Le contentieux relatif à l’élection présidentielle du 30 août dernier vient d’accoucher d’un autre contentieux, opposant la Cour Constitutionnelle et les candidats malheureux ayant formulé des recours, en raison de la divergence des modalités de recomptage des procès verbaux proposées par les deux parties.
L’opération de recomptage des procès verbaux de l’élection présidentielle – concédée par la Cour Constitutionnelle à la suite des recours qu’elle a reçus de certains candidats malheureux – risque de prendre une autre tournure, en ce sens que les deux parties, après quatre heures d’horloge de discussion autour des modalités à adopter, ne sont toujours pas parvenues à accorder leurs propositions.
Alors que la Cour Constitutionnelle propose le recomptage des voix sur la base des procès verbaux dont elle dispose, en recevant les huissiers en qualité de simples observateurs, avec à la clé la non recevabilité des représentants mandatés des candidats, les requérants, eux, exigent mordicus la confrontation des documents en leur possession (procès verbaux, feuilles de dépouillement et listes d’émargement) et ceux de la Juridiction en charge du contentieux électoral. D’où le report sine die, sur fond de crise, de l’opération de recomptage.
De la salle où étaient installés les journalistes, on a entendu André Mba Obame, lors du tête à tête entre les membres de la Cour et la coalition des candidats requérants, marteler qu’il « n’accepterait aucun résultat qui ne soit pas issu de la confrontation des documents » et que si la Cour prenait la responsabilité unilatérale de procéder autrement, celle-ci « devrait se préparer à assumer les conséquences qui en découleront ».
C’est alors contre toute attente que le dauphin d’Ali Bongo Ondimba au scrutin présidentiel, par ailleurs ancien ministre de l’Intérieur, André Mba Obame, ait plutôt usé de la sagesse à la faveur de sa déclaration solennelle devant la presse.
« Nous continuons à faire confiance à la Cour Constitutionnelle et espérons qu’elle finira par recevoir nos recours en ordonnant le recomptage tel que nous le souhaitons. Rien n’est encore ni tard ni perdu, car la Cour dispose encore d’un délai légal de deux mois. Rien n’urge, d’autant que la Cour, à notre sens, ne devrait dire que la loi. Ce travail doit aboutir à des résultats acceptés de tous les Gabonais. Le moment est critique et l’enjeu est de taille, ce qui nécessite beaucoup de précautions », a-t-il conclu.
Bien qu’ayant été sollicités et approchés, les membres de la Cour Constitutionnelle se sont refusés à tout commentaire.