Lettre de demande de condamnation du coup d’état électoral
aux parlementaires européens
Paris, le 26 septembre 2009
Honorable député(e)
Nous, Plate forme de Veille et d’Actions Pour le Gabon (PVA Gabon), association à but non lucratif de droit français de la diaspora gabonaise, s’inscrivant au delà de tout clivage politique, ethnique et religieux, ayant pour objet de veiller à la défense des valeurs citoyennes et républicaines gabonaises et de promouvoir toute forme de développement au Gabon, condamnons vigoureusement le coup d’état électoral du scrutin du 30 août 2009 au Gabon.
Honorable, depuis le début du processus électoral pour la succession du feu président BONGO ONDIMBA El Hadj Omar, nous avons constaté et dénoncé plusieurs irrégularités et inégalités flagrantes parmi lesquelles:
• une liste électorale gonflée (de l’aveu du premier ministre gabonais actuel, membre du PDG1, il y avait 120 000 doublons sur les 800 000 inscrits, soit 14,67 % d’électeurs fictifs) ;
• une violation de la loi électorale avec la non publication dans les délais des décrets et ordonnances convoquant le collège électoral ;
• une présence des ministres candidats, dont Monsieur BONGO ONDIMBA Ali au poste de Ministre de la défense, bénéficiant ainsi des moyens de l’état pour sa pré-campagne jusqu’à deux semaines du scrutin ;
• les disparités entre les résultats des procès verbaux remontés des régions gabonaises (à partir des bureaux de votes) détenus par les 18 candidats à l’élection présidentielle et ceux de la CENAP2, ayant permis de déclarer Monsieur BONGO ONDIMBA Ali comme vainqueur ;
• l’illégitimité de certains membres de la cour constitutionnelle : l’article 89 de la constitution gabonaise stipule que la durée du mandat des conseillers est de sept (7) ans renouvelable une fois et que le président de cette haute juridiction est nommé pour la durée d’un mandat. Or cela fait près de dix sept ans (17) que Madame MBORANTSOUO, est présidente de la cour constitutionnelle gabonaise.
Honorable, les actes posés par l’état gabonais à travers son gouvernement et la CENAP2 ont fondamentalement fragilisé le pacte républicain gabonais. Aujourd’hui, nous assistons au Gabon à un recul de la démocratie et des libertés individuelles : les leaders de l’opposition sont menacés et interdits de sortie du territoire national, certains compatriotes sont harcelés, la presse est verrouillée et prise en otage par le parti au pouvoir. Tous ces éléments constituent des signes inquiétants pour la stabilité du pays.
Honorable, les atteintes aux symboles de la France que nous condamnons témoignent du rejet par les populations du Gabon de la Françafrique. Ce rejet s’explique entre autre par le rôle joué par la diplomatie parallèle de la France, incarnée par Monsieur Robert BOURGI (proche du président français). Cette politique, loin de garantir une quelconque stabilité, participe à la détérioration de la situation au Gabon et est à l’origine de l’enracinement de la dictature. Ceci laisse l’impression aux populations gabonaises qu’elles ne comptent pas, et contraste avec la position de défense des valeurs citoyennes et républicaines prise pour l’Iran par votre haute assemblée et vos gouvernements.
Onze (11) recours ont été déposés à ce jour auprès de la cour constitutionnelle gabonaise pour contester le scrutin du 30 août 2009. A cet effet, nous désirons que la loi soit dite. Il faudrait pour cela, honorable, que ces recours soient traités de manière objective et impartiale devant des institutions fonctionnant de façon indépendante, démocratique et transparente. Or, en plus de l’inconstitutionnalité de la cour, il est utile de rappeler que sa Présidente a eu deux enfants avec feu Monsieur BONGO ONDIMBA El Hadj Omar, père de Monsieur BONGO ONDIMBA Ali, ce qui pose un problème d’éthique.
Nous vous demandons donc, d’user des pouvoirs que vous confère votre rôle de député pour : condamner au niveau de l’Union Européenne cette mascarade électorale, appuyer les résolutions qui permettraient de garantir les libertés individuelles de tous les gabonais et de prendre position en faveur d’un débat parlementaire européen afin que soit enclenchée une enquête internationale fiable sur la réalité du scrutin du 30 août 2009 et sur les exactions commises au Gabon depuis le 03 septembre 2009, date de l’annonce des résultats du scrutin contesté.
Nous vous saurions gré de bien vouloir examiner avec minutie cette requête et vous prions d’agréer, honorable député(e), l’expression de nos respectueuses salutations.
Pour la Plate forme de Veille et d’Actions pour le Gabon
Yolande BAZEGUE, Coordinatrice
source: Plate forme de Veille et Actions pour le Gabon