Selon le dictionnaire «Larousse», un imposteur est une personne qui trompe par de fausses apparences ; qui se fait passer pour ce qu’elle n’est pas.
Avec «Réponse à une imposture» qui est le titre de l’ouvrage qu’il avait diligemment commis, fin 2005, pour « rétablir la vérité et sauver l’honneur du Gabon et de son peuple» à la suite de la publication, quelques mois plus tôt, par M. Zacharie Myboto, d’un livre (J’assume) truffé, à son avis, de «mensonges», de «propos fallacieux», voire «insultants» à son égard et «irrévérencieux» à l’endroit du chef de l’Etat, André Mba Obame entendait aussi, sans doute, montrer son attachement au «sens de la fidélité et de la gratitude » qui, mentionne-t-il à la fin de son bouquin, lui avait été inculqué dans sa prime enfance. . .
A l’évidence, il ne doit plus aujourd’hui rester grand-chose de ce noble et lointain enseignement frappé au coin du bon sens et de la sagesse. La politique ou, plutôt, ce que quelqu’un a très judicieusement appelé la «pourritique», a tout emporté. Dans ce domaine, c’est connu, le désir de grandeur vaut souvent licence et autorise tous les sacrilèges ; y compris les mariages contre-nature et les compromissions les plus inattendues.
On ne devrait plus alors rechigner à «assumer une imposture», si l’on ne peut faire autrement pour augmenter ses chances de voir se réaliser un jour le destin national dont on se croit porteur. . .
Augmenter ses chances d’accéder à la présidence de la République : tel est bel et bien l’objectif visé par André Mba Obame et chacun de ses compagnons d’infortune du 30 août dernier qui ont annoncé samedi, sous la forme d’affectations distributives décidées par la hiérarchie collégiale, leurs adhésions au sein des partis membres de la coalition politique regroupant plusieurs des candidats malheureux à l’élection présidentielle anticipée d’il y a près de six mois.
L’opération était attendue depuis que le collectif des battus de fin août avait réuni la presse le 30 décembre dernier, pour rendre publique une vague promesse de création d’un « grand parti politique national» d’opposition. Présentée comme la première étape d’un processus appelé à conduire, à terme, à l’avènement de ce nouveau mouvement à l’intérieur duquel vont se diluer les formations hôtes des entrants de samedi, ladite opération, à priori, donne à penser que, cette fois-ci, une réelle dynamique unitaire, seule propre à permettre l’émergence d’une alternative crédible au pouvoir, est en marche au sein de l’opposition gabonaise.
Mais, une fine analyse de la situation dans ce bord de l’échiquier politique national conduit à douter fortement de l’avènement, à plus ou moins brève échéance, de quelque changement majeur dans la vie politique au Gabon.
L’on est, en effet, fondé à estimer que la simple dissolution, dans un supposé grand ensemble, de micro-partis politiques matrimoniaux, même virtuellement requinqués par la venue dans leurs rangs de quelques personnalités essentiellement mues par l’intérêt qu’elles trouvent à agir sous la bannière d’une formation politique légalement constituée, n’est pas de nature à
changer fondamentalement la donne sur le terrain : au sein de ce « grand parti national », dont ils pourraient bien se servir comme d’un simple cache-sexe, les « éléphants » du microcosme gabonais s’attacheront chacun à conserver ses positions et son statut ; à cultiver sa différence et à nourrir ses ambitions gargantuesques. Pourquoi observeraient-ils ici une discipline de groupe qu’ils n’ont pu suivre au sein d’un parti politique auquel tous doivent tant ? . . .
De là à conclure que les ralliements actuels et les fusions projetées au sein d’une partie de l’opposition équivaudront, à terme, à jeter plusieurs caïmans dans un même étang, il n’y a qu’un pas. Que franchissent allégrement de très nombreux observateurs ; estimant qu’une telle cohabitation, au sein de laquelle on ne prône l’unité que quand elle se fait sur son nom, est tout simplement intenable.
(Par Jean-Baptiste ELLA ZUE)
