Le rapport de la mission d’évaluation des violences post-électorale diligenté par plusieurs Organisations non gouvernementales (ONG) gabonaises a été remis au gouvernement le 29 décembre à Libreville. Ce rapport très attendu lève notamment le voile sur le nombre de décès officiels lors des manifestations, finalement porté à 5 alors que l’opposition en dénonçait plus d’une quinzaine.
Près de quatre mois après les violences post électorales à Port-Gentil, le rapport de la mission d’évaluation des Ong dans la capitale économique était très attendu pour lever le voile sur le bilan des émeutes.
Synthèse de l’enquête diligentée par plusieurs ONG gabonaises, ce rapport qui a été remis le 29 décembre dernier au secrétaire général adjoint du gouvernement, Vincent Rawambia, tranche notamment sur le bilan humain des émeutes, pomme de discorde entre l’opposition et les autorités gabonaises, en portant le nombre de morts à 5, alors que les autorités en déclaraient 3 pendant que l’opposition en dénonçait plus d’une quinzaine.
Pour les ONG Croissance saine environnement, Observatoire des droits et de la démocratie en Afrique centrale et Réseau TI Gabon, une forte instrumentalisation de l’élection présidentielle et l’irresponsabilité des propos tenus par certains candidats seraient à l’origine des dérapages de Port-Gentil.
Si les ONG ont salué l’envoi des troupes militaires dans la capitale économique pour rétablir l’ordre, elles ont cependant fustigé le faible effectif des forces locales de sécurité et de défense qui ne leur a pas permis de maîtriser la situation.
Alors qu’en septembre dernier, l’opposition affirmait qu’«il y avait 15 morts» dus aux bavures militaires, le rapport indique, en attendant les résultats d’une enquête approfondie, que le nombre officiel de victimes serait de 5 en se basant sur les actes de décès recueillis à Port-Gentil.
Le rapport fait également état de la destruction de biens publics comme la prison centrale et le commissariat sis au quartier Château, de pillages de plusieurs magasins, mais aussi de la destruction de plusieurs biens privés.
Le rapport des ONG avance par ailleurs plusieurs recommandations au gouvernement, comme la mise sur pied d’une commission pour la réforme de la formation des forces de sécurité et de défense de Port-Gentil, la construction d’une nouvelle prison, ou encore la création d’un fonds de dédommagement ponctuel pour les commerçants légalement reconnus.
Au chapitre des recommandations, le rapport évoque également la tenue d’une messe de requiem, l’institution d’un fonds de soutien pour les familles ayant perdu un parent lors des émeutes post-électorales ou encore le remboursement des frais médicaux pour tous les citoyens, civils et militaires ayant subi des violences physiques de toute nature.
En attendant les résultats de la mission d’enquête dépêchée à Port-Gentil pour évaluer les pertes subies par les différents opérateurs économiques et propriétaires privés, les ONG souhaitent enfin que des mesures urgentes soient prises au profit des commerçants pour la relance de leurs activités.