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Gabon: Un dangereux engrenage

Par définition, le parti politique regroupe, sans considération de l’origine, du sexe, de la race, de la croyance religieuse ni du rang social, des hommes et des femmes que seules rapproche la communauté d’opinions ou d’intérêts. Il a fondamentalement vocation à conquérir (ou à conserver) le pouvoir ; par des moyens légaux.

L’Etat de droit, qui est lui-même consubstantiellement lié à la démocratie pluraliste, doit pouvoir garantir la participation de tous les citoyens à la libre expression du suffrage universel ; lequel mérite d’être perçu comme la forme la plus achevée de la manifestation de la souveraineté nationale.

Garant, à la fois, de la jouissance effective des libertés publiques et de la sauvegarde des fondements de la vie en communauté, l’Etat de droit doit, pour jouer convenablement son rôle de régulation sociale, se montrer ni laxiste, ni zélé dans aucun sens.

C’est à cette fin qu’au Gabon, comme ailleurs dans toutes les autres démocraties de même type, le législateur, conscient de ce que « trop de liberté tue la liberté », avait soigneusement entrepris d’encadrer, par d’assez rigoureux textes de lois et de règlements additifs, les principales dispositions constitutionnelles relatives aux droits civils et politiques reconnus aux citoyens.

La loi sur les partis politiques compte au nombre de ces textes qui avaient vocation à empêcher qu’au fil du temps, la pratique en la matière ne dévoie l’esprit de la Constitution, en ouvrant subrepticement la voie à toutes sortes de « dérapages » propres, sur la durée, à mettre gravement en péril l’indivisibilité de la République et la cohésion nationale. L’on croyait avoir ainsi formellement barré la route aux regroupements qui s’effectueraient sur la base de quelle que appartenance sectaire que ce soit (linguistique, tribale, ethnique, régionale)…

Mais, après avoir observé, à l’occasion de l’élection présidentielle anticipée du 30 août dernier, que les « démons de la division », que tout le monde, dans ce pays, disait morts de leur belle mort depuis longtemps, avaient miraculeusement refait surface, sous la forme d’un repli identitaire destiné à conduire à un vote mécanique qui n’a pu cependant fonctionner, l’on note aujourd’hui, qu’en lieu et place de la réelle recomposition idéologique que le microcosme politique national aurait dû connaître au lendemain d’un scrutin très serré, on assiste plutôt à une reconfiguration politicienne tendant à consacrer le « saucissonnage » du Gabon à vif.

Une entreprise lugubre que de bien malins « charcutiers » ont, pour l’instant, limitée à la constitution de deux grands axes couvrant respectivement la région Sud-Centre-Littoral, pour l’alliance dirigée par Pierre Mamboundou, et l’essentiel du « pays » Fang, pour la faction de l’opposition qui vient de se regrouper autour d’André Mba Obame…

Malgré les trésors d’ingéniosité que les uns et les autres déploient pour sauver les apparences et masquer la réalité de cette balkanisation programmée du territoire national, les démocrates de tous bords doivent pouvoir dénoncer, avec la dernière énergie, ce dangereux engrenage qui procède d’une atteinte grave à la cohésion de la Nation et qui, à ce titre, porte des germes propres à précipiter la démocratie gabonaise et le Gabon lui-même dans le chaos.

Par Jean Baptiste ELLA ZUE

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