Les élus de Mounana (opposition) accusent un des sous-traitants de la Comuf (filiale du groupe Areva) d’avoir enfoui des déchets toxiques sur le site d’une ancienne mine d’uranium. Le gouvernement gabonais (actionnaire de la Comuf) a démenti ces accusations tout en annonçant « une mission d’experts scientifiques » sur le site.
Les élus de Mounana (sud-est du Gabon), ancien site d’uranium exploité par la Comuf, filiale du Français Areva, accusent un de ses sous-traitants d’avoir enfoui des déchets toxiques sur le site ce que démentent mardi les autorités et acteurs impliqués.
« Il y a des têtes de mort »
« Nous avons constaté que l’entreprise Geofor, qui est un sous-traitant de la Comuf, s’est débarrassé de produits toxiques (. . . ) dans une verse (décharge) de la Comuf », la Compagnie des mines d’uranium de Franceville, a affirmé mardi à l’AFP le premier adjoint au maire de Mounana, Rodrigue Bokoko.
« Comment savons-nous que ces produits sont toxiques? C’est simple: c’est écrit dessus et il y a des têtes de mort », a-t-il déclaré, assurant avoir fait procéder à des constats d’huissiers après la découverte des produits le 31 décembre.
Selon lui, le chargement provient du Centre international de recherche médicale de Franceville (CIRMF), qui a engagé la société Geofor pour se débarrasser de ses produits.
« Tout cela n’a pu se faire qu’avec l’aval de la Comuf: Geofor est un sous-traitant de Comuf et le site, sécurisé, appartient à la Comuf. Ce site ne peut normalement accueillir que des déchets de la Comuf », accuse encore M. Bokoko, qui a porté plainte contre X.
Accusation « impensables » selon le CIRMF
Dans un communiqué publié mardi, le gouvernement s’est dit « surpris » des accusations et a réfuté les allégations des élus. Selon Libreville, le CIRMF, mondialement réputé et financé par Total, l’Etat gabonais et la France, a voulu se « libérer de matériels encombrants et d’équipements usagés ».
« Le matériel divers a été normalement jeté dans la verse de la Comuf » par Geofor, « prestataire de service ponctuel », selon le communiqué, assurant que « les produits chimiques et réactifs périmés ont quant à eux été normalement conditionnés et envoyés » à Libreville où ils ont été « normalement détruits ».
Joint par l’AFP, le directeur du CIRMF, Jean-Paul Gonzalez a qualifié « d’impensable » l’accusation des élus. « Le CIRMF n’a jamais confié de produits toxiques à l’extérieur du site en 30 ans de présence à Franceville. On dispose d’un incinérateur, d’autoclaves et d’un four à stérilisation. On n’a jamais déversé ou confié quoique ce soit de toxique à l’extérieur du CIRMF ».
Une lutte politique ?
Certains des mis en cause ont anonymement accusé les élus d’un « montage » et d’avoir « eux-mêmes apporté les bidons ».
Dans son communiqué, le gouvernement a rassuré les populations, en promettant « une mission d’experts scientifiques » à Mounana, « en plus des enquêtes en cours ».
« Je déplore la réaction du gouvernement: il rassure la population et il envoie les experts. C’est le contraire qu’il fallait faire. Les populations peuvent crever », affirme M. Bokoko.
Pour plusieurs observateurs, il s’agit avant tout d’une « lutte politique ».
M. Bokoko est membre d’un des principaux partis d’opposition l’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD) de Zacharie Myboto, candidat malheureux à la présidentielle et père de Chantal Gondjout, maire de Mounana.
Mounana est une des rares villes du Haut-Ogooué, fief du président Ali Bongo Ondimba, qui n’a pas voté majoritairement pour le président élu. Une visite du CIRMF devrait être au programme du voyage du président français Nicolas Sarkozy, attendu au Gabon fin février.