Sous la pression de Dakar, Paris a annoncé une réduction considérable de sa présence militaire au Sénégal. Une décision politique dont les conséquences économiques inquiètent au plus haut point le personnel sénégalais employé par l’administration française.
C’est à Libreville que le président français l’a confirmé, le 24 février. La France ne conservera que 300 soldats au Sénégal, contre 1 200 actuellement. Une décision politique dont les modalités ne sont pas encore connues mais qui inquiète les 400 employés du « Personnel de recrutement local » (PRL) répartis sur les trois sites des Forces françaises du Cap-Vert (FFCV) à Dakar (23e Bataillon d’infanterie marine « Bima » de Bel Air, Base aérienne 160 de Ouakam et Unité marine).
« Nous demandons la prise en compte de la dimension sociale dans les négociations entre la France et le Sénégal », déclarait Ndiouga Wade, secrétaire général du Syndicat national des armées, des services de sécurité public privé et assimilés (Synpas), au lendemain du discours de Nicolas Sarkozy. Avec des salaires mensuels moyens de 700 euros et de nombreux avantages sociaux, les PRL sont mieux lotis que la majorité des Sénégalais. A tel point que selon Ndiouga Wade – qui est également comptable de la Marine française depuis 28 ans -, beaucoup empruntent pour acquérir des logements dans une cité en construction à Mbao (18 kilomètres de Dakar).
3 000 emplois menacés
« En plus, de nombreux jeunes, ayant parfois moins de trente ans, sont employés par les FFCV qui leur offrent un plan de carrière. Il y a vraiment de quoi s’inquiéter », ajoute le syndicaliste, qui précise que ce sont près de 3 000 emplois qui sont en réalité menacés. Sur les 1 200 militaires postés au Sénégal, 500 y vivent avec leur famille et emploient ménagères, cuisiniers, chauffeurs, jardiniers…
Le retrait des FFCV aura en outre des conséquences sur une centaine d’entreprises entretenant des relations commerciales avec l’armée française. L’impact financier du retrait français serait de l’ordre de 25 à 30 millions d’euros de manque à gagner pour les Sénégalais. Selon le Synpas, la question de la souveraineté avancée par l’État du Sénégal pour expliquer la nouvelle donne est donc un « faux problème quand on le compare aux avantages à tirer de la présence française au Sénégal ». Reste que le départ des Français fera bien des heureux : les 40 ha du cantonnement de Bel-Air, situé juste en face de l’île de Gorée, attire depuis longtemps les convoitises des promoteurs immobiliers…