Rencontré ce mardi après-midi à l’Assemblée Nationale, le député débouté récemment des rangs du Rassemblement Pour le Gabon (RPG, ancienne majorité présidentielle), Alain Claude Bilié Bi Nzé, a indiqué dans un entretien exclusif accordé à un journaliste de GABONEWS qu’il est « assez surpris » parce qu’il n’a pas été « le seul député RPG à voter la confiance au gouvernement ».
Voici l’intégralité de cet entretien.
GABONEWS (GN) : Monsieur le député, vous venez d’être débouté de votre formation politique. Que vous reproche-t-on exactement ?
Alain Claude Bilié Bi Nzé (ACBBN): Je vous remercie pour l’intérêt que vous portez à la situation. Pour ce qu’on me reproche, ça aurait été intéressant de poser la question à la direction du parti. Mais si je m’en tiens à la décision portant exclusion, il est clairement indiqué qu’on me reproche d’avoir voté la confiance au gouvernement. Si tant est que c’est cela, le reproche, je suis quand même assez surpris parce que je n’ai pas été le seul député RPG à voter la confiance au gouvernement. Nous étions 5 et des 5, je suis le seul exclus. C’est une situation incompréhensible et je pense que c’est assez injuste et peut être que le parti vous donnera de plus amples explications.
GN: Avez vous été consulté avant d’en arriver – là à l’effet de tenter un quelconque conciliabule ?
ACBBN: Conciliabule veut dire qu’il y a déjà rupture et qu’on tente de colmater les brèches. En ce qui me concerne, il y a donc eu un conseil de discipline qui nous a entendu à l’effet de savoir ce qui a motivé le vote. Nous nous sommes exprimés, chacun pour dire un peu les raisons pour les quelles il a été emmené à voter la confiance.
Les raisons que j’ai évoqué en ce qui concerne sont au nombre de 4 :
1 – La première c’est que dans ce projet qui était présenté aux députés, en tant qu’élu de la commune de Makokou et de l’Ogooué – Ivindo, je me suis senti concerné par la décision de revoir la convention Bélinga. Vous vous souviendriez que j’avais mené toute une bataille pendant des semaines autour de cette convention et le gouvernement par ce fait donnait raison à tous ceux qui se sont battus autour de moi pour la révision de cette convention.
2 – La deuxième chose c’est que dans le propos du Premier ministre, il était question de faire la route Lalaha – Makokou. Je suis député de cette zone et pour aller à Makokou en saison de pluie, il faut parfois 48 heures. Et quand un gouvernement décide de le faire, il me semble que, même si on peut se dire attendons de voir, il est mieux d’abord d’accorder la confiance.
3 – La troisième raison c’est celle qui concerne l’exploitation forestière. Dans la zone de l’Ogooué – Ivindo, il y a beaucoup d’exploitation forestière. Mais, il y a une seule usine qui fait un peu de transformation. La décision de transformer au niveau local m’est apparue comme génératrice d’emplois et de revenus pour les populations.
4 – La quatrième raison enfin, ce sont les échangeurs qu’on va faire à Libreville. Pour mémoire, il faut quand même que les uns et les autres se souviennent que j’ai quand même été au gouvernement et qu’ayant été au gouvernement, j’ai été à l’initiative de pas mal de choses et qu’en cela, j’ai personnellement contribué à ce projet pour les échangeurs sur Libreville et il y a d’autres projets qui ont été annoncés par le Premier Ministre qui faisaient partie des projets pour lesquels j’ai travaillé au gouvernement. Je n’allais pas donc pouvoir me déjuger ! Voilà pourquoi j’ai voté la confiance.
Les autres ont décliné leurs raisons, mais toujours est-il qu’à l’issue de ça, c’est moi qui suis exclu du parti.
GN: Est-ce à dire que vous cessez d’être député à l’Assemblée Nationale ? Si un tel scénario venait à se produire, quel va être l’avenir immédiat du RPG au parlement ?
ACBBN: En ce qui me concerne, si je suis toujours député, oui. Car, je siège et je siègerais jusqu’à ce que une décision venant de la Cour constitutionnelle mette un terme et constate la vacance du siège, auquel cas selon la Constitution il va y avoir des partielles dans un délai de deux mois et je vous dis que dans ces conditions, je serai candidat aux partielles. Ça c’est clair, il y a donc pas débat à ce niveau.
Quel sera l’avenir du RPG au parlement ? J’estime que c’est une question qu’il faut poser au RPG et au président du groupe parlementaire, car je ne peux répondre à cette question.
GN: Seriez-vous tenté de rallier une autre formation politique, notamment la majorité présidentielle que vous avez appuyée à travers l’approbation de politique générale du Premier Ministre ?
Alain Claude Bilié Bi Nzé: La majorité n’est pas une formation politique, vous-voulez savoir si je suis prêt à rallier le Parti Démocratique Gabonais (PDG, au pouvoir) ? Non, la question ne se pose pas en ces termes-là, elle se pose plutôt en terme de cohérence politique et moi, je suis un député de la majorité. Le parti aujourd’hui a pris une option. Moi, je pensais qu’il fallait d’abord un débat interne au sein du parti à l’issue de l’élection présidentielle pour savoir ce que nous donnons au parti comme corpus idéologique; comment nous situons le parti; comment nous réformons le parti? Donc, ce débat, le parti refuse de l’ouvrir et les militants sont aujourd’hui désarçonnés, désabusés et ne savent même plus où se situer. Un matin, ils sont dans l’opposition, l’après-midi, ils sont au centre et le soir, ils sont dans la majorité. Ce qui de mon point de vue, fait parfois désordre.
Donc, je ne rallie aucun parti, je suis pour le moment député à l’Assemblée nationale, la loi prévoit qu’on peut être député non inscrit. Donc, tant que la Cour ne s’est pas prononcée, je suis désormais député non inscrit. Je ne fais plus partie du groupe parlementaire RPG et je ne rallie aucun parti.
GN: En quoi se résume désormais votre avenir politique ?
ACBBN: Vous savez que l’avenir appartient non seulement à Dieu, mais à ceux qui se lèvent tôt aussi. Donc, moi je suis un peu habitué aux coups durs. Je prendrais le temps de la réflexion avec les gens qui me soutiennent et nous verrons quel avenir. Il me semble que l’avenir d’Alain Claude Bilié Bi Zé n’est pas du tout compris ou lié forcement à l’évènement qui vient de se produire, il faut rester serein et je pense que le RPG, je l’ai déjà dit, a besoin de se réformer et le pays a besoin de réformes. Les gens qui ne le comprendront pas vont malheureusement connaître des problèmes et ça c’est clair.
Je vous remercie encore et je loue votre professionnalisme ainsi que celui du comité qui s’est instamment créé en ma faveur et, à ce sujet, je vous apprends que ce comité donnera un point de presse mercredi avant la conférence que je donnerais moi-même à la presse.