Vendredi, à la veille de probables sanctions internationales contre la junte au pouvoir, Paris a demandé aux Français résidant en Guinée (environ 2 500 personnes) de quitter le pays. «Tout est possible en Guinée, puisqu’on ne sait plus très bien qui peut assurer la sécurité des civils», a déclaré à ce sujet le secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet, sur la chaîne France 24.
«Pas d’amélioration à court terme»
Selon l’ambassade de France en Guinée, plusieurs familles françaises «ont déjà quitté Conakry», tandis que d’autres «se manifestent» pour s’informer sur les modalités de départ ou simplement sur la situation.
Interrogés dans des médias étrangers, des Français habitant Conakry ont fait part vendredi de leur crainte de sortir dans les rues de la capitale, notamment la nuit, où les véhicules particuliers risquent des braquages meurtriers. «Il n’y a pas de perspective d’amélioration à court terme», indique le ministère des Affaires étrangères.
Les médias guinéens fustigent les propos de Kouchner
Si, selon les autorités françaises, aucun Français n’a encore été victime de menaces directes ou de violences physiques, des articles violemment critiques à l’encontre de la France ont été récemment publiés dans des journaux guinéens, qui fustigeaient notamment les déclarations de Bernard Kouchner.
Le ministre des Affaires étrangères a en effet suspecté publiquement le leader de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, d’avoir participé à la décision du massacre du 28 septembre. Ce jour-là, l’armée a violemment réprimé une manifestation de l’opposition à Conakry, tuant 56 civils et blessant 934 personnes selon un bilan officiel. L’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme estime, elle, que plus de 157 personnes ont été tuées et 1 200 blessées, dont de nombreuses femmes violées.
L’ultimatum de l’Union africaine fixé à samedi
Cette sanglante répression a suscité l’indignation de la communauté internationale. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a décidé vendredi de créer une commission internationale d’enquête sur ces violences. L’Union africaine (UA) a donné jusqu’à samedi minuit aux membres de la junte pour s’engager par écrit à ne pas se présenter à l’élection présidentielle de janvier, comme ils l’avaient promis lors de leur coup d’Etat du 23 décembre 2008.
Par ailleurs, les Etats-Unis ont demandé à la junte de quitter le pouvoir, alors que la Commission européenne estimait que le capitaine Camara devait être jugé pour «crimes contre l’humanité».
Selon Mamadi Kaba, responsable de la branche guinéenne de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), une manifestation serait organisée samedi «en faveur de la junte, comme une sorte de défi à la communauté internationale».
source: le parisien