La femme du président rwandais assassiné le premier jour du génocide en 1994, Agathe Habyarimana, a été arrêtée en France. Le Rwanda a émis un mandat d’arrêt international contre elle et souhaite son extradition pour la juger pour son implication présumée dans la planification du génocide.
La veuve de Juvénal Habyarimana, l’ancien président rwandais assassiné en avril 1994, vient d’être intepellée mardi 2 février dans l’Essonne. La demande d’arrestation émananait des autorités rwandaises, qui l’accusent d’être impliquée dans la planification du génocide rwandais de 1994. Agathe Kanziga, veuve Habyarimana, a été interpellée dans la matinée, peu avant 8h00. Kigali avait émis un mandat d’arrêt international à son encontre, selon des sources proches du dossier. Kigali réclame son extradition pour qu’elle soit jugée au Rwanda.
Cet événement intervient cinq jours à peine après la visite de Nicolas Sarkozy au Rwanda. Qualifiée d’historique par les observateurs, puisqu’aucun président français ne s’était rendu sur place depuis le génocide, la rencontre entre Paul Kagame et le chef de l’Etat français a scellé la réconciliation entre les deux pays, après trois ans de brouille diplomatique.
Membre de l’akazu
Evacuée dès les premiers jours du génocide vers la France par des militaires français, puis installée en France à partir de 1998, Agathe Habyarimana est souvent présentée comme membre de l' »akazu », le premier cercle du pouvoir qui a fomenté le génocide, ce qu’elle a toujours nié. L’attentat contre l’avion transportant son époux le 6 avril 1994 est considéré comme le signal déclencheur du génocide, qui fit environ 800.000 morts, essentiellement des membres de l’ethnie tutsie selon le bilan de l’ONU. Selon un rapport d’enquête rwandais publié en janvier, le président aurait été assassiné par des membres de sa propres ethnie -des Hutus. Cette hypothèse contredit la théorie à laquelle croit fermement le juge français Jean-Louis Bruguière, qui a délivré des mandats d’arrêt contre neuf hauts responsables rwandais soupçonnés d’être impliqués dans cet attentat. Selon lui, les auteurs de l’attentat sont des membres du Front patriotique rwandais (FPR, actuellement au pouvoir).
Si la justice française a autorisé l’extradition de plusieurs Rwandais soupçonnés d’être impliqués dans le génocide vers le Tribunal pénal international (TPIR) d’Arusha, elle s’est en revanche opposé à trois reprises à des extraditions vers Kigali, jugeant que la justice rwandaise n’était pas à même de garantir un « procès équitable » et l’accès à une justice indépendante. La demande d’asile d’Agathe Habyarimana a été définitivement rejetée par le Conseil d’Etat français en octobre dernier. En effet, elle fait également l’objet d’une enquête à Paris à la suite d’une plainte la visant notamment pour complicité de génocide. Pourtant, la veuve de l’ancien président n’a pas encore été entendue à ce stade par les juges d’instruction chargées du dossier. (avec AFP)