Au terme de sa première visite en Afrique de l’Ouest le 13 janvier dernier, le chef de l’Etat gabonais a réaffirmé la disponibilité du Gabon à œuvrer pour la préservation de la paix sur le continent africain. Saluant les efforts du pouvoir ivoirien pour la restauration de la paix dans le pays, le président gabonais a toutefois émis des réserves sur étiquette de «nouveau médiateur» que certains lui collent déjà, préférant évoquer la poursuite de la politique du défunt président Omar Bongo.
Après Ouagadougou la veille, c’est le 13 janvier dernier que le premier périple d’Ali Bongo en Afrique de l’Ouest s’est achevé à Yamoussoukro, la capitale ivoirienne, au terme de son entretien avec son homologue Laurent Gbagbo.
Cette visite qui avait pour premier objectif de saluer les chefs d’Etats burkinabè et ivoirien pour leur soutien lors du décès du président Omar Bongo en juin dernier, n’a pas manqué de tracer les contours de la politique du nouveau président gabonais auprès des pays du continent.
«Le but du voyage était de venir saluer et remercier les chefs d’Etat qui nous ont apporté un soutien. (…) La population gabonaise souhaitait que je puisse remercier tous les différents chefs d’Etat qui, à un moment difficile pour nous, ont témoigné leur solidarité et toute leur affection pour le peuple gabonais», a expliqué Ali Bongo.
Pour cette première mini tournée en Afrique de l’Ouest, où son père avait forgé de solides amitiés avec certains de ses pairs, mais aussi à travers de nombreuses médiations pour résoudre les crises diplomatiques et politiques, Ali Bongo a annoncé la couleur de sa politique extérieure : celle de la continuité.
Avant de quitter Gbagbo, le président gabonais n’a ainsi pas manqué d’«exprimer son soutien au chef de l’Etat, au Premier ministre, et à la classe politique ivoirienne pour leurs efforts constants en vue de restaurer définitivement la paix en Côte d’Ivoire». Toutes choses qui portent à croire que le fils est prêt à endosser le rôle de médiateur qui a fait la gloire de son père durant son long règne.
Mais «on ne se décrète pas médiateur», rétorque Ali Bongo, indiquant que «c’est à la demande de belligérants, de ceux qui ont des difficultés, que vous le devenez». Des réserves qui sonnent comme une bonne note sur son carnet d’apprenti médiateur. «Je ne peux pas dire que je vais m’autoproclamer médiateur comme Omar Bongo Ondimba», insiste l’héritier du pouvoir.
En revanche, «le Gabon reste disponible à pouvoir toujours aider et œuvrer à l’édification et la consolidation de la paix. C’est une politique qui est la nôtre. Nous avons appris auprès d’Omar Bongo les bienfaits de cette politique de constante recherche de la paix. Et cela reste une constante pour nous», explique le chef de l’Etat, marquant bien la ferme volonté de poursuivre l’œuvre de médiation jouée par le Gabon depuis plusieurs années.
Ces déclarations qui marquent la «continuité» de la ligne politique gabonaise contrastent toutefois avec les profondes réformes engagées en interne. Alors «rupture» ou «continuité» ? Comme il l’avait annoncé lors de sa campagne, Ali Bongo prône le «changement dans la continuité».
«Les mesures que j’ai eu à prendre sont des idées que partageait le président Omar Bongo. Après son discours qui dressait le bilan de ses quarante années de pouvoir, il avait déjà, lui-même, fait un devoir d’inventaire. Il avait indiqué ce qui marchait et ce qui ne marchait pas. Et des réformes devaient suivre», explique-t-il.
«Je m’inscris totalement dans cette philosophie qui consiste à revoir ce qui ne fonctionnait pas, surtout dans l’optique de pouvoir augmenter nos performances. (…) Tous le souhaitaient, tous le disaient. La seule différence est que moi, je l’ai fait», conclu-t-il à ce sujet.