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Gabon : Marc Ona dénonce une réforme «irréaliste» du secteur bois

Le leader de la société civile gabonaise, Marc Ona, président de l’ONG environnementale Brainforest et représentant local de Publiez ce que vous payez (PWYP), a vivement dénoncé le caractère «irréaliste et inapplicable» de l’interdiction de l’exportation des grumes à compter de 2010. Mettant en avant l’incapacité pour les entreprises gabonaises de transformer le bois localement à l’heure actuelle, Marc Ona a estimé que le gouvernement serait contraint de revenir sur sa décision face aux réalités de son application sur le terrain.

La décision du gouvernement d’interdire l’exportation des grumes à compter de 2010 suscite une réelle levée de boucliers parmi les industriels du secteur, mais également au sein de la société civile. Le président de l’ONG environnementale Brainforest et représentant local du réseau pour la transparence Publiez ce que vous payez (PWYP), Marc Ona, a dénoncé à son tour une mesure «irréaliste et inapplicable».

«Il s’agit ni plus ni moins d’une manoeuvre politicienne liée à Copenhague [sommet mondial sur le climat]. Cette mesure est irréaliste et inapplicable», a affirmé Marc Ona, lors d’une récente réunion du réseau PWYP à Paris.

«Le gouvernement n’a consulté ni la Société civile ni les industriels de la filière-bois. Il a pris unilatéralement cette mesure. Le plus grave, c’est qu’il n’y a aucune entreprise capable aujourd’hui de transformer le bois au Gabon», a-t-il poursuivi.

A Port-Gentil, le directeur provincial de la Société d’exploitation des parcs à bois du Gabon (SEPBG) explique en effet qu’«il est indéniable qu’il y ait véritablement un risque de dépôt de bilan pour la SEPBG si nous restons dans la forme actuelle de nos activités, puisque notre activité est tournée vers l’exportation des grumes», précisant que «toutes les grandes entreprise d’exploitation forestière installées au Gabon sont concernées».

Les industriels français de la filière bois avaient déjà averti que cette mesure «va perturber le trafic des ports et du chemin de fer au Gabon, des scieries en France (…) parce qu’il faut un an à deux ans pour construire les usines nécessaires».

Cette décision s’inscrit pourtant dans la logique du Code forestier qui prévoyait que 75% du bois coupé soit transformé sur place à partir de 2012. Plusieurs sociétés européennes se targuaient d’ailleurs d’avoir déjà atteint ce quota mais demandaient néanmoins du temps, voire des aides, pour parvenir au nouvel objectif fixé. Une requête exhaussée par le chef de l’Etat gabonais qui a annoncé l’indemnisation des industriels du secteur lors d’une récente visite à l’Élysée.

Mais pour Marc Ona, «envisager d’indemniser les industriels est déjà un premier recul», s’interrogeant de savoir «où Ali Bongo va-t-il trouver l’argent pour assurer les indemnisations qu’il a promises ? Au Trésor public ? Sur son argent personnel ? La mesure d’interdiction est boiteuse. Je suis sûr que le gouvernement va finir par reculer», a-t-il affirmé.

60% du bois étant actuellement exporté après transformation, pour passer à 100% il faudrait effectivement doubler les capacités industrielles, prévoir un meilleur approvisionnement en énergie, revoir le transport et former du personnel. Un changement de modèle qui ne peut pas se faire en un mois, mais qui doit prendra un à deux ans.

Le contexte économique non plus n’est propice à la mise en œuvre dans l’immédiat de cette mesure puisque la filière bois souffre encore des effets néfastes de la crise économique qui a fait chuter les exportations de bois.

La seule demande qui résiste demeure celle des pays asiatiques pour le bois brut, principalement la Chine qui représente aujourd’hui 80% des grumes exportés par le Gabon. Mais le Gabon ne fournit par contre que 4% des grumes importés par la Chine. Un schéma qui pourrait bien pousser les industriels chinois à préférer un autre fournisseur que le Gabon plutôt que d’investir dans un outil industriel.

Après le pétrole, les 22 millions d’hectares de forêts gabonaises représentent le deuxième pourvoyeur des caisses de l’Etat et le second employeur du pays, après la Fonction publique.

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