Les PME-PMI gabonaises souffrent depuis toujours d’un profond malaise qui les empêche de s’épanouir et de gagner en compétitivité. Absence des institutions financières appropriées, inaccessibilité au marché public, la longueur de délai de règlement des factures par l’Etat…, sont autant des difficultés auxquelles sont confrontées ces entreprises. Le Premier ministre, Paul Biyoghé Mba, a suggéré aux banques locales de voler à leur secours, notamment celles du secteur du BTP. En l’absence d’une vraie politique de financement des entreprises, cette solution n’aura qu’un effet limité.
Le chef du gouvernement, Paul Biyoghé Mba, a récemment réuni les représentants des chefs d’entreprises du secteur de bâtiment et des travaux publics (BTP) et ceux des banques présentes sur le marché gabonais. L’objectif de cette réunion tripartite étant d’évaluer l’ampleur des difficultés qui entravent le fonctionnement des entreprises de ce secteur et voir comment les banques locales pouvaient les financer.
Les difficultés auxquelles font face les PME-PMI du BTP tiennent en gros à trois difficultés majeures que sont la rareté de financements, l’inaccessibilité aux marchés publics et le retard de paiement de leurs facteurs par l’Etat.
Les chefs d’entreprises du BTP ont signifié au Premier ministre que la rareté de financement est due à la quasi absence des institutions financières car, en dehors de la Banque gabonaise de développement (BGD), le Gabon ne dispose pas d’institutions financières fiables pour prendre en charge le développement et l’expansion des PME-PMI. Les institutions telles que le Fonds d’aide et de garantie (FAGA), le Fonds de développement et d’expansion des PME-PMI (FODEX) et Promo Gabon, crées dans le but de promouvoir les entreprises ne sont pas à la hauteur de cette tâche.
Ils ont également dénoncé les difficultés qu’elles rencontrent pour accéder au marché de l’Etat, accusant ce dernier de préférer travailler avec les grosses entreprises «étrangères», repoussant ainsi à la marge les entreprises locales. Or, ce marché qui représente des centaines de milliards de francs CFA chaque année, est un formidable levier pour le développement de celles-ci et partant, pour l’élargissement du tissu entrepreneurial gabonais.
Enfin, les retards de paiements de factures des entreprises par l’Etat est l’une des causes principales de la forte mortalité des PME gabonaises notamment celles de ce secteur aux coûts exorbitants. Le délai officiel du règlement d’une facture est de 120 jours, mais il arrive souvent que ce délai soit multiplié par deux soit 240 jours, quand ces factures ne finissent pas dans la gibecière de la dette intérieure. Une situation intenable pour celles des entreprises qui n’ont pas un fonds de roulement conséquents.
Conscient de ces difficultés, Biyoghé Mba qui a longtemps été ministre des PME-PMI, puis ministre du Commerce et Développement Industriel, a associé les banques de la place à cette rencontre pour voir dans quelle mesure celles-ci pouvaient participer aux financements des investissements des ces entreprises appelées à donner les premiers coups de pioche des infrastructures du «Gabon émergent».
Si les banques ont accepté d’accompagner les entreprises, elles ont néanmoins demandé au gouvernement de régulariser le paiement des factures des entreprises pour leur permettre de faire face à leurs obligations vis-à-vis des banques.
Toutefois, il est certain que ce n’est pas de ces banques que viendra le salut des PMI-PMI gabonaises. Il faut des vraies institutions financières chargées essentiellement de financer les entreprises à chacune des phases de leur croissance. Si l’Etat tient vraiment à développer les PME-PME gabonaises, il pourrait par exemple leur réserver un quota du marché public afin de leur assurer, pendant une période donnée, une solvabilité qui leur permettra de mieux se développer et gagner en compétitivité.