Par FANNY PIGEAUD Correspondante à Libreville
Tire-au-flanc s’abstenir : au Gabon d’Ali Bongo, investi président en octobre à l’issue d’un scrutin contesté, tout le monde est prié de se mettre au travail. Et en particulier les 50 000 fonctionnaires de ce petit pays pétrolier d’1,5 million d’habitants, jusqu’ici pas vraiment connus pour leur assiduité et leur productivité. Le gouvernement vient d’instaurer pour eux la «journée continue» : ils doivent désormais être à leur poste de 7 h 30 jusqu’à 15 h 30, avec un arrêt de trente minutes pour déjeuner. Finie la longue pause de midi, qui courait officiellement de 12 heures à 14 h 30 et vidait complètement le centre de Libreville, la capitale.
Plus grand bouleversement encore, les autorités vont vérifier que les nouveaux horaires sont bien respectés. Ali Bongo enfonce le clou. Un vaste audit a été lancé en novembre pour débusquer les faux fonctionnaires et ceux qui perçoivent des salaires ou des primes non méritées. «Des contrôles seront opérés pour s’assurer que les agents de l’administration sont effectivement à leur poste à 7 h 30 et qu’ils le quittent bien à 15 h 30», a prévenu le ministre du Travail, Maxime Ngozo Issondou. Depuis l’entrée en vigueur, le 4 janvier, de cette nouvelle organisation, l’ampleur des embouteillages dans Libreville a diminué dans la journée, observe un chauffeur de taxi. «Les gens ne vont plus au travail à n’importe quelle heure comme avant. Ils sont maintenant tous en poste à 8 heures du matin», assure-t-il. Pour ceux qui n’auraient pas compris, des spots vantant la ponctualité et l’assiduité au travail sont régulièrement diffusés depuis plusieurs semaines par la télévision publique.
Ce changement de régime rendra non seulement les fonctionnaires plus efficaces mais devrait aussi leur donner du temps pour «s’adonner à d’autres activités telles que l’agriculture, le commerce, la formation, le perfectionnement professionnel», a expliqué Maxime Ngozo Issondou. Des emplois seront créés, notamment dans la restauration. Moins d’argent et de temps seront dépensés pour le transport. Du coup, les émissions de gaz à effet de serre seront réduites, selon les calculs du ministre. Peu de Gabonais avaient pris au sérieux Ali Bongo lorsqu’il avait lancé, le jour de son investiture : «L’heure a désormais sonné de se remettre au travail.» Est-ce la fin de la gestion laxiste du pays, caractéristique des quarante et un ans de présidence d’Omar Bongo, le père d’Ali ? Certains pensent qu’un holà va être mis à la paresse légendaire des Gabonais, qui consomment plus qu’ils ne produisent.