Dix-huit personnes ont été blessées jeudi dans des affrontements à l’université Omar Bongo (UOB) de Libreville entre forces de l’ordre et étudiants qui réclament le paiement de leurs bourses.
« Nous avons traité 18 blessés. Aucun pronostic vital n’est engagé. Il s’agit pour certains de plaies superficielles et pour d’autres de blessures punctiformes (en forme de pointe) assez profondes. Ca a l’air d’être dû à des éclats », a déclaré à l’AFP le docteur Jean-Jacques Allogo, chef du service traumatologie des urgences au centre hospitalier de Libreville (CHL).
Pierres contre gaz lacrymogènes
Des restes de dizaines de grenades lacrymogènes, mais aussi d’innombrables pierres et mottes de terre jonchaient le sol jeudi après-midi à l’entrée du campus, a constaté un journaliste de l’AFP en fin d’après-midi.
Les étudiants réclament depuis plusieurs semaines le versement de leurs bourses, un problème récurrent au Gabon.
Normalement, en décembre, ils reçoivent un « trousseau scolaire » de 288. 000 F CFA (440 euros), surnommé le « gros lot », puis ils reçoivent tous les 10 du mois 66. 500 F CFA (100 euros). Certains n’ont reçu aucune des ces trois bourses, d’autres le « gros lot », mais pas la bourse du mois de janvier et aucun n’a reçu la bourse pour février, qui était payable jeudi, selon les étudiants.
« Nous n’avons toujours pas été payés »
Vendredi, un « mouvement d’humeur est né vers 13 heures quand on a constaté qu’on avait toujours pas été payés », a affirmé un étudiant, s’exprimant comme ses camarades sous couvert de l’anonymat par peur de « représailles policières, mais aussi d’être expulsé de l’université ou de mauvaises notes aux examens ».
« On est sous les tropiques ici. On vit vraiment avec la bourse. Nos parents n’ont pas les moyens de nous nourrir », a précisé un jeune de 24 ans.
« On a bloqué le portail d’accès à l’université. Aussitôt les gendarmes sont arrivés et alors que tout se passait pacifiquement, ils ont donné l’assaut, tirant des lacrymos partout, à la porte mais aussi à l’intérieur du campus », a raconté un autre étudiant sur les lieux.
« Nous avons répondu en lançant des cailloux et des pierres ramassés ici et là. Ce sont nos armes à nous », a dit un autre.
Sur l’avenue Leon Mba qui donne accès à l’université, des restes de pneus et de poubelles brûlées étaient visibles, de même que sur le boulevard Triomphal, non loin de là, et où se situent de nombreux ministères, l’Assemblée nationale, le Sénat, la mairie, et plusieurs ambassades.
Dans un communiqué lu à lé télévision nationale en soirée, le gouvernement affirme que les étudiants ont « interdit l’accès à l’université « en même temps qu’ils ont erigé des barricades ». « La force publique s’est heurtée à l’hostilité et la résistance (. . . ) des étudiants. Ces mouvements anti-republicains ont conduit les forces de securité à disperser les étudiants ».
Le gouvernement nie tout impayé des bourses : « les allocations de bourses sont disponibles à travers tous les réseaux du Trésor de Libreville. Chaque étudiant en possession d’une carte peut entrer en possession de son allocation ».