Depuis son élection, Nicolas Sarkozy s’est déjà rendu deux fois au Gabon. Mercredi, le président effectuera sa troisième visite dans le pays. Une rencontre présentée comme amicale qui masque, pour la France, de hautes ambitions stratégiques et militaires dans le pays. C’est au Gabon que la France conservera son unique base militaire sur la façade atlantique du continent africain.
Encore une visite chez Bongo. Sarkozy n’envisage pas un voyage en Afrique sans un petit détour par le Gabon. Depuis son élection, c’est déjà la troisième fois que le président français se rend à Libreville.
Comme le rappelle La Lettre du Continent, la France n’a pourtant « que peu d’intérêts au Gabon. Le pays n’est que son 74ème partenaire commercial (900 millions € d’échanges en 2008) et ne se situe qu’au 9ème rang des investissements français en Afrique subsaharienne ».
Peu de relations commerciales, mais des intérêts tout de même -Total Gabon est le premier opérateur pétrolier du pays, Areva y prospecte de l’uranium, Bolloré s’intéresse aux activités portuaires etc. – et voués à devenir de plus en plus stratégiques. Le président français arrivera mercredi à Franceville où il doit se rendre sur la tombe du président Omar Bongo pour y déposer une gerbe.
Sur place, on se prépare déjà à la visite de Nicolas Sarkozy et des affiches « Amitié franco-gabonaise » à l’effigie des présidents gabonais (Ali Bongo) et français ont été apposées aujourd’hui à Libreville. « Sur la route du bord de mer, des ouvriers travaillaient à repeindre en blanc des murs et des palissades défraîchies » a constaté un journaliste de l’AFP.
La Françafrique a de beaux joours devant elle
Pourquoi tant de sollicitude ? La réponse est tombée la semaine dernière. Paris a décidé –un peu poussé vers la sortie par le président Wade…- de fermer sa base militaire de Dakar et retirer ses unités militaires du Sénégal. La France ne conservera ainsi qu’une seule base permanente sur la façade atlantique du continent africain. Au Gabon justement. L’annonce officielle devrait en être faite mercredi à Libreville par le président Français. En rendant visite à Ali Bongo, Nicolas Sarkozy affirme ainsi l’intérêt stratégique que revêt le Gabon pour la France.
Mais une présence militaire, cela se négocie. Ainsi, d’après La lettre du Continent, l’Elysée « a concocté un plan d’actions pour un partenariat stratégique régulier » : politique, diplomatique « spécialement en 2010-2011, le Gabon étant membre du conseil de sécurité de l’ONU »; de défense avec « appui aux forces armées gabonaises dans un cadre régional » ; « formation de la police et de la gendarmerie dans la perspective de la Coupe d’Afrique des Nations 2012 » ; « bonne gouvernance avec la réforme de l’administration » ; des annulations de dettes « reconverties pour la préservation de la forêt » ; des aides au développement comme s’il en pleuvait dans les domaines des infrastructures (routes,ports, aéroports, TIC, eau et électricité). Et à terme un « Conseil des Investisseurs français au Gabon ».
De nouveaux accords de coopérations politiques, économiques, diplomatiques et militaires. Autant de réseaux parallèles, à coup sûr. Les temps ont changé, certes. Tout ça fleure quand même bon l’Afrique à Papa. Sarkozy avait promis la rupture avec les pratiques d’antan. La Françafrique a encore de beaux jours devant elle.
3A Télésud, la Voix de la Françafrique ?
La lettre du Continent rapporte une anecdote croustillante dans le domaine des médias africains. Ainsi, on y apprend, que « La chaîne panafricaine 3A Télésud s’apprête à subir un nouveau lifting financier et, sans doute, un nouveau casting d’actionnaires ». Rien que de très normal jusqu’ici pour une télévision créée en 1998, qui n’est jamais véritablement parvenue à stabiliser son actionnariat. Entre autres détails on apprend que dans ce nouveau pacte d’actionnaires, se trouvent l’avocate Danièle Palazzo, une proche du pouvoir gabonais qui s’avère être la nièce de…Roland Dumas, lui-même ami de longue date de feu Omar Bongo. Devraient également faire leur apparition l’ancien patron du PSG, et ex-directeur des sports de TF1 Charles Villeneuve, et Michel Roussin, ancien conseiller, directeur de cabinet de Jacques Chirac, et ancien « Mr Afrique » du Groupe Bolloré. A la mort Omar Bongo, il avait expliqué que ce dernier était « le sage de l’Afrique ». Pas moins.