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Gabon: Paris promet la transparence des accords de défense

En signant avec le Gabon, mercredi 24 février, un nouvel accord de défense, la France avance dans la redéfinition de sa coopération militaire avec l’Afrique, telle que l’avait définie Nicolas Sarkozy, en février 2008, au Cap, en Afrique du Sud. Deux accords ont déjà été renouvelés : avec le Togo (le 12 mars 2009) et le Cameroun (le 21 mai). Les discussions ont été finalisées le 19 février 2010 avec le Sénégal. Restent les Comores, la République centrafricaine, Djibouti et la Côte d’Ivoire.

Le président français a promis mercredi « une totale transparence » : « Comme tous les accords conclus par la France dans ce domaine, celui-ci sera publié, a-t-il indiqué. Ils seront déposés sur les bureaux de nos Parlements. Il n’y aura pas de clause secrète. » Les accords avec le Togo et le Cameroun seront transmis au Parlement d’ici un mois, promet-on à la défense, à Paris. Ils prévoient notamment une coopération en matière d’instruction (parachutistes, unités de maintien de la paix).

Jusqu’où ira cette rupture avec le passé ? « Tous les accords nous seront communiqués, il y a un engagement ferme », assure Josselin de Rohan (UMP), le président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat. Qui ajoute : « Des clauses secrètes, il y en aura peut-être, mais elles ne sont plus à la mode. Le Niger (théâtre d’un coup d’Etat le 18 février) nous démontre qu’il faut veiller à ne pas être impliqués dans le sauvetage de personnages douteux. »

« Négociation difficile »

Mais la commission de la défense de l’Assemblée nationale fait remarquer que la loi ne prévoit qu’une « information du Parlement sur la conclusion et les orientations » des accords. « Ce fut déjà une négociation extrêmement difficile, le gouvernement n’a jamais voulu aller plus loin », ajoute le député socialiste Bernard Cazeneuve. Les modalités de cette information ne sont pas calées. Elle pourrait se résumer à un coup de téléphone entre le ministre et le président de la commission de la défense. Et nul délai ne s’impose au gouvernement.

Au Cap, un autre changement majeur avait été énoncé : les clauses qui avaient prévu, dans les années 1960, l’intervention de la France pour maintenir l’ordre intérieur (en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Togo) seront supprimées. Le nouvel objectif fixé est celui du « partenariat ». Il s’agit d’aider l’Afrique à bâtir son dispositif de sécurité collective. Le Livre blanc de la défense, en 2008, a placé le continent « au premier rang » d’une stratégie de « prévention » des menaces – trafics, terrorisme, rupture des approvisionnements en matières premières…

Dans ce cadre, la France réduit la taille de ses implantations permanentes, considérant qu’elle a besoin de points d’appui à partir desquels elle pourrait se redéployer rapidement. De 30 000 hommes déployés en Afrique au début des années 1960, les effectifs sont déjà passés à 10 000, pour la participation aux opérations de l’ONU ou de l’Union européenne, et les forces de présence permanente. Ceux-ci vont encore diminuer.

La base de Dakar, rebaptisée « plateforme » de coopération pour des raisons diplomatiques, verra ses effectifs passer de 1 200 à 400 hommes. La France conserve ses escales (aérienne, maritime) qui lui permettront, en cas de besoin, de remonter aussitôt en puissance. Djibouti (2 800 hommes), qui devrait perdre quelques effectifs, a désormais son prolongement stratégique vers la péninsule Arabique avec la nouvelle base d’Abou Dhabi. A Libreville (900 militaires), il s’agit de conserver le « coup de poing » pour secourir des ressortissants ou intervenir dans la région.

Nathalie Guibert

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