Lors d’un entretien obtenu avec le président français, Nicolas Sarkozy mercredi à Libreville, les responsables de huit partis politiques de l’opposition, lui ont remis un mémorandum en vue de susciter son soutien à notre démocratie.
Est-ce une distraction de plus ? Tout est-il que huit partis de l’opposition on rencontré le président français, Nicolas Sarkozy, lors de son séjour dans notre pays, à l’effet de l’exhorter à soutenir, selon eux, sincèrement, l’émergence d’une démocratie effective dans notre pays.
Qui sont donc ces opposants qui ont décidé d’aller rencontrer le chef de l’Etat français ? Il s’agit d’Alexandre Ndaot Riloghé (PDS), d’Augustin Moussavou King (PSG), de Louis Gaston Mayila (UNPR), de Pierre André Kombila (RNB), de Benoît Mouity Nzamba (PGP), de Léon Mbou Yembi (FAR), de Jules Aristide Bourdès Ogouliguendé (CDJ), d’Henri Séné Ingueza (CDJ), de Pierre Claver Zeng Ebome, d’André Mba Obame, de Casimir Oyé Mba, de Jean Eyéghé Ndong et de Zacharie Myboto.
Les quatre derniers sont tous membres fondateurs de l’Union nationale, dernier né des partis politiques militant dans l’opposition. Que réclament exactement ces opposants ayant sollicité l’implication et l’ingérence de notre ancienne puissance coloniale dans nos affaires intérieures ? Les auteurs du mémorandum ont classé leurs revendications en deux catégories.
Premier aspect, intitulé la transparence électorale, met en exergue le recentrage des compétences de la cour constitutionnelle en matière électorale, le retour au scrutin à deux tours pour les élections uninominales, la mise à plat du fichier électorale, l’introduction de la biométrie dans le fichier électoral et la réforme de la commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP).
Le deuxième aspect concerne les libertés publiques. A ce propos, ils ont évoqué le statut des dirigeants des syndicats et des partis politiques, l’accès égal des partis politiques aux médias publics, l’autorisation et l’encadrement des meetings et autres marches des partis politiques, des syndicats et des citoyens organisés ; la libre organisation des partis politiques dans le strict respect des dispositions de la loi 24/96 y relative.
Ils ont réclamé la légalisation sans délai de l’Union nationale et la non remise en cause des mandats des élus des partis politiques ayant fusionné ; l’encadrement du contrôle des communications (téléphone, SMS et Internet) ; la libre expression des médias privés.
Particulièrement la couverture nationale de TV+ qui, affirment-ils, est rendue impossible depuis le 3 septembre 2009 à cause de l’occupation par les militaires, des équipements de retransmission de la chaîne ; la protection de la liberté d’opinion des agents publics dans le respect de leurs obligations de réserve dont beaucoup ont fait l’objet de véritable chasse aux sorcières au sortir de l’élection présidentielle du 30 août 2009.
Un texte qui suscite commentaires et analyses, que partage d’ailleurs un des membres influents de l’opposition ayant pris part à la rencontre. Il s’agit du président du Parti socialiste gabonais (PSG), Augustin Moussavou King. Pour lui, le document soumis par eux à Nicolas Sarkozy est mal ficelé et contient de graves carences. Selon lui, en effet, le mémorandum aurait dû comporter deux colonnes, une où figurent toutes les revendications, et l’autre où sont énumérées toutes les propositions de l’opposition.
Or, le texte de ceux qui, aujourd’hui, se présentent comme les ténors de l’opposition, à savoir les présidents Zacharie Myboto, Pierre André Kombila Koumba, Louis Gaston Mayila, les Vices-présidents Jean Eyéghé Ndong et Pierre Claver Zeng Ebome, et le secrétaire exécutif de l’Union nationale, André Mba Obame, ne fait qu’égrener un chapelet de revendications déjà connues de tous.
Après la lecture dudit mémorandum, on a frôlé le pire mercredi dernier lors de cette rencontre. Le président Myboto, parlant au nom de l’opposition, a évoqué des lieux communs. Il a affirmé que c’est à cause de la France que l’aspiration profonde des populations gabonaises au changement ne s’est pas traduite lors du scrutin présidentiel anticipé. Dans leur document remis ensuite au président Nicolas Sarkozy, le président Zacharie Myboto et les siens n’ont pas fait dans la dentelle.
Ils ont publiquement accusé le chef de l’Etat français, auteur d’une ingérence extérieure, qui aurait favorisé l’élection d’Ali Bongo Ondimba à la magistrature suprême. Le porte-voix de l’opposition, qui a réitéré les mêmes attaques lors de la rencontre avec le président Sarkozy, a suscité la colère de ce dernier. On a frisé l’incident diplomatique. Suite à ces propos, le numéro un français a exigé, séance tenante, le retrait des propos du président Myboto, qualifiés d’injurieux.
La tension était montée d’un cran et, à cet instant, la rencontre a failli finalement tourner court. N’eurent été les explications données sur fond de regrets et d’excuses par certains de ses camarades, Nicolas Sarkozy aurait envoyé ‘’paître ses interlocuteurs du jour’’, nous a encore confié Moussavou King. En somme, Zacharie Myboto a voulu ressasser la vieille litanie de l’opposition, qui veut faire croire aux Gabonaises et aux Gabonais, que la France a joué un rôle particulier dans l’élection d’Ali Bongo Ondimba. ‘’Je n’accepte pas de me faire insulter’’, aurait lancé le chef de l’Etat français à l’endroit du président Myboto.
Cette conviction, selon le porte-voix des opposants, s’appuie sur l’attitude des médias publics français qui, après le décès du président Omar Bongo Ondimba, présentaient son fils comme son successeur possible. De même, l’opposition a mis sur le dos des autorités françaises, les déclarations de certaines personnalités politiques, à la limite, marginales, qui ont voulu faire croire que la France avait fait le choix d’Ali Bongo Ondimba, pour succéder au président défunt.
En réalité, les adversaires de l’actuel chef de l’Etat qui se disent avoir la science infuse, sont à court d’arguments. Comment comprendre que certains d’entre eux, autrefois membres influents du PDG, ont refusé de se soumettre à la discipline du parti qui leur a tout donné ? Militants de premier plan, André Mba Obame, Jean Eyéghé Ndong, Casimir Oyé Mba et Paulette Missambo, pour ne citer que ceux-là, ont refusé d’accepter le choix des militants qui ont jeté leur dévolu sur le vice-président du PDG, Ali Bongo Ondimba, comme leur candidat au scrutin présidentiel anticipé du 30 août dernier.
Or, les opposants ont vite fait d’oublier le discours tenu, quelques heures plus tôt, à la cité de la Démocratie par le chef de l’Etat français. Nicolas Sarkozy avait souligné que notre pays avait fait preuve de maturité en confirmant son ancrage à la démocratie, après cette élection présidentielle. Comme le président français, tout le monde reconnaît que cette élection qui a donné lieu à des débats animés, a aussi engendré frustrations et contestations. Qu’à cela ne tienne, notre pays a franchi cette étape, ce qui lui a valu l’estime de toute la communauté internationale. Tout ceci est, de l’avis de bon nombre d’observateurs et analystes politiques, le résultat de notre maturité politique et de la solidité de nos institutions bâtie avec patience et détermination depuis 50 ans par tous les prédécesseurs de l’actuel chef de l’Etat.
Les opposants ont oublié que la France a décidé de mettre fin au pré-carré, et qu’elle veut maintenant refonder une relation privilégiée. Cette refondation est nécessaire et elle doit être l’aiguillon des nouveaux rapports que la France veut maintenant établir avec ses anciennes colonies d’Afrique noire.
Alors que notre ancienne puissance coloniale propose une relation ‘’gagnant gagnant’’, les ‘’huit grands opposants’’ qui ont rencontré Nicolas Sarkozy, rament décidément à contre courant puisque les problèmes posés par eux au chef de l’Etat français, entrent dans le cadre d’un débat gabono-gabonais, qu’ils ont la latitude de poser au président Ali Bongo Ondimba, par les voies appropriées. A ce niveau, ils ne parlent plus d’ingérence. Il y a pour eux, une bonne et une mauvaise ingérence. Nous n’avons pas à rougir, nous sommes mûrs pour régler nos problèmes.
Les fondations de la ‘’Maison Gabon’’, comme l’a réaffirmé le chef de l’Etat français, sont donc solides et elles sont suffisantes pour aborder avec confiance les importants défis auxquels notre pays doit faire face. A savoir, la diversification de l’économie, le renforcement de la démocratie, l’emploi, la refondation de l’Etat. Toute démarche conduite en dehors de ce cadre précis ne constitue qu’une ‘’distraction’’ de plus du peuple gabonais par les opposants.