La campagne pour la présidentielle équato-guinéenne, qui aura lieu le 29 novembre prochain, bat maintenant son plein, aussi bien à Malabo que dans d’autres villes du pays, et ce depuis le 5 novembre. Le président sortant, Teodoro Obiang Nguema, candidat à sa propre succession, a déjà affiché ses ambitions. Mieux, il se voit réélu avec au moins 97% des suffrages. Ce ne sera pas une surprise car à la présidentielle précédente, celle de 2002, Obiang Nguema s’en était tiré avec 97,1% des voix. Finalement, Ben Ali, le président tunisien, n’est pas le seul en Afrique à se faire élire et réélire à la soviétique.
Après avoir régné pendant 30 longues années, Teodoro Obiang Nguema, qui a accédé au « trône » en 1979, à la suite d’un coup d’Etat, faut-il le rappeler, n’est pas parvenu à développer la Guinée équatoriale. Il envisage d’y parvenir d’ici 2020. Le Président a annoncé clairement et distinctement ses intentions de rester au pouvoir au moins jusqu’à cette date. Qui pourrait l’en empêcher ? La tentation du long règne qui habite Teodoro Obiang Nguema trouve en réalité un terrain favorable à l’intérieur de son pays, en Afrique, surtout dans les pays alentours et enfin en Europe.
A l’intérieur du pays, ce n’est sûrement pas la voix de Placido Mico Abogo, le ’’seul opposant’’ que compte le parlement guinéen qui pourrait ébranler le Président. Sans opposition crédible, Obiang Nguema pourra toujours agir à sa guise et organiser des élections pour orner et amuser la galérie. C’est tout de même curieux que la Guinée équatoriale, fût-elle petite, ne compte qu’un nombre aussi limité d’opposants.
C’est dire en réalité que le président sortant, battant curieusement campagne pour sa réélection, est resté modeste dans son pronostic. En Guinée équatoriale, la quasi-totalité des pouvoirs sont entre les mains des proches du Président. Ceux-ci, contrôlant tous les postes stratégiques politiques et économiques, travailleront à n’en pas douter, à faire réélire indéfiniment le maître incontesté de Malabo au score qu’il voudra. A tout cela, il faut ajouter les immenses richesses procurées par la vente de la rente pétrolière que gère à souhait le clan présidentiel.
Hors des frontières de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema a sans doute été influencé par les longs règnes des chefs d’Etat voisins. Paul Biya dirige le Cameroun depuis 27 ans ; feu Omar Bongo a présidé aux destinées du Gabon pendant 40 ans ; Denis Sassou-Nguesso est aux commandes du Congo-Brazza de 1979 à 1992 puis de 1997 à nos jours, soit en tout 25 ans de règne. Plus loin, les présidents tunisiens et égyptiens ont battu des records. En Afrique, Teodoro Obiang Nguema ne ferait donc pas exception à la règle. Pourquoi se priverait-il alors d’user ses os à la présidence de son pays ? Telle pourrait être la question qu’il se pose.
Au-delà du continent africain, ce sont les pays de l’Union européenne vers lesquels la Guinée équatoriale exporte sa mane pétrolière, qui délivrent à Obiang le quitus pour son long règne. Non seulement les Occidentaux exploitent les ressouces naturelles équato-guinéennes dont ils ont besoin, déversant du coup des moyens financiers colossaux sur le pays, propres à faire perdre la tête à Obiang, mais en plus, ils ne dénoncent pas les graves manquements à la démocratie et aux droits humains.
Si des efforts ont été faits pour développer la Guinée équatoriale, 3e producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne, aujourd’hui classée 118e suivant l’Indice du développement humain, ces efforts-là ont concerné essentiellement les villes du pays, habitées seulement par 39% de la population. La majorité des Equato-guinéens reste pauvre, rurale et ne bénéficie pas des importantes ressources du pays.
Il lui revient alors de s’organiser et de faire entendre sa voix à la faveur d’événements majeurs comme l’élection présidentielle. Mais, osera-t-elle seulement ? Et pourtant, les changements, quels qu’ils soient, devraient d’abord être initiés de l’intérieur pour que la communauté internationale apporte son accompagnement. Pour l’heure, la majorité des 291 000 électeurs représentant les 500 mille Equato-guinéens, reconduiront Teodoro Obiang Nguema dans son fauteuil.
source: lepays. bf