La Coalition des groupes et partis politiques de l’opposition a publié le 20 janvier un communiqué pour dénoncer le budget 2010 défendu par le gouvernement devant le Parlement, avec notamment ses 900 milliards de francs CFA dédiés à l’investissement. L’opposition dénonce notamment le lancement de projets sur le budget 2010 avant que celui-ci n’ait été validé par le Parlement, ou encore les incohérences des enveloppes attribuées à certains département.
La Coalition des groupes et partis politiques de l’opposition a réagi avec virulence à la présentation du budget 2010 par le gouvernement, en dénonçant des pratiques illégales du nouveau pouvoir et un budget incohérent et suspect.
L’opposition se demande par exemple si «les taxes douanières et la TVA qui sont payées depuis le 1er janvier 2010, tout comme l’Impôt sur le revenu qui sera prélevé aux salariés et aux fonctionnaires à la fin de ce mois ont-ils une base légale ?», étant donné que le budget n’est pas encore voté.
Concernant la commande de 50 bus et la pause de la première pierre de l’échangeur de Nzeng-Ayong, le gouvernement «n’est-il pas en train d’exécuter un budget 2010 qui n’est pas encore voté par le parlement ?», renchérit le communiqué.
Ces dépenses ont de fait été engagées sans autorisation budgétaire et en violation du Code des marchés publics puisque qu’aucun appel d’offres n’a été lancé», ajoutent-ils.
Ils estiment par ailleurs que «Le budget 2010 n’est pas réaliste parce qu’il repose sur une prévision de croissance de 6,5% qui contredit celle du Fonds Monétaire International qui table plus prudemment sur un taux de croissance 2,6% dans son rapport sur les perspectives économiques régionales publié en octobre 2009. Alors qu’en 2009, les estimations de croissance admises par le Gouvernement sont de -1%, la prévision du Gouvernement laisserait croire que le Gabon gagnerait 7,5 points de croissance en une année, ce qui est au plan économique inimaginable».
L’opposition relève également que «le service prévisionnel de la dette publique, mis à jour le 30 septembre 2009, est estimé pour l’année 2010 à un total de 274,6 milliards de Fcfa. À notre grande surprise, ce montant a été porté à 444,8 milliards de Fcfa dans le projet de loi de finances présenté devant le Parlement, soit une augmentation de plus de 170 milliards de frans CFA».
«Que s’est-il passé entre le 30 septembre et le 11 décembre 2009 pour que le service de la dette publique du Gabon soit porté à un niveau aussi élevé ?», interroge la coalition.
Au chapitre des grands travaux engagés par le gouvernement, la coalition indique qu’«il n’existe aucune information sur le coût global des projets, ni sur leurs durées de réalisation. Sauf à imaginer que tous les projets inscrits seront entièrement réalisés en 2010, il est à craindre que ces projets ne soient que virtuels».
Pour appuyer son argument, la coalition donne l’exemple de la construction de 5 échangeurs prévue en 2010 sur la voie express à Libreville, pour un montant de 4 milliards de Fcfa chacun. «Qui pourra faire croire aux Gabonais qu’il est possible en 10 mois de mettre à jour les études et réaliser les travaux de construction de ces échangeurs ?», s’insurge l’opposition.
Et au chapitre de la CAN, «le pouvoir entend consacrer près de 92 milliards de francs CFA à la seule réfection du stade omnisport, soit plus que ce que la CAN a couté au Burkina Faso !».
«Le pouvoir annonce la réduction du train de vie de l’État, et voila que le budget de fonctionnement de l’Intendance des Palais Présidentiels passe de 3,8 milliards en 2009 à 5,4 milliards en 2010, soit une augmentation de 1,6 milliards de Fcfa qui ferait envie à tous les hôpitaux et à toutes les écoles du Gabon», dénonce enfin le communiqué.
«Plus de 5 milliards de Fcfa d’investissements sont consacrés à la résidence du Président de la République qui pourtant vient d’être refaite à neuf», s’insurge également la coalition.
De même, «le pouvoir annonce la réduction du train de vie de l’État, et voila que le budget de fonctionnement de l’intendance de la Primature a été augmenté de 150 millions de Fcfa. Le même Premier Ministre se voit octroyer des crédits de plus de 10 milliards de Fcfa pour l’évaluation des projets et 1 milliard pour des projets de développement imprévus. Au total, 11,45 milliards de Fcfa sont mis à la disposition du Premier Ministre sans objet déterminé. Soit 3,45 milliards de plus que celui qui l’a fait roi. Jamais Premier Ministre n’a disposé d’autant de moyens budgétaires pour des projets non identifiés !».
Enfin, «le budget du Secrétaire Général de la Présidence de la République connaît un bond spectaculaire en passant de 24 millions de francs CFA en 2009, à 620 millions de francs CFA, soit 26 fois plus que le budget de l’année précédente ; 520 millions de Fcfa sont consacrés aux seuls frais de missions du Secrétaire Général, soit 43 millions de Fcfa chaque mois», indique le document.
La coalition conclu en affirmant que «le pouvoir trompe volontairement le peuple en masquant la vérité derrière des projets dont la réalisation est plus qu’hypothétique, et des mesures populistes prises à la va vite. En réalité, ils sont en train de se partager le gâteau et ils ne prennent pas de gants! Tout se passe comme si ce Gouvernement, conscient de ce que sa durée de vie pourrait s’avérer courte, s’attelait à se constituer un « Trésor de Guerre » pour des desseins inavoués».