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Ali Bongo fait faux-bond à TV5 Monde

« Internationales », l’émission politique dominicale de TV5 Monde, devait être consacrée dimanche 24 janvier à une interview du président gabonais Ali Bongo Ondimba (ABO), à Libreville. Xavier Lambrechts (TV5 Monde), Bruno Daroux (RFI) et Philippe Bernard (Le Monde), qui officient conjointement tous les dimanches à 18h10 dans l’émission, avaient annoncé à l’avance cette grand-messe avec ABO. Tout semblait donc programmé.
Dès le 20 janvier d’ailleurs, les trois journalistes s’étaient rendus dans la capitale gabonaise, où l’enregistrement était prévu deux jours plus tard. Mais à la surprise des téléspectateurs, l’interview a été annulée au dernier moment, sans aucune explication, pour être remplacée par une spéciale « séisme à Haïti », préparée à la hâte. Simple contrainte de l’actualité ? Pas vraiment…
Pas de rendez-vous ultérieur
En réalité, la rencontre avec le président gabonais n’a jamais eu lieu. Le jeudi 21 janvier dans l’après-midi, les journalistes sont reçus par Laure Olga Gondjout, la ministre gabonaise de la Communication. Celle-ci les informe courtoisement que la rencontre est annulée. Elle explique qu’il n’y a dans cette décision rien de personnel à l’égard des journalistes, et qu’Ali Bongo a dû également renvoyer la chaîne satellitaire Al-Jazira, qui était venue pour l’interviewer. Aucune raison n’est avancée. Les médias s’en retournent donc en France les mains vides et les bandes vidéos vierges.
Le lendemain de l’émission sur la catastrophe haïtienne, les directions des trois médias reçoivent une lettre officielle d’excuses. Le gouvernement gabonais avance des « raisons impératives et indépendantes de la volonté du chef de l’Etat » pour expliquer son revirement la semaine précédente. Les frais des journalistes, venus inutilement à Libreville, leur seront évidemment remboursés. Mais le message ne fait pas mention d’un quelconque report à une date ultérieure.

La BEAC, un sujet trop sensible ?
Pourquoi ce revirement, alors que les journalistes français venaient interroger ABO au moment où il célébrait, le samedi 23 janvier, ses 100 jours à la tête du pays ? Une explication s’impose.
Quelques jours auparavant, le président gabonais était à Bangui, au sommet de la Cemac dont il est reparti très mécontent après avoir essuyé un revers de taille : le compromis de Fort-Lamy, qui assurait depuis 1975 la présidence de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) à un Gabonais, a volé en éclat. C’est l’Equato-guinéen Lucas Abaga Nchama qui a été nommé en remplacement du Gabonais Philibert Andzembé, mis en cause dans le scandale (révélé par Jeune Afrique) du détournement de plusieurs millions d’euros dans la succursale parisienne de la banque.
La perte d’un leadership longtemps conservé par le père de ABO, l’ancien président gabonais feu Omar Bongo Ondimba, serait-il un sujet trop sensible pour être abordé devant les caméras françaises ?

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