition.
Face à une telle responsabilité et à l’absence d’une autorité morale susceptible de rapprocher les deux camps, la Cour a dû reconsidérer sa position pour accéder à la requête de l’opposition, sans doute pour rapprocher les points de vue des protagonistes. Une posture qui la placerait à l’équidistance des ces protagonistes pour lui permettre d’examiner avec sérénité les recours.
Par ailleurs, selon des sources proches du dossier, l’opposition aurait demandé dans ses recours le recomptage des procès verbaux qui ont conduit à l’élection du candidat du PDG. Selon ces sources, 67% de ces procès verbaux regorgent d’irrégularités. La validité d’une telle thèse conduirait inévitablement à l’invalidation de la victoire du président élu.
Plutôt que d’examiner uniquement les procès verbaux qui ont donné vainqueur Ali Bongo Ondimba, la Cour a certainement jugé utile de procéder à un nouveau décompte de tous les procès verbaux.
Cette posture permet à la Cour de baisser d’un cran la tension sur ce dossier brulant et de travailler dans une nouvelle disposition d’esprit. Elle a un mois pour dire le droit et surtout trancher ce nœud gordien qui étouffe chaque jour un peu plus la Nation gabonaise.